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Par Françoise Solliec

En présentant à la presse les premiers résultats des évaluations de CM2, le directeur général de l’enseignement scolaire, Jean-Louis Nembrini, a insisté sur le caractère nouveau de cet outil, « clé de voûte du système », en ce qu’il doit permettre de déceler finement les difficultés des élèves en français et en mathématiques … et de les traiter.

C’est en effet un système éducatif premier degré parfaitement articulé, en 3 points selon la bonne tradition, qu’a décrit Jean-Louis Nembrini.

Premier point, la réforme des programmes. Plus clairs et plus restreints, les nouveaux programmes visent à faciliter le travail des maîtres. Ils sont par ailleurs distribués aux parents pour leur permettre de mieux comprendre le travail scolaire attendu de leur enfant.

Second point, le bilan des acquis. Deux rendez-vous sont prévus, en fin de CE1 (cette année du 25 au 30 mai) et en janvier de l’année du CM2, pour évaluer les compétences des élèves en français et en mathématiques.

Troisième point, les 2 heures d’aide personnalisées. Grâce aux réponses aux items dans les compétences de base identifiées (par exemple lire, écrire, vocabulaire, grammaire, orthographe en français), les enseignants doivent être capables de déceler où se situent les difficultés des élèves dont les évaluations montrent que les premiers paliers de compétence ne sont pas encore acquis ou que ces acquis sont fragiles. Ils doivent alors utiliser ces 2 heures d’enseignement personnalisé pour traiter spécifiquement ces difficultés. Les stages de remise à niveau euvent être également mis à profit, ainsi que les compétences des maîtres spécialisés, ce qui justifie, selon la DGESCO, leur rattachement à 1 ou 2 écoles où sont concentrés un grand nombre d’élèves en difficulté. Il est également prévu, pour aider à ces enseignements personnalisés, de faire appel aux compétences des psychologues scolaires.

« Les évaluations sont strictement conformes aux exigences des nouveaux programmes » a déclaré Jean-Louis Nembrini. Elles placent « tous les élèves face à la même référence nationale ». C’est pourquoi certains items ont pu paraître difficiles, tels ce texte assez long de Guy de Maupassant. Mais la référence humaniste fait explicitement partie du socle commun.

Selon la DGESCO, plus de 553 000 évaluations complètes ont été remontées, soit environ 78% du maximum attendu. Le bilan agrégé fait apparaître que 75% des élèves sont en français au niveau attendu (50% des items validés), ou au-delà, à ce moment de l’année et 65% d’entre eux en mathématiques. Le pourcentage d’élèves éprouvant de sévères difficultés est de 7% en français, de 15% en mathématiques.

Cependant, comme pour tous les résultats agrégés, des différences sensibles se marquent au niveau des académies et des départements, comme on pourra le constater lorsque ces résultats seront en ligne. Au niveau plus fin des circonscriptions ou des écoles, les résultats ne seront pas publics, mais doivent être analysés en détail par les inspecteurs et les enseignants, ce qui a d’ailleurs été déjà commencés, puisque les maîtres disposent immédiatement des résultats de leur classe.

En réponse aux questions posées, Jean-Louis Nembrini a défendu l’intérêt de faire passer cette évaluation en janvier, suffisamment tôt dans l’année pour que les dispositifs d’aide puissent être mobilisés et permettent à l’élève d’arriver au niveau attendu avant la fin de l’année.

Il ne lui semble pas très intéressant de comparer les résultats obtenus à ceux de telle ou telle autre étude statistique. C’est seulement lorsqu’une cohorte d’élèves aura parcouru un cycle complet avec les nouveaux programmes que l’on pourra tirer des conclusions. Par ailleurs de directeur de l’enseignement scolaire a beaucoup insisté sur la valeur d’outil de pilotage de cette évaluation, « qui doit servir à aider les élèves « et qu’il ne faut surtout pas considérer comme un outil d’élaboration statistique.

Interrogé sur la validité des statistiques de remontées, Jean-Louis Nembrini a précisé qu’un contrôle qualité de l’évaluation avait été mené par la DEPP et l’inspection générale.

Il considère enfin que les 2 heures personnalisées sont « une grande avancée » et que cette différentiation du temps scolaire, la première dans l’histoire de l’instruction obligatoire est de nature à faire réussir les élèves en difficulté.

Il ne reste donc plus qu’à espérer que les inspecteurs et les enseignants, après avoir mené l’analyse fine des résultats des évaluations, seront effectivement en mesure de les utiliser pour apporter une réponse appropriée aux difficultés des élèves ainsi révélées.