Print Friendly, PDF & Email

Y a-t-il une place pour des projets éducatifs locaux ? La question est singulière mais elle renvoie à une particularité française : comment faire vivre des politiques locales dans un système éducatif qui se revendique comme national et une Ecole qui historiquement a tourné le dos aux communautés locales ?


Il revenait à Jean Roucou (Prisme) de faire l’historique des projets éducatifs locaux et de relever une évolution majeure : de plus en plus les politiques éducatives locales sont prioritairement des politiques sociales. Comment concilier l’éducatif et le culturel avec un social qui pèse de plus en plus lourd ? C’est une question que les élus doivent résoudre selon les équilibres locaux.


Quel territoire est adapté aux politiques éducatives locales, demande Gwenaëlle Hamon, maire-adjointe de Rennes. Qui doit gouverner ? Un représentant lillois estime qu’à ses yeux on peut distinguer 3 niveaux entre la politique globale d’agglomération, celui des quartiers et celui de la réussite éducative. Le niveau des zones des collèges semble le plus intéressant. Mais la gouvernance doit reposer d’abord sur la concertation avec les conseils d’école. C’est ce que la ville de Lille tente en ce moment sur la semaine de 4 jours.


C’est poser la question des acteurs. Un représentant d’Aubagne note l’on a jamais les bons interlocuteurs du coté de l’Education nationale. Par exemple on travaille avec les IEN, mais c’est l’inspecteur d’académie qui décide. Même ambiguïté dans les conseils d’école : on ne rencontre que les parents des bons élèves. Les familles des élèves en difficulté sont totalement absentes. Une représentante de la JPA souligne la fracture avec les enseignants. « Du côté de l’éducation nationale », dit-elle, « les associations locales c’est un monde à part ». En règle général, elles sont tenues à l’écart. L’accompagnement scolaire est conçu sur la vision que les enseignants s’en font.


C’est la question de la légitimité des politiques locales que pose également le représentant d’Aubagne. « A quoi sert la PEL » interroge-t-il ? « On a vu lors de la décision de faire la semaine de 4 jours. Si les politiques locales avaient été perçues comme légitimes, la question aurait été débattue à ce niveau. En fait le décret a tout balayé. Cela interroge sur la portée des PEL ». Pour Gwenaëlle Hamon, seule la loi doit trancher. Il faut que la loi reconnaisse l’existence des politiques locales. Et comme ces politiques réclament du temps, il faut qu’elle en accorde aux acteurs. A commencer par les directeurs d’école qui doivent bénéficier d’une décharge pour pouvoir s’impliquer dans les PEL.


Parler de loi c’est toucher aux valeurs. Quelles valeurs doivent fonder les PEL ? Plusieurs schémas étaient proposés. Face au modèle national traditionnel, la Convention internationale des droits de l’enfant a été proposée comme fondatrice des ambitions éducatives, entre autre parce qu’elle intègre l’enfant comme acteur de son projet éducatif. Voilà une belle ambition pour refonder l’Ecole localement.