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Par François Jarraud

Quel avenir pour les S.E.S. ?

Au terme d’une année particulièrement difficile pour les SES, l’Apses a tenu les 13 – 14 juin son congrès. Nous avons demandé à Sylvain David, réélu président de l’Apses, son analyse de la situation actuelle des SES.

L’année a été très difficile pour les SES. Elles ont été dénoncées, menacées de disparition. Aujourd’hui il semble que le rapport Descoings veuille les généraliser. Pensez vous avoir acquis la certitude de la survie et de l’extension des SES ?

Il est certain que l’année scolaire qui s’achève a été particulièrement agitée pour les SES. En octobre dernier, les premières annonces de Xavier Darcos concernant la réforme du lycée signaient la fin de l’enseignement des SES à brève échéance. Mais en décembre, à la suite d’une très forte mobilisation des enseignants de SES (ils étaient 1500 à manifester à Paris le 3 décembre, soit près d’un enseignant de SES sur trois) qui a bénéficié d’un soutien très large de la part de personnes d’horizons très divers, le Ministre déclarait que « les lycéens ont besoin de SES » et annonçait son intention de les rendre obligatoires en seconde. En quelques mois, les SES étaient passées de l’ombre à la lumière. Pour l’APSES, les propos tenus en décembre dernier par Xavier Darcos constituent une reconnaissance officielle de l’intérêt des SES au sein du lycée et nous considérons que le rapport Descoings conforte ces propos dans la mesure où il recommande lui-aussi de le rendre obligatoires en classe de seconde. Nous n’accepterons pas toutefois que les SES se voient proposer seulement une espèce de « strapontin ». C’est bien un enseignement annuel permettant une réelle formation des élèves que nous demandons.

Comment voyez vous l’avenir de la filière ES ?

Richard Descoings considère que la série ES ne pose pas problème et qu’à aucun moment, lors des consultations qu’il a menées, on ne lui a fait part du moindre reproche concernant cette voie de formation. Il serait totalement absurde de vouloir remettre en cause ce qui fonctionne. Pour autant, l’APSES considère que des pistes d’amélioration de la série ES mériteraient d’être explorées. Nous pensons ainsi, par exemple, qu’une réflexion devrait être menée pour améliorer la cohérence de la formation dispensée au sein de la série ES en favorisant les mises en synergie des contenus enseignés dans les différentes disciplines (SES, histoire-géographie, mathématiques, philosophie notamment).

Le débat portait aussi sur les contenus enseignés. Les SES étaient accusées de désintérêt envers l’entreprise, voire d’éduquer les jeunes à la contestation du capitalisme et des entreprises. Pensez vous qu’on aille vers une redéfinition des contenus et de « l’esprit » des SES ?

Je souhaite que le temps des procès en idéologie soit révolu. Je pense que l’évolution de la situation économique a démontré une bonne fois pour toute la nécessité de dispenser un enseignement indépendant des groupes de pression quels qu’ils soient. Ceux qui considéraient, il y a peu de temps encore, que la capacité d’autorégulation du marché constituait une vérité économique immuable (et qui prétendaient qu’en conséquence l’enseignement des SES devait être consacré à la transmission de cette vérité) doivent faire preuve dorénavant d’un peu plus de modestie. Mais je crois que la plupart des « malentendus » ont été dissipés.

Au sein de l’APSES, nous souhaitons nous engager dans une phase de réflexion productive qui doit pouvoir déboucher sur des propositions d’amélioration. Il y a sans doute des remarques qui doivent pouvoir être prises en compte (je pense par exemple à la nécessité de clarifier les connaissances, les savoir-faire et les compétences que l’enseignement des SES doit permettre de maîtriser).

De même, les enseignants de SES sont demandeurs d’évolutions qui amélioreraient les conditions d’apprentissage des élèves. Il s’agit notamment de réfléchir aux moyens qui peuvent permettre d’alléger les programmes pour laisser plus de temps à la mise en oeuvre des pratiques pédagogiques favorisant la mise en activité des élèves. Une autre réflexion pourrait aussi être menée autour des modalités d’enseignement qui permettraient de faire davantage de place à l’initiation aux méthodes en sciences sociales. Enfin, la question des modalités d’évaluation (notamment à travers les épreuves du baccalauréat) ne doit pas être délaissée. L’APSES entend prendre toute sa place dans ces réflexions.

L’avenir de la sociologie dans l’enseignement secondaire vous parait il assuré ?

L’avenir des sciences sociales autres que l’économie n’est absolument pas garanti au lycée. Plusieurs lobbys souhaitent la création d’un enseignement d’économie plus ou moins « pratico-pratique » tourné vers la connaissance du monde de l’entreprise.

Il faut rappeler que l’enseignement des SES a pour objectifs de permettre aux élèves de mieux comprendre les enjeux économiques et sociaux contemporains et de les préparer à l’enseignement supérieur. L’enseignement des SES doit en partie sa réussite à sa capacité à rendre intelligibles ces enjeux. Cela suppose tout d’abord que cet enseignement puisse mobiliser des connaissances, des démarches empruntées à différentes sciences sociales mises au service de la compréhension de problématiques économiques et sociales. Cela suppose aussi que cet enseignement permette aux élèves qui le suivent d’acquérir une démarche intellectuelle rigoureuse et une autonomie de réflexion.

Sylvain David

Entretien François Jarraud

Le rapport Guesnerie sur l’enseignement des SES

La commission Guesnerie a remis son rapport sur l’enseignement des sciences économiques et sociales à Xavier Darcos le 3 juillet 2008. Créée pour répondre aux accusations portées par des groupes conservateurs, la commission est allée très loin dans les préconisations, jusqu’à redéfinir les contenus à enseigner.

Pourtant le rapport dresse un tableau positif de la filière ES : les effectifs augmentent et les bacheliers ES réussissent en université; ils ont même un taux de succès en licence supérieur aux bacheliers S. Ce qui pousse la commission à préconiser la généralisation des SES en seconde, là où cette discipline n’est qu’une option actuellement.

Mais c’est pour mieux revoir les contenus. Ainsi l’enseignement est jugé trop critique envers les entreprises…Il est aussi trop vaste. La commission demande le recentrage des SES sur les « fondamentaux ». Les élèves doivent d’abord apprendre des éléments sur les

Le rapport préconise aussi une synergie renforcée avec les enseignements d’histoire et de maths et de faire appel aux jeux « expérimentaux » pour apprendre l’économie.

Enfin, la commission n’hésite pas à critiquer les manuels accusés de véhiculer des caricatures.

Lire sur le Café la présnetation complète du rapport

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2008/07/Lera[…]

Le rapport Guesnerie

http://www.lesechos.fr/medias/2008/0703//300277711.pdf

Concours

Le B.O. spécial n° 6 du 25 juin 2009 publie les programmes des concours 2010. Pour les S.E.S. les programmes concernent les agrégations externe et interne et les capes externe et interne.

Pour l’agrégation externe, le programme concerne :

Programme des épreuves écrites :

Économie

1. Les prélèvements obligatoires.

2. Economie et finance internationales

3. Economie de l’innovation (nouveau thème)

Sociologie

1. Sociologie économique

2. Sociologie de l’éducation

3. Les croyances collectives

Le programme de l’agrégation interne :

Programme de la composition de sciences économiques et sociales, dite épreuve de dissertation : les thèmes proposés en 2009 sont reconduits pour la session 2010.

Économie

1 – Les prélèvements obligatoires.

2 – Economie et finance internationales.

Sociologie

1 – Sociologie économique.

2 – Sociologie de l’éducation.

Des ressources pour faire cours

Une sélection de sites utiles pour revoir ses cours cet été.

Le Guide 2009 du bac et du brevet

Il publie une sélection de ressources pour se préparer et préparer ses élèves au bac. En clair : revoir les cours, s’entraîner, s’auto-évaluer, trouver un interlocuteur.

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2009/[…]

Les meilleurs sites

Le Guide du web pédagogique 2009 a sélectionné pour vous les sites incontournables pour enseigner.

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2009/in[…]

S’entraîner en dehors des cours

Onze académies travaillent à la réalisation d’outils pour le travail de l’élève à la maison. « L’objectif pédagogique consiste à mettre à disposition en amont du cours (pour préparer celui ci) mais aussi en aval (pour valider l’appropriation) des exercices interactifs, intégrant un corrigé, afin de faciliter une activité autonome de l’élève. Les niveaux visés sont première et terminale du fait des inconnues sur le programme de seconde en 2009-2010 » nous dit le site nantais.

http://www2.educnet.education.fr/sections/ses/animation/aam/

http://www.pedagogie.ac-nantes.fr/1226234880236/0/fiche[…]

Kezeco redécouvre les SES

Créé par le Codice (Conseil pour la diffusion de la culture économique,) le site Kezeco devrait aider les jeunes à mieux saisir ce qu’est l’économie. On découvre les aceturs, l’histoire des SES mais aussi des dossiers des chiffres et une » TV éco ».

Kezeco

http://www.kezeco.fr

Apprendre à lire des énoncés

Le GRI SES de Créteil met le logiciel « Lecture d’énoncés » à la disposition des professeurs de SES gratuitement. Il permet un apprentissage interactif de la lecture des énoncés.

http://www.ac-creteil.fr/ses/lecture/sommaire.htm

Des diaporamas pour la seconde

« Dans le cadre de l’appel à propositions académiques sur l’usage des TICE dans l’enseignement secondaire, le projet des Sciences économiques et sociales dans les académies d’Orléans-Tours et de Bordeaux porte sur les usages des services en ligne (réseau,…) pour accompagner le travail scolaire des élèves hors du lycée (mise à disposition de documents pour un travail des élèves en autonomie, échanges entre élèves, échanges entre élèves et professeurs) et sur les usages des nouveaux dispositifs et matériels (TBI, classe mobile, …). L’idée de départ (mai 2007) est de produire et de mettre à disposition des élèves et des professeurs des ressources (avant tout des diaporamas en raison de la non compatibilité des logiciels) dont les établissements s’équiperaient d’un TBI ; l’objectif est de permettre une évaluation formative en classe, au lycée et à la maison ». Le site académique offre des diaporamas pour ordinateurs et TBI qui couvrent les grands thèmes du programme de seconde. Une vraie mine !

http://www.ac-orleans-tours.fr/ses/pedagogie/pedagogie par n[…]

Les cours du LOG

Le lycée ouvert de Grenoble est un établissement d’enseignement à distance destiné aux sportifs et aux malades. Il produit des cours qui peuvent être suivis en autonomie par l’élève. On a donc ici des séquences d’une grande qualité réalisées par des enseignants spécialisés dans l’E.A.D.

Sur le lien social (un diaporama et des exercices) :

http://www.ac-grenoble.fr/disciplines/ses/Content/Pratiqu[…]

Utiliser des ressources de la base de données EDUCNET pour créer un TD sur la lecture de tableau statistiques :

http://www.ac-grenoble.fr/disciplines/ses/Content/Pratique[…]

Description de la création d’un exercice interactif à partir d’une fiche méthode : http://www.ac-grenoble.fr/disciplines/ses/Content/Pratique/[…]

Des exercices d’autoévaluation créés avec MOS Chorus sur différents thèmes en première ES :

http://www.ac-grenoble.fr/disciplines/ses/Content/Pratique/[…]

Des schémas interactifs pour l’enseignement de spécialité en terminale :

http://www.ac-grenoble.fr/disciplines/ses/Content/Pratique/t[…]

Sur la mobilité sociale en terminale (un diaporama et des exercices) :

http://www.ac-grenoble.fr/disciplines/ses/Content/Pratique/t[…]

En pratiques

Trois témoignages sur des pratiques innovantes en SES.

Renaud Chartoire : Faire un site qui ressemble à mes cours

Un prof est-il une machine à enseigner ou un être humain complexe et inattendu ? A coup sur Renaud Chartoire assume, dans sa relation avec ses élèves, la deuxième définition. Sur son site les élèves trouvent des documents pédagogiques mais aussi les choix et les passions de leur prof. C’est pédagogique ?

Il y a de la joie qui sort de vos pages ce qui est assez rare chez les enseignants et peut-être un peu plus chez les profs de SES compte tenu des attaques sur cette discipline. Où la puisez vous ?

Pour moi, enseigner est vraiment l’accomplissement d’un rêve, et comme les SES sont la matière la plus passionnante à enseigner qui soit, je n’ai pas la sensation de faire un métier, mais plus de m’épanouir dans une activité correspond à mes désirs les plus profonds. Participer à la transmission de savoirs issus de la science économique et de la sociologie en donnant des grilles de lectures permettant aux élèves non seulement de se préparer à leurs futurs études, mais aussi de mieux appréhender les grands enjeux économiques et sociaux du monde contemporain ne peut se faire que dans la joie de faire partager son propre plaisir. En plus, en tant qu’élève, je me suis parfois beaucoup ennuyé en cours, alors j’essaie de faire en sorte que mes cours soient un instant où mes élèves soient heureux de venir. J’ai donc cherché à faire un site qui ressemble à mes cours, et c’est d’ailleurs pour cela qu’on y trouve en cherchant bien des vidéos filmées dans mes cours qui peuvent illustrer en partie ce qu’il peut parfois s’y dérouler…

Concernant les attaques que subissent les SES, je dirai la chose suivante : étant quelqu’un de tolérant, je les écoute. Quand elles sont légitimes et dignes d’intérêt, je les prends en compte ; quand elles sont idéologiques et non fondées, elles me poussent encore plus à chercher à montrer à quel point notre enseignement est éloigné de ces caricatures. Je suis intimement persuadé que son introduction dans les enseignements communs de seconde et sa généralisation au moins en tant qu’option à tous les élèves de cycle terminal est non seulement juste, mais fondamentale si l’on veut former correctement les citoyens de demain.

Finalement, la seule chose qui peut parfois me faire perdre cette joie d’enseigner, c’est la relation que je peux avoir avec les services administratifs de mon employeur, et plus particulièrement avec son service de la gestion des ressources humaines. Mais je n’en dirai pas plus, devoir de réserve oblige…

Votre site est extrêmement complet avec des cours et des exercices pour les secondes et terminales, un gros effort pour mettre en évidence ce que vous attendez sur le plan des notions et des méthodes.. Comment ça se passe avec les élèves ? Utilisez vous le site en cours ? Ou est-ce un site de révision « optionnel » ?

Ce site est l’illustration de mes cours, de telle sorte que mes élèves ont déjà en classe la quasi totalité des ressources qu’on y retrouve. Je ne veux pas créer de distinction entre mes élèves en fonction de leur facilité d’accès à Internet. Par contre, je l’utilise en cours dans deux situations : pour projeter des préao en vidéoprojecteur, et pour organiser certaines séances de TD en salle informatique, où les ressources se trouvent sur mon site. Ce site est aussi pour les autres élèves, pour les collègues, et aussi pour moi qui peux trouver en ligne où que je sois tout je dont j’ai besoin pour mes cours. Il résulte d’un principe de don / contre-don : ma mutualisation est une forme de remerciements envers tous mes autres collègues ayant eux aussi mis leurs ressources pédagogiques en ligne ! C’est aussi un outil de communication, qui permet de montrer en particulier aux parents d’élèves ce que font leurs enfants en classe, de manière plus complète que le traditionnel cahier de texte. Cela dit, j’incite mes élèves à y aller, soit pour trouver des exercices en ligne que je ne fais pas en classe, soit tout simplement pour s’immerger encore un peu plus dans les SES même en dehors des cours. C’est pour cela que mon site dispose de parties volontairement ludiques et peu en rapport avec les SES (vidéos où je tente de faire de la musique, photos personnelles, pages relatives à mes goûts musicaux et cinématographiques, références à Star Wars qui est mon autre grande passion avec les SES –je viens d’ailleurs d’écrire un livre intitulé Faire des SES avec Star wars, mais je reste à ce jour en recherche d’éditeur-), mon objectif étant que les élèves, après avoir été attirés par cette partie ludique, cliquent sur des liens les amenant finalement à réviser leurs cours de SES !

Ce dont je suis satisfait, c’est de l’audience croissante des émissions de radio que je mets en ligne. Je co-anime en effet sur une radio associative de Picardie, RVM (radio Valois-Multien) deux émissions hebdomadaires : L’économie pour tous, qui est une présentation vulgarisée des grandes problématiques économiques contemporaines axée sur les programme de SES du lycée, et La fureur de livres, qui est comme son nom l’indique une chronique de livre, dont certains relatifs aux SES.

Avez-vous une idée des usages que les élèves font de votre site ?

Je sais qu’ils y vont, attirés dans un premier temps comme je viens de le dire par la partie ludique, mais les pages les plus vues de mon site ne sont pas celles-ci, mais bien celles relatives aux ressources pédagogiques, et plus particulièrement à tout ce qui concerne le programme de terminale.

J’ai mis en place un sondage sur mon site, qui me permet de voir, si tant est que les personnes y ayant répondu soient représentatifs de l’ensemble des visiteurs du site, que ce sont majoritairement des élèves qui y viennent, dont une part significative d’élèves qui ne proviennent pas des établissements où j’ai enseigné.

En quoi peut il aider les terminales pour le bac ?

On trouve tout ce qui est au fondement du processus d’apprentissage : des plans, des problématiques, des notions, des fiches de révision, des fiches d’autoévaluation sur des devoirs, des sujets corrigés… il y a en plus une partie spécialement réservée aux révisions du bac : http://www.la-revanche-des-ses.fr/Revisionsdubac.html .

Si les SES renvoient aux usages sociaux, quelle « lecture » avez vous de ce site par rapport à une situation d’enseignement ?

La gestion d’un site est dans le droit fil de mon travail d’enseignant ; sur le fond, il contient des contenus qui très majoritairement ont au départ été pensés pour la classe et dont la nature ne changerait pas même si le site n’existait pas ; sur la forme, le travail réalisé est effectué à domicile, ce qui est un aspect du travail de l’enseignant. Maintenant, les ressources présentes ne sauraient de substituer à une situation d’enseignement ; il me semble difficile pour un élève qui ne suivrait pas de cours de s’approprier le programme de terminale par un simple apprentissage à domicile. L’interaction avec l’enseignant reste essentielle, et je conçois les ressources mises à disposition sur Internet comme un complément, un approfondissement ou encore un moyen de vérifier la compréhension des éléments appris en cours.

Ce que les sites changent par contre, c’est la capacité des élèves à trouver ailleurs ce qu’auparavant ils ne trouvaient qu’en classe ; cela induit donc pour l’enseignant une plus grande vigilance dans la notation des devoirs maisons… et de l’exactitude de ses cours !

Une des questions qui se posent aux enseignants en ce moment c’est le décalage entre leurs pratiques sociales, leur utilisation d’Internet et celles des jeunes. Pensez vous que ce site réconcilie un peu tout ça ?

Ce qui est sûr, c’est que mon site est un peu particulier au sens où il mélange sérieux et humour, pratique professionnelle et espace personnel. En ce sens, il se rapproche peut-être un peu des pratiques des jeunes d’aujourd’hui, mais sans que cela n’ait clairement été une motivation consciente de ma part. Comme je le dis souvent, il y a deux motivations à faire ce métier : un désir de connaissance, qui est double : transmettre des connaissances, mais aussi rester au contact de la production de connaissances ; et un désir de reconnaissance, au sens où l’acte de se mettre en scène devant des spectateurs, en l’occurrence ici des élèves, relèvent au moins en partie de ce registre. Ce désir de reconnaissance est important pour moi et je l’assume pleinement, même si je suis conscient qu’il peut surprendre certains collègues qui ne me connaissent pas ; comme l’a dit l’un d’eux dans un message posté sur mon livre d’or, est-ce un site d’éco ou… d’égo ? Je réponds sans hésiter les deux, l’un n’empêchant pas l’autre ; je passe tellement de temps sur mon site qu’il faut aussi qu’il soit une source de satisfaction personnelle, et je trouve dans ce « mélange des genres » entre sérieux et humour la motivation à continuer. De toute façon, je serais bien incapable de faire autrement, à partir du moment où mon site se veut le reflet de ce que je suis en cours…

Quels développements prévoyez vous pour ce site ?

Dans l’idéal, je souhaiterais beaucoup plus l’ouvrir aux autres sites, en indiquant clairement pour chaque partie du cours des liens vers d’autres pages provenant d’autres sites permettant d’approfondir les parties en question. De même, j’aimerais y développer des exercices interactifs réalisés sous hot potatoes, mais je me heurte à une incompatibilité technique entre mon serveur et ce logiciel qui m’empêche pour l’instant de le faire. Mais je ne perds pas espoir ! De même, j’aimerais garder la mise en ligne de toutes les émissions de radio que j’ai faites, mais leur poids est trop lourd par rapport à l’espace dédié à mon site par mon serveur. Jusqu’à présent, elles étaient stockées sur le serveur de mon ancien lycée, mais malheureusement le proviseur vient de changer et les a retirées. Mon problème majeur du moment est donc de trouver un moyen de les remettre en ligne !

Enfin, j’ai l’ambition aussi de proposer bientôt des cours sous forme vidéo, et peut-être aussi les livres que j’écris et qui ne trouvent pas d’éditeur.

Ce qui est sûr, c’est que je tiens à ce qu’il reste gratuit et sans publicité.

Renaud Chartoire

Le site de Renaud Chartoire

http://www.la-revanche-des-ses.fr/

Brises, plus qu’un manuel électronique pour les SES ?

Quelques sites ont marqué l’histoire des TICE et des SES. Brises est de ceux-là. Créé par le CRDP de Lyon, animé par des enseignants il offre à la fois des cours, des exercices et même un service d’aide aux devoirs.

Derrière Brises il y a Frédéric Dussuchalle et une équipe. Comment ça fonctionne ?

BRISES est construit par de nombreux collègues. Actuellement (mais cela change selon les années en fonction des disponibilités de chacun), pour BRISES terminale, nous sommes 7 plus deux autres collègues qui se chargent spécifiquement de développer une rubrique « méthode » intitulée « apprendre à argumenter ». Pour ce qui concerne BRISES secondes, nous sommes actuellement dix. En plus de ces collègues, d’autres collègues nous envoient de temps des choses (notions, exercices, etc.).

Ces collègues forment ce que l’on appelle le Comité de rédaction (il se réunit une fois par mois chez une collègue pour chacune de deux BRISES) qui est chargé de prendre les décisions de développer tel ou tel aspect du site mais aussi de vérifier des contenus publiés.

Concrètement le fonctionnement est le suivant : lors d’un comité de rédaction, le travail est réparti. Un collègue est chargé de rédiger une notion, de construire une activité, etc. Il propose son travail tandis qu’un autre collègue est chargé de la relecture. Ils échangent et s’ils sont d’accord sur le travail de l’un et les améliorations de l’autre, le travail est validé et publié sur le site. En cas de désaccord, c’est l’ensemble du Comité de rédaction qui tranche.

Nous pouvons préciser quelques règles que nous nous sommes fixées : le respect strict du programme (souhait partagé par notre inspecteur), la lisibilité pour un élève normal et notamment pour ceux ayant des difficultés : l’origine du projet était de trouver un moyen d’aider les élèves en difficultés en multipliant les façons de comprendre des notions, des mécanismes par des cours, des exercices voire des parcours diversifiés …

D’autres règles existent. Par exemple, du point de vue technique, nous nous efforçons d’être conformes aux standards internationaux. Cette exigence nous permet ainsi d’être consulté par des élèves amblyopes qui ont beaucoup de difficultés à trouver des manuels en SES.

Les enseignants qui y participent ont tous des classes (sauf une qui s’occupe notamment de tous les aspects techniques) : ils font ce travail donc en plus de leur activité « normale ».

Enfin, nous avons un bureau dans lequel nous pouvons travailler qui se trouve au CRDP de Lyon qui est notre éditeur.

Brises c’est un manuel électronique ou un site de cours en ligne ?

L’utilisation de l’informatique et d’internet ne permet peut-être pas de transposer ce qui existe sous forme papier tel quel sous forme numérique. Sur BRISES, il existe des cours (ce qui n’est pas le cas des manuels de SES) mais aussi de l’interactivité (ce qui est plus qu’un simple cours en ligne). Par exemple, un collègue est spécialement chargé de répondre aux questions des internautes qui portent souvent sur des questions de fond.

Le site compte de nombreux exercices interactifs (400 je crois). Pensez vous développer davantage l’interactivité ?

Effectivement, il existe de nombreux exercices interactifs sur BRISES secondes comme sur BRISES terminale. Par rapport à une aide aux élèves sous forme papier, c’est l’avantage essentiel de la forme numérique et nous comptons bien utiliser à plein cette possibilité.

Les exercices autocorrigés sont évidemment essentiels dans la possibilité d’un apprentissage autonome par les élèves. D’ailleurs cette autonomie peut se faire dans des cadres très divers : en classe, avec un professeur qui guide les élèves dans le site, à la maison lors d’un travail demandé ou proposé par un enseignant ou pour les personnes qui passent le baccalauréat en candidat libre.

Nous souhaitons maintenir l’aspect interactif du site en continuant, par exemple, à répondre rapidement à toutes les questions que nous posent les internautes (dans les commentaires) mais aussi le développer dans deux directions.

La première est l’aide aux devoirs qui devrait être un outil d’aide aux élèves qui nous posent des questions non par rapport à ce qui existe sur le site mais par rapport à leur propres problèmes.

La seconde direction est de créer des forums de discussion (nous en avons pris la décision l’année dernière) pour chaque thème au programme, pour chaque chapitre. Nous avons parfois l’impression que des internautes souhaiteraient utiliser le site pour des débats sur diverses « questions vives ».

Récemment le site a ouvert un service d’aide aux devoirs. En quoi consiste-il ? Cette ouverture a été critiquée par des enseignants. Quel regard jetez vous sur ces critiques ?

Depuis longtemps nous souhaitions développer l’aspect méthodologique dans le site de terminale. Rédiger des fiches méthodes nous semblait faire double emploi avec ce que faisaient les manuels. Nous avons décidé d’abord de développer certains aspects de méthodes à partir de parcours d’apprentissage (c’est la rubrique « apprendre à argumenter » dans les méthodes) qui peuvent se faire de manière autonome (conseils et exercices d’application).

Puis à la suite d’une demande d’une internaute qui nous avait envoyé l’ensemble de son introduction pour nous demander ce qui n’allait pas, nous nous sommes dit qu’un certain nombre d’internautes étaient prêts à nous envoyer leur production pour qu’on puisse leur donner des conseils et qu’il fallait exploiter cette voie. Après de nombreuses discussions, nous nous sommes dits qu’il fallait construire quelque chose qui ressemble un peu à un forum sur lequel tout internaute pouvait nous envoyer son travail et les autres (pas seulement les membres de BRISES !) lui donner des conseils.

En ce qui concerne les critiques que des collègues nous ont fait connaître, il est évident que nous avons été les premiers à nous les faire entre nous ! Bien sûr, c’est le rôle du professeur de donner des conseils d’autant qu’il connaît mieux que nous ses élèves, leurs difficultés, leurs progrès et leurs blocages. Donc, il ne s’agit pas pour nous de nous substituer aux professeurs … surtout pour corriger des copies ! Plus modestement et simplement, il s’agit pour nous de donner des conseils sur des problèmes précis (la rédaction d’une introduction pour reprendre le cas précédent) conseils que nous avons du mal nous même à expliciter de manière fine à nos élèves, faute de temps. Autre exemple : le plus souvent lorsque nous écrivons « à approfondir » dans la marge, nous n’en disons pas bien plus sauf à le faire de manière plus globale à toute la classe, de manière peu individualisée. Individualiser la correction et le rendre plus explicite est donc un objectif pour nous ici.

Une autre critique nous avait été adressée lorsque nous avons présenté cette nouvelle rubrique à un cercle élargi de collègues, ayant participé de prêt ou de loin au développement de BRISES puis lors d’un stage de formation. Certains collègues craignaient que les élèves envoient leur devoir avant de le rendre aux professeurs. Nous avons essayé de réduire ce risque dans l’organisation même de la rubrique (quel question posée, quels reproches est-il fait etc.). De plus, nous ne répondons pas dans la minute aux demandes des internautes : il y a un délai !! Leur envoi et leur demande doivent être validées avant d’être publiée sur le site pour être ensuite l’objet d’une réponse. Voilà quelques gardes-fous que nous avons trouvé pour éviter ce genre de pratique.

Dernière remarque sur ces critiques. La crainte due l’on nous demande de renoter un devoir. Il est clairement indiquer aux internautes que notre objectif n’est pas de revoir le travail des professeurs mais de donner des conseils aux élèves, plus détaillés que ne peuvent le faire leur professeur. Nous ne pensons pas que des milliers d’élèves aient vraiment le temps de faire l’ensemble des démarches nécessaire (numériser une partie de leur devoir, les documents) sauf s’ils sont face à une difficulté qu’ils n’arrivent pas à surmonter.

Et sur l’évolution générale du site par rapport à l’enseignement « moyen traditionnel » ?

Dans l’académie de Lyon, dans laquelle nous enseignons presque tous, il y avait bien sûr une tendance à considérer l’informatique comme un moyen technique qui risque de remplacer le professeur. Il me semble que cette opposition existe toujours mais régresse. Les enseignants perçoivent de plus en plus BRISES comme une ressource qu’ils peuvent mobiliser durant leurs cours malgré les contraintes (salle informatique à réserver, classes à petits effectifs, etc.).

Cependant, l’usage semble pour l’instant limité à des séquences spécifiques lorsqu’il est utilisé en classe avec les élèves. Cela n’est pas vraiment étonnant puisque construire son propre cours est peut-être une des activités les plus appréciées par les collègues … simplement il est plus fréquent sans doute de considérer BRISES aujourd’hui comme une ressource parmi d’autres plutôt que comme un substitut complet au cours du professeur.

Frédéric Dussuchalle

Entretien François Jarraud

Brises :

http://brises.org/

L’utilisation du son en SES

« Il y a de cela un an, je m’étais engagé à fournir un polycop relatif au premier auteur vu en enseignement de spécialité, Smith. La perspective d’un tête à tête avec Word durant quelques soirées m’enthousiasmait modérément. Récapitulant mentalement les quelques moyens déjà envisagés de rendre la peine moins douloureuse, j’ai songé aux essais, peu concluants, que j’avais effectués avec Dragon Naturally Speaking (un programme de reconnaissance de la parole) et j’en suis arrivé à l’idée de mettre à disposition des élèves (via téléchargement sur un site pédagogique que j’administre et auquel ils ont accès) non pas un document écrit que j’aurais dicté (DNS) mais un document audio. Le retour des élèves sur cette expérience a été assez positif, un certain nombre d’entre eux soulignant la nécessaire mise en activité qu’il requérait de leur part vs. la passivité induite par les polycops. » M. Libert propose ainsi ses courts et supports de cours sur A Smith. Un exemple à méditer !

http://ses.ac-bordeaux.fr/spip_ses/article.php3?id[…]