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Par Martine Lemoine

Epreuve de Maths, section ES : Alerte sujet pour cause d’erreur ;

Epreuve de Sciences Sanitaires et Sociales, bac SMS : même alerte ;

Epreuve d’histoire-géographie, bac ES et L : Alerte sujet ;

Epreuve de Maths, bac STG : idem …

Et épreuve de comptabilité, épreuve de philosophie, …

Liste non exhaustive que je vous laisse compléter.

Pourquoi tant d’alertes ?.

Une tentative d’analyse.

1. Il n’y a peut-être pas plus d’erreur dans les sujets aujourd’hui qu’hier, mais ….

Hypothèses :

a. Les enseignants seraient plus exigeants sur la qualité des sujets : on peut penser que c’est bien mais il n’est pas certain que la principale raison soit celle-là. Et cela a un prix, qu’il faudra comparer au bénéfice de cette exigence de qualité : déranger les candidats en pleine activité intellectuelle.

b. Hier, les élèves parvenaient à dépasser ces erreurs mais aujourd’hui, ils ne seraient plus capables de les surmonter : cela devrait alors nous questionner sur la formation que nous donnons aux élèves et sur leur capacité à gérer une situation réelle, forcément non modélisable, nécessitant des capacités d’adaptation. Qu’une telle évolution soit perceptible dans plusieurs disciplines serait surprenant, sauf à voir là l’expression d’un problème qui dépasserait l’enseignement et devrait questionner l’ensemble de la société. Mais cette hypothèse supposerait que les erreurs repérées soient toutes de l’ordre du détail : ce qui n’est pas le cas pour tous les sujets.

2. Mais il y a peut-être, et je le crois, plus d’erreurs dans les sujets aujourd’hui qu’hier. Comment l’expliquer ?

a. Les enseignants ne seraient plus capables de créer des sujets avec la rigueur nécessaire … Si cette hypothèse est vraie, alors ce manque de rigueur s’exprime nécessairement dans d’autres domaines. Il y aurait alors urgence à revoir nos procédures de recrutement et la formation des enseignants … Mais les erreurs repérées dans les sujets que l’on a pu voir sont parfois de l’ordre du détail, ou de la formule mal retranscrite, du document incomplet.

b. Les sujets seraient de plus en plus compliqués au point que la maîtrise de leur conception échapperait aux groupes concepteurs. Peut-on vérifier cette hypothèse pour toutes les matières, pour tous les sujets incriminés ? Je ne le crois pas: parmi les sujets en cause, certains étaient sans surprise. Et si, à en faire une analyse exhaustive, c’était bien le cas, il faudrait se demander si cette sophistication permet réellement d’évaluer les candidats mieux que des épreuves plus classiques…

c. Les groupes concepteurs de sujets n’auraient pas les moyens de travailler correctement : la procédure d’élaboration des sujets serait mise en difficulté par le manque de moyens : numérisation, transcription, relecture, vérification, … en effet, toutes ces tâches demandent du temps, des professionnels compétents et suffisamment stables pour connaître les enjeux et les procédures, et des responsables disponibles.

Un départ à la retraite non remplacé sur deux ? Moins de fonctionnaires, plus de vacataires ? Une charge de travail augmentée, de moins en moins gérable, des risques d’erreurs accrus qui ne font qu’augmenter la charge de travail, … et une administration en souffrance qui ne parvient plus à répondre à ses exigences de qualité.