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Par Françoise Solliec

Depuis déjà longtemps le centre national du cinéma, CNC, mène une politique de sensibilisation des jeunes publics à l’éducation cinématographique. Décliné selon les niveaux, école , collège, lycée, le dispositif mis en œuvre associe les salles de cinéma, les collectivités et les rectorats. Se positionnant résolument dans la vie de la classe, il fait une large place à un accompagnement pédagogique conduit par les enseignants et les partenaires culturels.

Au niveau du lycée, Lycéens et apprentis au cinéma s’adresse aux élèves des lycées d’enseignement général et professionnel, publics et privés, des lycées agricoles et des centres de formation des apprentis (CFA).

Le CNC établit chaque année une liste d’une quinzaine de titres, majoritairement classés art et essai. Les films retenus, en version originale sous-titrée en français, bénéficient de tirages de copies neuves

La mise en œuvre de l’action s’effectue dans le cadre des conventions de développement cinématographique et audiovisuel conclues entre le Ministère de la culture et de la communication et les conseils régionaux.

Les DRAC subventionnent les coordinations régionales ainsi que certaines actions d’accompagnement. Le représentant de la Délégation académique à l’action culturelle (DAAC), le conseiller DRAC et la coordination régionale définissent ensemble le cahier des charges de l’offre de formation aux élèves.

Les enseignants impliqués dans l’opération bénéficient également de formations, inscrites au plan académique de formation, respectant le cahier des charges de production des outils pédagogiques défini nationalement.

Dans les 3 académies d’Ile-de-France, depuis la rentrée, un nouvel opérateur a été lauréat du marché passé pour 3 ans par le conseil régional pour la mise en place de ce dispositif, le groupement solidaire ACRIF-CIP (l’Association des Cinémas de Recherche d’Ile-de-France & les Cinémas Indépendants Parisiens).

Pour l’année scolaire 2008/2009, les films retenus sur la liste nationale sont l’Aurore de Friedrich-Wilhelm Murnau (Etats-Unis, 1927), Pickpocket de Robert Bresson (France, 1959), Bled Number One de Rabah Ameur-Zaïmeche (France/Algérie, 2006) et The Host de Bong Joon-Ho (Corée du Sud, 2006). A cette sélection s’ajoute, comme l’an passé, un film bénéficiaire du fonds régional de soutien aux industries techniques cinématographiques et audiovisuelles, Cœurs d’Alain Resnais.

Chaque année, les établissements sont informés par courrier des films sélectionnés et du calendrier des formations. Pour bénéficier du dispositif, les enseignants doivent inscrire leurs classes au plus tard à la rentrée. Ils sélectionnent au minimum trois films, dont les projections destinées aux élèves seront assurées sur le temps scolaire, et s’engagent auprès de la coordination régionale et de leur salle de cinéma partenaire à assister avec toutes les classes inscrites à la projection de tous les films choisis par l’équipe pédagogique.

Les formations proposées aux enseignants se déroulent sur un ou deux jours : projection des films en présence d’un intervenant et formation autour des films (langage scénique, éclairages, analyse de séquences, etc). Pour les élèves, les interventions en classe peuvent se dérouler en amont ou en aval de la projection, afin « d’inciter les élèves à regarder autrement un film, à mieux comprendre comment scénario, mise en scène et montage sont au service d’une histoire et d’émotions » affirme la fiche de présentation des interventions proposées.

Il est également possible de solliciter des interventions thématiques plus larges, comme « Quelles images font vraiment violence aux adolescents ? » ou de s’inscrire pour 2 séances de 2 ou 3 h dans des parcours de cinéma, tels Le film de monstre pour les classes ayant choisi le film The Host, ou Analyse féministe du cinéma pour celles qui ont choisi l’Aurore et Bled number One.

En complément des interventions, les lycéens et apprentis peuvent découvrir l’un des 12 festivals de cinéma en Ile-de-France ou en province proposés sur liste. Ils s’engagent alors à remettre un bilan écrit, filmé, photographié ou dessiné. Des témoignages figurent sur le site de l’ACRIF pour montrer l’intérêt des jeunes participants, qui sont souvent beaucoup plus que spectateurs, en allant à la rencontre des réalisateurs, en jouant le rôle de critiques ou même de jurés.

De plus, chaque année, la Région invite à Cannes une classe de lycéens ou apprentis franciliens. Un « quiz cinéma » est organisé afin de permettre à une classe inscrite au dispositif Lycéens et apprentis au cinéma de gagner un séjour de deux journées au Festival de Cannes. La classe gagnante participe sur un week-end au festival de cinéma avec montée des marches le samedi soir pour la projection d’un film en compétition officielle, et assiste à une master class organisée autour d’un film sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs. En 2008, c’est une classe du lycée d’Arsonval (Saint-Maur, 94) qui avait bénéficié de cette invitation prestigieuse.

Les réactions des enseignants et des élèves participant à l’opération, communiquées par Olivier Bruand, responsable du dispositif, au sein de l’unité société de l’administration régionale, reflètent la diversité des situations. Ainsi, pour un professeur de lettres, il s’agit d’établir un lien entre les films étudiés et le programme de lettres de seconde et de la préparation au bac. Pour une élève de CFA ayant participé l’an dernier à un parcours « Ces interventions étaient intéressantes, elles expliquent bien ce qui se passe à ces différentes époques, toutes ces discriminations entre hommes et femmes ». Les projections dans les salles de cinéma sont aussi l’occasion de découvrir la salle en tant que lieu culturel et non en simple consommateur : « Je pensais que l’équipe de la salle de cinéma faisait un travail simple où ils devaient distribuer des tickets et veiller au bon fonctionnement des films, mais, justement, ils faisaient un vrai travail avec des analyses, ils nous faisaient poser des questions avant même que le film commence ».

Selon les données rassemblées par l’administration régionale, Lycéens et apprentis au cinéma a atteint son apogée en 2007-2008, pour sa cinquième saison, avec une subvention de 600 000 €. « Les 35 040 inscriptions correspondaient à une progression de 19% par rapport à l’année scolaire précédente. Pour cette nouvelle saison 2008/2009, on constate un léger effet de seuil.

– 33 981 lycéens et apprentis inscrits (35 040 la saison précédente) ;

– 346 établissements (354 la saison précédente) ;

– 1 546 enseignants (1 665 la saison précédente) ;

Mais une légère augmentation de certains autres critères :

– 1 388 classes (1 360 la saison précédente) ;

– 155 salles de cinéma (152 la saison précédente) ».

Ces variations s’expliquent notamment par la réorganisation des enseignements artistiques au sein des établissements et l’arrivée d’une nouvelle génération de professeurs moins cinéphiles, ainsi que par une baisse notable des effectifs de lycéens, notamment dans l’Académie de Créteil. Cependant, l’Île-de-France reste, au niveau national, largement en tête au niveau des inscriptions, devant les Régions Rhône-Alpes, PACA et Nord Pas-de-Calais ».