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Par Françoise Solliec

Une rentrée sans trop de heurts pour l’inspecteur d’académie, une liste de difficultés qui s’allonge et sur lesquelles il faut être très vigilants pour la FCPE 93, un programme d’actions chargé pour les deux parties, telle s’annonce l’année 2008-2009 en Seine–Saint-Denis.

Montrer que, dans le 93, l’école est capable de fabriquer de l’excellence

Pour l’inspecteur d’académie, Daniel Auverlot, la rentrée 2008 ne connaît ni plus ni moins de heurts que les précédentes. « Il a fallu réajuster beaucoup au niveau des écoles, notamment maternelles, car on a enregistré beaucoup plus d’inscriptions que prévu » déclare-t-il. Aussi le CTPD a-t-il avalisé sans difficultés l’ouverture de 51 classes et la fermeture de 11. Mais cet afflux dans le premier degré, dû à d’importants mouvements de population, ne conduit pas à une stabilité durable des élèves. « Sur 100 élèves entrés en CP, on n’en retrouve que 88 au niveau du CM2. Plus les enfants grandissent moins ils sont scolarisés dans les établissements publics du département » déplore Daniel Auverlot. En effet la population du département présente une grande hétérogénéité : familles aisées qui s’installent dans les ilôts résidentiels favorisés, familles occupant les logements sociaux et familles en grande difficulté économique. Bien entendu, ce sont les familles aisées qui, après un temps d’adaptation, s’empressent d’inscrire leurs enfants dans le privé ou dans les écoles des départements voisins.

En collège, la diminution des postes correspondait globalement à la perte d’effectifs élèves. Le taux d’encadrement ne se trouve donc pas diminué, mais, localement, cela peut modifier considérablement les conditions de travail. Pourtant, au CTPD, la représentation syndicale n’a mis en avant qu’un seul établissement en difficulté.

Selon Daniel Auverlot, « l’assouplissement de la carte scolaire n’a eu que peu de conséquences. Le nombre de demandes de dérogations a augmenté, mais, comme les établissements les plus prisés atteignent vite leur capacité d’accueil, les élèves continuent d’être inscrits ailleurs ».

Pour l’année 2008-2009, au niveau des collèges, l’inspecteur d’académie souhaite travailler sur la répartition des moyens, non pour en retirer aux établissements, mais pour apprendre aux équipes éducatives à en évaluer la pertinence. « Les établissements ne font que rarement des diagnostics et ne savent pas toujours en tirer les conséquences au niveau de la DHG. Les conseils d’administration sont souvent des lieux un peu vides en ce qui conserne la réflexion pédagogique ». Il a donc été décidé d’organiser, au niveau des bassins, une formation à la DHG des parents élus et des conseillers généraux.

En lycée, la priorité de cette année est de renforcer le lien terminale- enseignement supérieur. Trop peu d’élèves demandent les CPGE du départment et pourtant, fait remarquer Daniel Auverlot, « l’école est aussi capable de fabriquer de l’excellence dans le 93 ».

Dans le premier degré, il s’agit tout d’abord pour Daniel Auverlot de réussir l’intégration des 860 néo-titulaires dans les 800 écoles du département. Il va aussi s’attacher à la mise en œuvre des nouveaux programmes et à celle de l’aide individualisée. « C’est un moment valorisé pour les enfants : on les prend par groupes de 5 ou 6 et on commence par un temps de relaxation et de concentration. On les fait ensuite s’exprimer, par exemple sur une reconstitution de textes. Ils apprennent à écouter l’autre, à mieux s’exprimer, mais ne se retrouvent surtout pas en situation de classe magistrale ».

C’est en complément avec les mairies que Daniel Auverlot se propose d’orienter l’action d’accompagnement éducatif en ZEP. « Si l’aide aux devoirs est déjà largement prise encharge, on insistera plutôt sur les activités culturelles et sportives et inversement ».

De manière générale, la liaison avec les familles reste une des tâches importantes de l’inspection académique et une campagne de presse est prévue pour mobiliser les parents aux élextions aux conseils d’école et d’administration. Il paraît essentiel à Daniel Auverlot que les parents comprennent bien ce qui se passe à l’école, t « quand on est maître, on doit apprendre aux parents comment on apprend aux enfants ». Pour qu’ils en comprennent aussi les enjeux et qu’ils jouent pleinement leur rôle dans la réussite scolaire de leurs enfants.

Un procès-verbal de carences pour servir de base de mobilisation

La vision de la FCPE 93 sur la rentrée dans le département est radicalement différente de celle de l’inspecteur d’académie. Certes, nous dit son président, Michel Hervieu, le CTPD s’est bien déroulé, mais 17 postes de Rased ont été supprimés et les 51 ouvertures de classe auraient pu être anticipées car les parents et les syndicats d’enseignants les avaient évoquées dès le mois de mars. Par ailleurs, on assiste à une véritable régression sur la scolarisation des 2-3 ans. Nombre d’enfants qui auront 3 ans dans l’année sont actuellement sur liste d’attente, souvent parce que les mairies n’ont pas prévu les locaux nécessaires.

Dans le second degré, nous savons, poursuit-il, que plusieurs centaines d’élèves ne sont pas encore affectés ou demandent un changement de leur affectation par défaut.

Nous avons donc décidé de dresser un procès-verbal de carences et avons demandé à tous de nous faire remonter les situations (liste d’attente, enseignants non remplacés, etc.) correspondant à « des manquements de l’éducation nationale ». Mi-octobre, la situation devrait être plus lisible. Nous demanderons ensuite un rendez-vous au Préfet pour faire appliquer les textes. Nous prévoyons aussi une réunion commune avec les maires pour les enfants en attente.

Nous considérons donc que la rentrée ne s’est pas si bien passée que ça et on commence à voir arriver les difficultés, comme par exemple le manque de profeseurs d’école remplaçants dans le bassin n°1.

Nous savons aussi que le manque d’installations sportives crée de gros problèmes pour les heures d’enseignement de sport, explique Michel Hervieu. Ce sera un combat à mener, d’une part, pour conserver le potentiel d’athlètes de haut niveau dans le département, d’autre part, pour répondre à la demande des élèves, très attirés par ces activités.

Il faudra également insister auprès de la région pour que la décision de construction de 2 lycées soit actée et que les travaux démarrent rapidement.

Dans le 1er degré, Michel Hervieu fait état de nombreuses interrogations en particulier sur la mise en place de la semaine de 4 jours et les heures dûes aux élèves en difficulté. Il regrette de n’avoir pas reçu de réponses précises de l’inspecteur d’académie, ni de propositions de travail en commun. Il s’inquiète également du manque de formation des nouveaux enseignants, qui se retrouvent sans préparation face à des publics réputés difficiles.

Pour marquer son attachement à un service public d’éducation de qualité, la FCPE 93 a décidé de participer à la journée d’actions du 11 septembre et encourage toutes les initiatives allant dans ce sens. Elle participera également à la manifestation nationale du 19 octobre.