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Par Françoise Solliec

Pour le SGEN-CFDT, l’accumulation des mesures annoncées par Xavier Darcos depuis 1 an ne dessine en rien un projet global pour l’école. Si certaines des mesures ont bien été prises pour régler un problème identifié (suppression des heures du samedi matin, accompagnement éducatif, stages de langues, prime aux néotitulaires, etc.), on en cherche en vain la cohérence. Et comment pourrait-on croire que les suppressions de postes, effectives ou annoncées, vont améliorer les performances du système éducatif français ?

La politique pédagogique ministérielle semble à côté du cœur de l’école

Implicitement, c’est une reconnaissance de l’habileté à communiquer de Xavier Darcos et une nécessité de l’égaler sur ce terrain qu’a formulé Thierry Cadart, secrétaire général du SGEN, lors de la conférence de presse de rentrée de la fédération, le 8 septembre.

Comment croire pourtant, dit-il, que la dispersion des chantiers et le traitement ponctuel de difficultés mises en avant sont favorables à une évolution du système éducatif ? Avec la multiplication des dispositifs annexes rémunérés en hs, la politique pédagogique ministérielle semble s’exercer ailleurs qu’au cœur de l’école.

Pour le SGEN, bien que la rentrée soit « techniquement réussie » (un enseignant est présent dans chaque classe), la question des suppressions de postes devient centrale et bloquera à terme toutes les rénovations. Certes, les taux d’encadrement ne sont pas modifiés, mais c’est une notion qui n’a pas grand sens parce qu’elle ignore l’organisation et les besoins locaux. Dans tel établissement, on aura recours à des vacataires, dans un autre, ce sont des enseignants qui assurent les heures supplémentaires remplaçant les emplois disparus tandis que d’autres enseignants sont désormais obligés de partager leur service sur 2 ou 3 établissements.

Pourtant, cette dégradation des conditions de travail n’entraîne pas pour autant un refus de fonctionner. « Les collègues n’ont pas envie que ça ne marche pas » explique Thierry Cadart « et les jeunes sont demandeurs d’effectuer des heures supplémentaires, comme le montrait notre enquête sur les conditions de travail dans les collèges ».

Pour un certain nombre de journalistes, le ministre a su se concilier l’opinion publique et les organisation syndicales vont avoir fort à faire pour tenir un discours qui ne puisse être qualifé de « rétrograde » ou de conservatiste. Pourtant le SGEN estime qu’il a de quoi impulser des évolutions en profondeur, avec la demande de conférence nationale sur les rythmes scolaires, par exemple, qui serait une bonne occasion de réfléchir au déroulement des activités en classe, ou avec l’enquête sur les conditions de travail en collège qui se serait bien accompagnée d’une redéfinition du métier d’enseignant. « Mais » commente Thierry Cadart, « on a bien l’impression que le ministre va enterrer les réflexions de la commission Pochard. Aujourd’hui, ce n’est que sur le lycée que porte la réflexion de fond, mais vu l’urgence de la mise en place, le projet pourrait bien aussi se voir complétement dénaturé ».

Le travail de mobilisation de la journée du 19 octobre sera donc pour le SGEN largement consacré à alerter l’opinion publique, en affirmant que si le système éducatif n’est pas assez performant, ce n’est pas avec moins de moyens qu’on améliorera son efficacité et en expliquant que l’élévation du niveau de qualification ne se fera pas sans investissement supplémentaire.