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Par Françoise Solliec

Points forts – points faibles : comment se situe le système éducatif français au regard de ceux des autres pays développés ? Cette année encore l’OCDE, avec la publication des « Regards sur l’éducation », fait le point et éclaire notre connaisance du système éducatif français. C’est l’occasion aussi pour l’OCDE d’évaluer les performances du ministre de l’éducation nationale. Et de les critiquer.

Les emplois hautement qualifiés restent plus nombreux que les diplômés de l’enseignement supérieur

L’édition 2008 de la publication annuelle de l’OCDE, Regards sur l’éducation, vient de paraître. En complément, la situation de la France fait l’objet d’une note spécifique rédigée par Bernard Hugonnier, directeur adjoint pour l’éduction et Eric Charbonnier, de la division de l’analyse et des indicateurs.

La tendance générale est à l’élévation du niveau de formation. Ainsi en France, la proportion de jeunes qui achèvent des études supérieures (en incluant les formations courtes de type BTS ou DUT qui sont nettement plus importantes en France que dans d’autres pays) est de 41% chez les 25-34 ans contre seulement 19% chez les 45-54 ans. De même, la proportion d’individus titulaires d’un diplôme de fin d’études dans le secondaire a beaucoup augmenté (78% en moyenne pour les 25-34 ans) et varie en France de 82% (25-34 ans) à 61% (45-54 ans).

Pour bon nombre de pays de l’OCDE, les emplois hautement qualifiés restent plus nombreux que les diplômés de l’enseignement supérieur. Cela est particulièrement vrai en France, même si le taux d’obtention d’un diplôme de l’enseignement supérieur a davantage progressé les 8 dernières années que l’offre d’emplois hautement qualifiés. C’est un des arguments de l’Ocde pour réfuter la thèse de « l’inflation scolaire ». L’organisation milite pour l’élévation du niveau éducatif.

Des dépenses d’éducation en régression

Le diplôme reste un facteur essentiel pour l’insertion. En France, la proportion des chômeurs n’ayant pas obtenu un diplôme de l’enseignement secondaire est d’environ 23% dans la tranche 20-24 ans. Cependant, pour ceux qui sont diplômés, la différence de proportion à l’insertion n’est pas très importante (8 points contre 9 points en moyenne dans l’OCDE) entre diplômés de l’enseignement secondaire et diplômés de l’enseignement supérieur.

En France, les dépenses d’éducation (tous niveaux confondus) se situent dans la moyenne des pays de l’OCDE (6% du PIB). Cependant, elles ont progressé moins vite que la richesse nationale depuis 10 ans et, surtout, contrairement à la majorité des pays de l’OCDE, elles ont progressé moins vite que les dépenses d’autres secteurs publics. Par niveau, on constate que la dépense par élève du secondaire est plus élevée que la moyenne des pays de l’OCDE, tandis que la dépense par étudiant est inférieure à la moyenne. (Signalons néanmoins que les données budgétaires sur lesquelles s’appuient l’analyse datent de 2005).

Si la dépense est plus importante dans le secondaire, c’est en partie parce que les élèves en France ont plus d’heures de cours que la moyenne des pays de l’OCDE. L’écart est de 98 h en primaire (selon les données 2006) et de 123 h au lycée, notamment en raison des options.

Oui au soutien, non à la semaine de 4 jours

Au regard de ces comparaisons internationales, les récentes mesures instituées par le ministère de l’éducation nationale vont-elles permettre à la France d’améliorer les performances de son système éducatif ? Selon Bernard Hugonnier, l’amélioration de la réussite scolaire des élèves français est une nécessité. Qui dit meilleure réussite des élèves en France dit aussi limitation du taux de redoublement, actuellement l’un des plus élevés del’OCDE, puisque 35% des élèves français de 15 ans ont redoublé au moins une fois dans leur scolarité, et donc diminution des dépenses d’enseignement en réduisant le temps d’instruction moyen.

Pour Bernard Hugonnier, diminuer les heures à l’école primaire n’est pas nécessairement une mauvaise mesure. La mise en place d’heures de soutien dans l’école lui parait aller dans le bon sens pour améliorer la réussite des élèves et générer davantage d’équité, car il estime que le recours intensif au soutien hors l’école favorise les cours privés que seules peuvent s’offrir les familles aisées.

Il pense néanmoins que la semaine de 4 jours est en opposition avec les recommandations des experts en chronobiologie. Et il souhaite qu’on les écoute quand ils expliquent que des journées plus courtes sont certainement plus propices aux apprentissages pour une bonne partie des enfants.

Il estime également que passer tout le temps d’instruction en enseignement frontal peut s’avérer moins efficace que d’alterner méthodes interactives et cours magistral. Pour cette raison, l’allègement des programmes lui paraît également aller dans le bon sens et laisser plus d’initiative aux enseignants pour organiser différents types d’activités.

Il y a fort à parier que l’OCDE, qui avait déjà critiqué le système éducatif français pour son caractère inégalitaire, reste insatisfaite devant la réforme Darcos.