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Par François Jarraud

« Peut-être plus encore que l’isolement des inspections générales françaises, c’est l’isolement de la politique éducative française qui apparaît dans ces débats européens ». Mine de rien, Françoise Mallet, inspectrice générale, ne mâche pas ses mots. Dans la Revue de l’inspection générale elle rend compte sans voiles de sa participation à un congrès de la SICI, une association d’inspecteurs généraux européens.

Entre étonnement réel et faux apitoiement (« ah ! vous en êtes encore là en France ! »), elle raconte à quel point l’inspection « à la française » est devenue obsolète en Europe.  » L’inspecteur général venant de France ressent rapidement le caractère très décalé de sa présence au milieu d’une telle assemblée » écrit-elle. « Il écoute avec attention les collègues, sans pouvoir participer à leurs débats, dans un relatif isolement culturel franco-français. En effet, quelles «bonnes pratiques» d’évaluation d’établissements présenter aux autres pays, quand en France l’inspection générale n’en fait pas ?… et les inspections territoriales non plus, du moins pas avec un tel degré d’exigence et d’exhaustivité? Quelle contribution apporter à la réflexion sur l’assurance-qualité dans les écoles, alors qu’il n’a jamais utilisé ce concept ?… Ceci parce qu’un peu partout en Europe s’est imposée l’idée que la qualité de l’enseignement est d’abord l’affaire des établissements euxmêmes. Les établissements disposant d’une dose d’autonomie pédagogique et budgétaire doivent s’employer à tirer le meilleur parti de leurs ressources et de leurs élèves, quelle que soit la situation de départ de ces derniers ».

Autre déplacement de frontière : la réflexion de Roger-François Gauthier sur les rapports entre inspection générale et les savoirs sur l’Ecole.  » La question des connaissances disponibles sur l’École est aujourd’hui devenue une question stratégique. Aussi l’inspection générale devrait-elle prendre l’initiative de se la poser afin de s’adapter aux changements et, autant que possible, de permettre à l’institution de bien les gérer ». Dans un système éducatif où le pilotage va se porter sur l’évaluation objective des résultats, seule la capacité de l’Inspection à changer ses méthodes d’évaluation peut lui laisser jouer un rôle pilote à l’avenir. Voilà décidément un numéro qui interroge avec tellement de force ce grand corps qu’il témoigne de ses capacités d’évolution.

La revue de l’inspection générale, L’inspection générale à l’heure des changements, numéro 5 – octobre 2008

La revue

http://www.education.gouv.fr/cid23544/la-revue-inspection-generale.html

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