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Par Monique Royer

La présidente départementale de la Fcpe en Charente Maritime, a été convoquée début septembre en compagnie de quatre enseignants au commissariat de La Rochelle suite à une plainte déposée par l’inspecteur d’académie. Il leur est reproché « des actions visant à perturber le fonctionnement du service public de correction du diplôme national du brevet et la confidentialité des délibérations du jury départemental », nous confie l’inspection académique. Du côté des manifestants, on ne comprend toujours pas où la limite du délit a été franchie.

Le 24 juin, l’annonce de la suppression d’une classe de sixième dans deux collèges rochelais, Fromentin et Jean Guitton, tombe. Le 1er juillet, des enseignants se mobilisent et manifestent devant le centre de correction du brevet. Accompagnés de représentants de parents d’élèves, ils rencontrent l’inspecteur qui leur propose des heures supplémentaires. Pour l’inspection académique, la suppression des classes se justifie par une baisse démographique constatée à La Rochelle alors que d’autres collèges du département voient leurs effectifs augmenter. Les parents et les enseignants craignent, eux, une qualité pédagogique moindre et des classes de 6e surchargées.

Le corps du délit. Le 7 juillet, un rassemblement est organisé devant l’inspection académique où se tient la commission d’harmonisation du brevet. Les manifestants qui patientent dehors, voient sortir l’inspecteur qui laisse la porte ouverte. Quelques uns d’entre eux passent la tête, constatent que le jury ne s’est pas encore mis au travail et rentrent pour expliquer leur revendication. Ils repartent ensuite. La perception de l’inspection est toute autre « des personnels enseignants et des parents d’élèves ont fortement perturbé les corrections et délibérations du diplôme national du brevet. », le communiqué précise plus loin « Le 7 juillet le jury départemental du diplôme national du brevet était réuni à l’inspection académique. Un groupe de personnes (parents d’élèves, enseignants des collèges Guiton et Fromentin de La Rochelle) s’est introduit à l’inspection académique. » Dans l’édition locale du journal de France 3 du mercredi 1er octobre, une enseignante, membre du jury, témoigne dans le sens des manifestants. Pour elle, les perturbations ont été minimes et n’ont pas empêché le jury de travailler.

Après instruction, ce sera finalement au procureur de trancher et de décider ou non d’une inculpation. Les cinq personnes désignées risquent une condamnation au pénal. Pour les enseignants, la sanction peut s’alourdir d’une comparution devant une juridiction administrative.

L’incompréhension est grande. Pourquoi ces cinq là sur la trentaine présents ? Pourquoi une plainte pour des faits qui leur semblent minimes ? « La porte s’est ouverte alors on est rentrés », nous explique une manifestante. Pour le rectorat, l’interprétation est toute autre et le changement d’inspecteur académique n’y a rien changé.

Transmise par les conseils locaux de la Fcpe, une pétition circule au sein des établissements scolaires de Charente Maritime. Elle devrait être remise à la fin du mois aux autorités académiques.

Cette affaire intervient dans une actualité de rentrée plutôt agitée. La désorganisation des transports scolaires en Charente Maritime suite à un changement de prestataire a mis sur le pont la fédération des parents d’élèves. Grâce à une politique de concertation avec le Conseil Général, la situation se normalise progressivement. La voie du dialogue avec la fédération de parents d’élèves, épineuse avec les autorités académiques, a été ici privilégiée pour résoudre les problèmes rencontrés par les jeunes charentais dans leurs déplacements scolaires. Voilà qui risque de rajouter encore un peu de perplexité face à la plainte déposée par l’inspection.

Monique Royer