Print Friendly, PDF & Email

Par Françoise Solliec

« Etre diplômé de l’enseignement supérieur, un atout pour entrer dans la vie active » titre la publication Bref n° 253 de juin 2008 du centre d’études et de recherches sur les qualifications, CEREQ. L’étude menée sur les jeunes issus de l’enseignement supérieur en 2004 montre bien qu’un diplôme de l’enseignement supérieur reste « payant » en termes d’emploi et de salaire.

Trois ans après leur sortie de l’enseignement superieur, où en sont les jeunes de « Génération 2004 » ?

Michel Quéré, directeur du CEREQ et Christian Forestier, président du conseil d’adminstration, présentaient ce 19 juin à la presse les premiers résultats détaillés des interrogations réalisées en 2007 auprès des jeunes composant la partie enseignement supérieur de la population Génération 2004. Génération 2004 est composée des 737 000 jeunes sortis du système éducatif français entre octobre 2003 et septembre 2004, quel que soit leur niveau de diplôme. En janvier 2008, la publication Bref n° 248 donnait un premier ensemble de résultats concernant leurs situations en 2007. La population enseignement supérieur, qui fait l’objet de la publication de juin, s’élève à 365 000 jeunes, soit une moitié de la population globale. Ce taux, stable depuis plus de dix ans, refléte la stagnation en nombre de bacheliers et montre, selon Christian Forestier, « que l’objectif de 50% de diplômés de l’enseignement supérieur inscrit dans la loi de 2005 n’est pas hors de portée ».

La population de génération 2004 a connu à sa sortie un taux de chômage élevé, 31% en octobre 2004. Trois ans après, le taux de chômage global est de 14% (32% chez ceux qui n’ont obtenu aucun diplôme, 17% pour ceux qui ont obtenu un CAP ou un BEP) mais seulement de 8% pour les jeunes sortant de l’enseignement supérieur, environ la moitié de la génération.

Ce taux moyen de chômage varie selon les qualifications et les filières, mais ceux qui connaissent le plus de difficultés d’insertion sont sans conteste les quelque 75 000 étudiants (20% des jeunes issus de l’enseignement supérieur) qui n’ont pas réussi à obtenir un diplôme. L’insertion est cependant meilleure pour les 40% de non-diplômés qui n’ont pas obtenu un BTS ou un DUT (13% de taux de chômage, 6% de retour en formation) que pour les 60% de non-diplômés qui n’ont pas obtenu un DEUG (respectivement 17% et 20%). Dans cette population, les titulaires du Bac professionnel s’insèrent nettement mieux que les autres bacheliers s’ils ont commencé un BTS ou un DUT, nettement moins bien s’ils ont suivi une formation de DEUG. Les bacheliers technologiques tertiaires sont en situation difficile dans les deux cas. Globalement, 80% des non-diplômés de BTS ou DUT ont un emploi 3 ans après leur sortie, pour un peu moins des 65% des non-diplômés de DEUG.

La situation est radicalement différente pour les diplômés, Bac+ 2 et au-delà, qui représentent un peu moins de 300 000 jeunes. On les retrouve à 90% en emploi, avec un taux de chômage global de 7%.

Le développement des licences professionnelles a contribué à élargir l’offre d’emploi au niveau L, bien que la génération 2004 n’ait pas réellement vécu la mise en place du LMD, sans que l’insertion professionnelle des diplômés Bac+2 ait semblé en souffrir, avec un taux moyen de chômage de 7% qui résulte cependant de grandes disparités : 12% pour les DEUG du secteur LSH, 2% pour les diplômés des formations paramédicales.

La sortie licence est encore peu affirmée, sauf pour les licences professionnelles (taux de chômage 7% dans le secteur tertiaire, 4% dans l’industriel). En revanche, l’insertion reste très favorable au niveau master (universités et écoles), avec un taux de chômage de 5%. Les 8 000 doctorants connaissent un taux moins favorable, 11% dans le secteur lettres, 10% dans le secteur sciences. Si les possibilités d’embauche dans la fonction publique (enseignement supérieur et recherche) sont appelées à diminuer fortement, la question se posera d’un relais à prendre par les entreprises privées et d’un développement plus dynamique de la recherche l’industrielle française.

Globalement, les conditions d’emploi et les niveaux de salaires restent stables par rapport aux jeunes de la génération 1998, bien qu’on note un léger fléchissement du salaire médian. Quel que soit le niveau de formation, on notera « un avantage au bénéfice des formations professionnalisantes » qui devrait encourager les universités à continuer sur cette voie de la professionnalisation d’une partie de l’enseignement supérieur.

ù