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Par Lucie Gillet

Aller manifester à Paris le 19 octobre, c’est tout un voyage. Lucie Gillet le partage avec nous de Nantes, la ville de Samy Benmeziane, à Paris, celle de Xavier Darcos.
Avec deux trains, les Pays de Loire étaient bien représentés à Paris ce dimanche, et le comité de soutien à Sami Benméziane a fait le plein de signatures.

De Nantes à Nantes en passant par Paris

8h15 ce 19 octobre, horaire du premier train à destination de Paris. Train double : ce sont plus de 1000 personnes qui montent à bord du train affrété par la FSU. Un deuxième train prend le départ à 9h, avec encore d’autres manifestants.

Les Pays de Loire seront bien représentés à la capitale. Ils sont enseignants du primaire, du secondaire, de RASED, parents d’élèves, syndiqués ou pas, ils sont parents d’élèves, et pour quelques uns élèves ou en passe de le devenir, et ils sont là pour protester contre les programmes du primaire, la réforme du lycée. Ils sont parfois envoyés par d’autres collègues, amis pour les représenter.

Dans le train, derniers préparatifs avant la manif : on peaufine les pancartes, on prépare ses banderoles, le comité de soutien à Sami Benméziane répare ses girafes qui lui serviront de point de repère pendant la manif pour être vu de loin.

On papote, on discute, on a deux heures devant soi pour prendre du temps et se causer, ça nous manque tellement au quotidien. Et bingo ! de quoi parle un enseignant qui croise un enseignant… de sa future séquence pour faire acquérir la notion de groupe verbal à ses CE1, de la numération à la petite section, d’images séquentielles.. Mais ils ne décrochent donc jamais?

Arrivée à 10h30 à la capitale, on annonce que les télés sont à Montparnasse pour filmer la descente du train, les chants commencent à se faire entendre. L’entrée en gare est tonitruante et remarquée. Les girafes font leurs premiers pas dans ce drôle de bal.

Dans le hall de gare, on s’échange les numéros de portables, on se fixe les rendez-vous pour se retrouver au point de départ de la manif, qui ne commence qu’à 13h… on a un peu de temps devant soi. Le temps de flâner au parc de l’Atlantique, de se faire une balade muni de son guide vert, de boire un café, de recompter les signatures récoltées à bord du train pour le comité de soutien à Sami. Les collègues du comité seront sur le pont toute la journée pour récolter signatures d’anonymes et de personnalités plus officielles.


11h45 aux Gobelins : les premiers manifestants s’installent, les cortèges syndicaux se forment, on remarque une voiture « spéciale maternelle » qui clame « Oh! À la maternelle on apprend ! » histoire de rappeler un peu pourquoi on est là.

Patrick Picard prend du son, l’occasion de s’échanger quelques mots. Ca sert aussi à ça les manifs, à se retrouver.



Chacun mange son sandwichs, ses raisins, ses bretzels, voire son Saint Nectaire, directement importé par les Clermontois, dans les odeurs de frites, et attend patiemment le départ.


Le soleil est au rendez-vous, il a dû entendre Prévert et aujourd’hui il donne sa journée aux manifestants.


14 heures et des poussières : Le défilé est imposant, on se compte régulièrement : de 80 à 100 000 personnes sont annoncées. On espère que c’est significatif, tellement on ne sait plus à quoi se raccrocher pour oser un peu croire que tout cela peut changer quelque chose.

Les girafes s’agitent, ça diffuse du tract et ça récolte des signatures et non des moindres.



17h. Arrivée place de la Bastille, on a bien mérité de prendre un verre, et puis on a le temps, on regarde ainsi arriver le flot continu des collègues, ça n’en finit pas. On remarque l’APSES, leurs T-shirts font sensation : « Les SES c’est Capital », clame Marx revisité.


18h. On marche un peu, on regarde les écluses, on tourne un mini-film pédagogique, ça pourra bien servir à un moment ou un autre à expliquer le fonctionnement à ses élèves. On mange un morceau sur le pouce, on rallie la gare, les visages commencent à se faire fatigués.

20h.45 Départ du train, il arrivera en gare de Nantes à 23h. A bord, on dort, on essaie de reprendre des forces pour ne pas être zombie devant les élèves demain, on lit la presse, on commente la journée, le comité fait ses comptes, plus de 4200 signatures c’est plus qu’honorable, le train applaudit.


23h. Tout le monde descend du train, on ne sait pas trop ce qui s’est dit dans les journaux, on attend avec un peu d’appréhension ce que dira (?) Darcos …