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Après la journée de soutien à Sami Benméziane le 23 février, le mois de mars est marqué en Loire-Atlantique par quantité d’initiatives et de mobilisations à venir. Des « convergences » se construisent « de la maternelle au supérieur ». Le mouvement s’étoffe ce qui permet aux enseignants du primaire en lutte depuis près d’un an de reprendre du souffle.

La Nuit des IUFM : une nuit pour la formation

250 personnes réunies à partir de 18h.30 jusque tard dans la nuit, certaines ayant même dormi sur place, ont participé à la Nuit des IUFM. La soirée, conviviale mais également axée sur la réflexion et les propositions fut rythmée par différents temps d’échanges : après un apéritif de « bienvenue dans le monde de l’éducation » les participants eurent droit à des informations sur les réformes en cours (parodies d’émissions télé préparées, et montées par des stagiaires, diaporama à partir de la lettre de Philippe Meirieu à Xavier Darcos, point d’information sur la réforme, l’état de la mobilisation à Nantes et dans les autres villes, les actions à venir).Un leitmotiv récurrent : la réforme qui touche les IUFM participe de l’ensemble des réformes qui touche toute l’Education Nationale, de la maternelle à l’Université. Enfin, ceux et celles qui avaient raté l’exposé de Michel Fabre, intitulé « Sarkozy pédagogue » (voir L’Expresso du jour), pouvaient bénéficier d’une séance de rattrapage puisque l’universitaire (CREN – Nantes) présentait de nouveau sa conférence avant de débattre avec la salle.

Entre deux informations, chacun met en commun ses victuailles : une formatrice reconvertie en crêpière côtoie un stagiaire qui propose son taboulé. Place ensuite aux ateliers. A côté du mur des lamentations cohabite le mur de propositions garni de nombreux post-its. Dans un coin de l’amphi, des panneaux délimitent l’espace des matchs d’improvisation. Tirage au sort d’un papier : « Vous êtes responsable d’une agence de recrutement et embauchez des vacataires pour enseigner dans une école… »

Jusqu’après minuit se juxtaposeront des ateliers de fabrication de banderoles et slogans, avec des flashs « infos » et des montages vidéo ou des clips se succédant tout au long de la soirée, sans oublier un petit clin d’œil : le « chamboule-tout », un lancer de chaussures contre la réforme…

Quand on les interroge, les stagiaires en première année de formation (année du concours ou PE1), s’avouent minoritaires à se sentir impliqués et concernés : leurs (jeunes) collègues bûchent le concours et estiment qu’ils ne peuvent perdre leur temps à défendre une hypothétique formation continue. Christelle et sa copine le déplorent. Toutes deux ont déjà passé le concours une première fois, c’est leur deuxième tentative. Mais elles sont là ce soir, même si il faudra bientôt « se centrer sur l’essentiel et éviter de se disperser » parce qu’elles ont le sentiment qu’il y a également tout à apprendre dans des cadres comme celui-ci. Une culture militante, une certaine idée de l’école qui ne s’apprend plus sur les bancs de l’IUFM.

Que pensent-elles de la formation telle qu’elle est dispensée actuellement en IUFM ? Bien entendu il serait faux de laisser croire que tout est parfait, selon elles les profs eux-mêmes sont tiraillés entre deux logiques difficilement conciliables quand le temps de formation se réduit : garder le cap d’un objectif d’année « professionnalisante » où sont posés des jalons d’ordre pédagogique, et l’exigence de préparer des candidats prêts à concourir le jour J.

De jeunes enseignants, récemment sortis de l’IUFM, les titulaires première ou deuxième année, partagent cette analyse : pour eux aussi il ne s’agit pas de dire que tout va bien et que la formation est à sauvegarder en l’état. Repenser le dispositif oui, mais pour l’améliorer, échanger sur ses pratiques avec un recul théorique approprié.

De là à penser que ce n’est pas un hasard si la soirée est initiée plus par les Enseignants Maîtres Formateurs que par les profs d’IUFM, et l’on résume une partie des enjeux. Cette catégorie de personnels n’est pas unanime : quelques uns rejettent d’emblée le principe de la « mastérisation », mais d’autres contestent uniquement la méthode employée. L’IUFM de Nantes sera tout de même en action « journée morte » jeudi 5 : aucun cours ne sera dispensé.

Des instits venus défendre ce qu’il reste de la formation, des PE2 « en plein dedans », des formateurs concernés, des étudiants en recherche… tous venus partager autour de cette idée fondamentale :’ « on ne naît pas pédagogue, on le devient », pour comme Michel Fabre, paraphraser Durkheim. Pour conclure, Sylvie, formatrice, nous livre son sentiment : « Ressort de cette Nuit de l’IUFM une certaine combativité, avec cependant une impression de chape de plomb, une inquiétude sur ce qui s’annonce à l’horizon. Et le sentiment que la mobilisation n’est encore pas suffisante… ».

Le 4 mars : Remise collective des lettres des désobéisseurs

659 enseignants déposent une lettre de « désobéissance » où ils se déclarent hostiles aux « heures de soutien », revendiquent la conservation des services spécifiques du RASED et de manière plus générale le retrait des mesures Darcos. C’est donc le département où ils sont les plus nombreux.

Cependant il n’y aura pas d’entrevue avec l’Inspecteur d’Académie qui est en réunion au Rectorat. Mais les services de l’Inspection Académique sont fermés.

Le rassemblement se termine sur le rappel des dates importantes à venir : une manifestation régionale contre la répression à Saint Nazaire le 7, la journée du 10 avec le rendu du délibéré pour Sami Benméziane et l’appel à se mobiliser de la maternelle au supérieur, la journée du 11 sur la désobéissance. Tout cela en attendant le 19…

Lucie Gillet

Le procès de S Benméziane

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2009/02/240209sami.aspx