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En décembre dernier, Robert Cantarella et Frédéric Fisbach, les directeurs du Centquatre (104 rue d’Aubervilliers), un établissement artistique de la ville de Paris installé dans les anciennes pompes funèbres, ont présenté ce lieu à des enseignants pour les inciter à venir avec leurs élèves rencontrer des artistes ou participer à des projets. Notre collègue Nicole Mullier était présente et nous retranscrit la visite.

Le Centquatre est d’abord un lieu de création et de transmission de l’art aux jeunes

Les artistes, metteurs en scène, musiciens, etc. ouvrent leurs ateliers au public au rez de chaussée ou à l’étage. Les jeunes peuvent être en lien direct avec des plasticiens, des vidéastes, des musiciens, des auteurs de BD, des artistes en résidence venus du monde entier.

Des pratiques artistiques de la maternelle au lycée

Des ateliers sont ouverts pour enfants et adolescents. Le but est d’associer des classes sur le temps long pour suivre l’artiste de l’idée à la réalisation. Il est prévu 5 visites de 2 h pour les maternelles, 15 heures en primaire et 30h en collège.

Les clefs de Nicolas Simarik attirent. Le public est invité à apporter une clef qui sera incluse dans de la résine. Une « clef du 104 » est remise en échange. Des grosses boites en carton forment un calendrier de l’avent où les enfants découvrent des secrets. L’artiste peut créer l’événement : il s’est mis en scène à la Picsou, dans une baignoire remplie de clefs. Il écrit les histoires des clefs que lui ont raconté les participants. Et il fait découvrir aux gens des lieux insolites du quartier.

Le Balto, un jardin évolutif : les enfants (et les passants) suivent la pousse des plantes et la transformation du jardin. Tous les mois, le jardin est remis en scène. Des enfants peuvent faire des pâtés sur lesquels poussent des stolons.

Autour du thème de l’autobiographie, des adolescents de collège travaillent à réaliser leur portrait-vidéo avec l’artiste Cova Macias.

Des élèves de maternelles, primaires, collégiens, lycéens ont commencé des travaux sur des vidéos, des photos, sur la vie d’artistes.

Un « workshop » avec des artistes étrangers peut être envisagé. Pour le moment des artistes hispanophones sont en résidence. L’un, sud-américain, étudie les chansons populaires françaises. Des étudiants allemands, américains et français, rencontreront des artistes pendant une semaine, dans le cadre du programme Feldstärke international (inciter des jeunes artistes à travailler ensemble).

Un lieu de la mémoire ouvrière

L’entreprise des pompes funèbres a été mise en place en 1873. Elle est devenue en 1905 monopole de la ville de Paris pour assurer un service public et laïc pour enterrer dignement les morts. Jusqu’à 1400 ouvriers et ouvrières d’une vingtaine de corps de métiers, depuis la confection de pompons pour les chevaux jusqu’aux menuisiers pour les cercueils, ont travaillé dans cet endroit qui était dépourvu de défunts. La CGT s’y est implantée dès sa création.

Une architecture du XIXe siècle


Mêlant structures métalliques et verrières, la pierre avait été choisie pour abriter la direction rue d’Aubervilliers et la brique, pour le côté des ouvriers, rue Curial.

Pour la reconstruction du lieu, les architectes ont encastré une construction nouvelle dans l’espace ancien qui a été creusé pour dégager du volume. Deux salles de spectacles ont été aménagées au sous-sol.

Un lieu de rencontre, le passage

La traversée comprend la halle d’Aubervilliers, la cour de l’horloge, la nef Curial, la Halle Curial et le jardin, la cour Curial. C’est un passage avec des bancs publics qui peuvent être disposés comme on le désire, qui invitent à s’asseoir, regarder, se parler ou à se tourner le dos. Les habitants du quartier, en traversant les halles, peuvent jeter un œil dans les ateliers gratuits, rencontrer des gens venant du Japon ou d’Amérique du sud. Tous les jours des rencontres sont organisées entre les spectateurs et un artiste.

Malgré le froid glacial qui s’engouffre entre les deux rues d’accès en cette saison, dans la halle Curial, des gamins jouent aux architectes avec des éléments mis à disposition dans un bac : c’est eux qui doivent construire l’oeuvre d’art du « 1% ». Des adolescents du quartier se sont réunis autour de photos, vidéos dans l’atelier « La vie en stock ».

Le Centquatre se veut un lieu pour tous dans un quartier en rénovation du XIXe arrondissement de Paris, à la limite du XVIIIe, où les habitants sont d’origines très diverses. Certains spectacles sont gratuits et, pour les rendez-vous payants, les prix sont calculés pour rester accessibles à un grand nombre. Il y a possibilité de louer une salle à 2 euros l’heure.

Il est prévu d’accueillir de nombreux artistes du monde entier, d’ouvrir un café, un restaurant, des magasins, une librairie, une maison des petits, des entreprises.

Du 9 avril au 3 mai, le Centquatre accueillera la Villa Arpel, mythique décor du film Mon Oncle de Jacques Tati. Construit en 1956 aux Studios de la Victorine, à Nice, le décor fut détruit à la fin du tournage. La Villa fut reconstruite pour la première fois à l’échelle réelle au Salon Futur Intérieur en janvier 2007 pour un public d’amateurs de Design. Selon le communiqué de presse annonçant le vernissage de l’exposition, « Cette installation fait écho non seulement à l’exposition « Jacques Tati deux temps, trois mouvements » de la Cinémathèque française, mais aussi à l’éloge du design coloré de Mon Oncle et de Play Time au Musée des arts décoratifs et, enfin, au spectacle « Salle des fêtes » au Théâtre national de Chaillot ».

Pour les enseignants intéressés par une collaboration avec le Centquatre, des projets peuvent être adressés au rectorat de Paris. A titre d’information, des exemples sont donnés sur le « site pédagogique » du Centquatre.