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Par François Jarraud

C’est un des échecs de Xavier Darcos. La réforme ambitieuse du lycée qu’il avait lancé a sombré. En décembre 2008, il a annoncé un report d’un an. Le dossier a été repris par R Descoings qui a largement consulté et finalement rendu un rapport. Un autre rapport a été remis par le député UMP (maintenant ministre) B Apparu. Il revient à Luc Chatel de mener une réforme ou d’enterrer le sujet à l’aide d’une réformette. Le ministre annonce qu’il rendra sa décision en octobre.

Lycée : la réforme différée

Xavier Darcos « a décidé de laisser plus de temps pour la mise en œuvre de la réforme de la classe de seconde initialement prévue à la rentrée 2009 dans le cadre de la réforme du lycée ». Dans un communiqué,le 15 décembre 2008, Xavier Darcos fait savoir que celle-ci est repoussée d’un an.

La raison invoquée est la sécurité des lycéens et des personnels face aux manifestations parfois violentes.  » Depuis des semaines, ce consensus est menacé par les attaques répétées des opposants à tout progrès du système éducatif qui n’hésitent pas à propager les rumeurs les plus infondées notamment sur la nature et les finalités de cette réforme. Par conséquent, dans ce contexte qui expose la sécurité des lycéens et des personnels, les conditions d’un dialogue serein et responsable ne sont plus réunies ».

Pour lui , « c’est tout le contraire d’un enterrement de la réforme, c’est le seul moyen de garantir que l’on pourra aller plus avant ». Au ministère on faisait savoir que « ce qui est sûr, c’est que le ministre veut reprendre une très large discussion, à partir des points de convergence établis en juin avec l’ensemble des organisations syndicales, y compris lycéennes et que cette discussion devrait s’ouvrir sur l’ensemble des questions liées à la réforme du lycée : place des disciplines, rôle des enseignants, place des lycéens ». On insistait sur le fait que « la réforme est toujours d’actualité ». L’annonce que la réforme serait repoussée à 2010, a été accueillie favorablement par les organisations.

Pour le Sgen-CFDT, « ce délai de concertation supplémentaire doit être mis à profit pour approfondir et mettre en cohérence cette réforme de la classe de seconde avec un nouveau cycle terminal qui doit déboucher sur un lycée de la réussite pour les élèves et une amélioration des conditions de travail des personnels. » C’est aussi l’opinion des organisations de ‘l’appel pour la réforme » pour qui « enterrer la réforme, suite aux multiples pressions particulières, est à présent un vrai risque : ce serait inacceptable tant une rénovation du lycée est indispensable ! » A Nantes, Jacques Auxiette, président du conseil régional, demande que la discussion se fasse à l’avenir avec les partenaires que sont les régions. Le Se-Unsa « continue à estimer qu’une réforme du lycée est indispensable dans l’intérêt de la réussite des élèves. Il fera donc à nouveau valoir ses mandats sur le sujet. »

Communiqué

http://www.education.gouv.fr/cid23215/reforme-de-la-classe[…]

Communiqué

http://www.lemonde.fr/politique/article/2008/12/15/reforme[…]

Appel des 20

http://www.sgen-cfdt.org/actu/article1870.html

Incontournable réforme

Xavier Darcos n’est pas le premier ministre de l’éducation à devoir stopper une réforme. Pour rester dans l’histoire récente, on se rappelle de la réforme Fillon en 2005, de celle de Luc Ferry en 2004 ou encore de la loi Bayrou en 1994. Xavier Darcos n’est pas non plus le seul à avoir péché par excès d’assurance et son « je ne sui spas le ministre de l’hésitation nationale » trouve un écho dans les propos de ses prédécesseurs.

Ajoutons que quand le ministre affirme que  » c’est tout le contraire d’un enterrement de la réforme », les exemples précédents donnent à penser qu’une réforme stoppée est souvent enterrée.

Il pourrait pourtant en être autrement pour cette réforme du lycée. D’abord parce qu’une partie non négligeable de la profession est acquise à l’idée d’un changement profond du lycée. Une vingtaine d’associations et syndicats se sont regroupés pour pousser en ce sens. Un cercle encore plus large s’état reconnu dans un document de pilotage.

Ensuite parce qu’aucune des raisons qui poussent au changement n’a obtenu de réponse. Il est urgent pour le lycée français de diminuer son taux de redoublement. Il est urgent d’améliorer l’orientation et de revoir l’organisation en filières.. Il est urgent de mettre en palce des formules de tutorat actif. IL est urgent de développer les capacités des élève sà l’autonomie. Plus que l’équilibre entre els filières, c’est l’exigence de démocratisation du lycée qui a besoin cette réfrme.

Meirieu : Une réforme reste indispensable

« A mes yeux, si cette réforme des lycées n’était pas prête, et si j’en désapprouve de nombreuses mesures, il est néanmoins absolument indispensable de s’attaquer à une vraie transformation de l’enseignement secondaire ». Dans Le Monde, Philippe Meirieu revient sur la réforme ratée de X Darcos pour plaider la cause d’une transformation du lycée.

« Il ne faudrait pas que le report de la réforme actuelle soit une nouvelle victoire des conservatismes grâce à l’alliance de ceux qui trouvaient que la réforme n’allait pas assez loin et de ceux qui trouvaient qu’elle allait trop loin. Cette alliance est mortifère pour la société française, dans tous les domaines.  »

Le texte du chat

http://www.lemonde.fr/societe/article/2008/12/17/philippe-m[…]

Le dossier

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/99_Lycee[…]

Lycée : La réforme expérimentée

Alors que les consultations sur la réforme des lycées continuent, Xavier Darcos autorise 115 lycées à l’expérimenter.

Le ministère mise sur l’expérimentation

« Une réforme générale du lycée, est-ce le bon point d’entrée ? Est-ce qu’on a pas d’intérêt à prévoir des expérimentations ? » Auditionné par la Mission d’information de l’Assemblée nationale sur la réforme du lycée, le directeur de l’enseignement supérieur, Patrick Hetzel, a défendu le principe de l’expérimentation, rapporte l’AFP, face « aux corporatismes ».

Dépêche AFP

http://www.vousnousils.fr/page.php?P=data/autour_de_nou[…]

Lycée, réforme impossible ?

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/99_Ly[…]

115 lycées testeront la réforme Darcos

« Sans la crise, ma réforme du lycée aurait peut-être été mieux comprise ». Xavier Darcos se confie à Denis Peiron dans La Croix. Pour lui c’est la crise, en modifiant le climat social et politique, qui a amené à retarder la réforme du lycée.

Le ministre continue à en défendre les principes et annonce que 115 établissements l’expérimenteront à la rentrée. Un lycée sur dix (250) a proposé une expérimentation.

Article de La Croix

http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2370454[…]

Réforme du lycée : des propositions Apparu à la réformette Descoings : beaucoup de bruit pour rien ?

A quelques jours de distance, deux rapports sur l’avenir du lycée ont été rendus public. Celui du député UMP Benoist Apparu aboutirait à une refondation réelle du lycée. Le rapport Descoings propose de simples aménagements du vieux lycée.

Le rapport Apparu : pour un nouveau lycée ?

Nouveaux programmes, nouvelle organisation des enseignements, nouveau prof, nouveau bac, nouvelle pédagogie : la rapport Apparu propose une refonte d’ensemble du système éducatif. Travail de la mission d’information parlementaire sur la réforme du lycée, dont le rapporteur est Benoist Apparu, le rapport n’a pas été adopté par les députés socialistes de la mission.

Un nouveau système. Estimant le découpage actuel « dépassé », inquiet du taux d’échec et de redoublement, B Apparu propose un nouveau découpage de l’Ecole avec une grande école fondamentale regroupant l’école et le collège sur le socle commun, suivie par 100% des jeunes, un cycle lycée – licence et enfin un cycle supérieur long (master doctorat). Du coup le lycée est perçu comme le début du supérieur et devrait permettre d’atteindre les objectifs euroépens : 50% des jeunes diplômés du supérieur.

Une seconde de détermination. B Apparu souhaite faire passer la seconde du « tri sélectif » à une véritable année de détermination. Pour cela, les enseignements y sont divisés en trois parties : un tronc commun (francais, maths, histoire-géo, sciences expérimentales, langues et eps, pour 21h , soit 70% du temps. S’ajouteraient 2 modules de spécialisation et 2 modules de découverte : sciences économiques et sociales et disciplines technologiques (gestion etc.), le tout représentant 20% du temps d’enseignement soit 6 heures. « La seconde doit permettre de sortir des cours magistraux » et donc elle comprendrait 10% du temps, soit 3heures en accompagnement. Le temps de présence au lycée comprendrait aussi 5 heures de travail personnel au lycée.

Suivie d’un cycle terminal de spécialisation. La première et la terminale seraient graduellement spécialisées. Le rapport prévoit une première générale et une première technologique dans lesquelles des enseignements d’approfondissement représenteraient 40% du temps scolaire. En terminale ils pèseraient 50%. « La formule de spécialisation progressive permettrait des réorientations à mi-chemin de première ou en fin de première.

La réforme du bac, mise en œuvre dès 2012, verrait le nombre d’épreuves diminuer : français, histoire-géo, philosophie, et deux épreuves de spécialisation seulement auxquelles s’ajouterait une épreuve sur projet personnalisé défendue devant un jury. Tous les autres enseignements seraient évalués en cours de formation.

Une autre pédagogie. Le rapport prévoit de consacrer 10% du temps scolaire à l’accompagnement des élèves. « Ces enseignements d’accompagnement doivent se présenter sous la forme d’un menu, offrant à chaque élève un droit de tirage sur différents modes de prise en charge pédagogique, en particulier : des enseignements de méthodologie ou des modules de préparation à l’enseignement supérieur ; une aide individualisée (aide aux devoirs, à la rédaction, au raisonnement, un exercice ou un devoir étant repris et décortiqué) ; des activités pluridisciplinaires ; une aide à l’orientation ; des travaux de recherche encadrés, notamment au centre de documentation et d’information ». Le rapport demande aussi aux enseignants de changer detype d’évaluation. Il prévoit aussi que chaque lycéen disposera d’un professeur référent.

Un autre lycéen. Le lycéen verra son temps scolaire ne pas dépasser 35 heures hebdomadaires soit en seconde 21 h de cours de trinc commun, 6 h de spécialisation et 3 h d’accompagnement. Pourront s’y ajouter 5 heures d’études. L’accompagnement devrait donner de la souplesse au corps. Un autre élément de souplesse sont les sas d’orientation l’été qui permettront de changer de filière ou d’éviter le redoublement.

La réforme de l’orientation. B Apparu souhaite ramener les copsys dans les établissements scolaires. Il envisage d’informer davantage les familles et le sélèves sur les possibilités d’orientation.

Un nouveau prof. Le rapport prévoit que l’accompagnement soit inclus dans le temps de service et les missions des enseignants qui feraient moins de cours.

Sur bien des points (modules, spécialisation tardive, accompagnement etc.), le rapport renoue avec les propositions Gaudemar. Sans supprimer les filières, il cherche à ajouter de la mobilité dans le lycée.

Le dossier de presse

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Documents/docsjo[…]

Lycée : réforme impossible ?

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Apparu : bien sous tout rapport ?

Le rapport Apparu est-il audible ? On ferait plutôt le pari contraire tant il est recouvert, dès sa publication, de condamnations. Si proposer une réforme ,n’a jamais été facile dans l’éducation, c’est particulièrement difficile dans le climat actuel qui n’est pas particulièrement riche de confiance…

Et certaines critiques portées sur le rapport Apparu sont recevables. Il est vrai qu’il sauve les filières. Il est exact qu’il véhicule une conception très conservatrice de l’orientation. Il est non moins exact qu’il faut l’impasse sur les TIC comme si ce n’etait pas un élément )à prendre en compte pour imaginer le lycée de demain.

Malgré tout le rapport nous semble une base de débats particulièrement riche. On pourra souligner l’importance accordée à un travail final du style TPE. Ou encore le souci bien réel des inégalités sociales dans l’organisation du lycée. Ou encore la réelle modernisation du métier d’enseignant avec la prise en compte de l’accompagnement des étudiants. La lutte contre le redoublement. La volonté d’évaluer autrement…

La meilleure offre ? Avec ses maladresses, le rapport Apparu permet de lancer dès maintenant le nécessaire débat sur la réforme du lycée en bénéficiant d’un texte qui pose de façon très perspicace certaines questions. Peut-on louper cette opportunité et refuser l’opportunité de construire le lycée du XXIme siècle

Apparu : Un rapport accueilli avec scepticisme

Avant même la publication du rapport, plusieurs syndicats, dont le Snes et le Snalc, avaient pris position contre les expérimentations et la réforme. D’autres syndicats, plus favorables à une réforme, se sont regroupés en un groupe de réflexion. Ils accueillent avec réserve le projet Apparu.

Pour le Sgen-Cfdt, « Benoist Apparu reprend un certain nombre de propositions que le Sgen-CFDT partage avec le groupe « De l’ambition pour la réforme des lycées » : la classe de seconde qui doit être une année de détermination et non pas de tri, l’organisation des enseignements en trois pôles (tronc commun, exploration/approfondissement, accompagnement), l’inscription de l’accompagnement dans l’horaire élève et dans le service des enseignants, le professeur référent, la réduction de l’horaire de cours et la prise en compte sur le temps du lycée du travail individuel des élèves, la nécessité de supprimer les redoublements et d’offrir aux élèves la possibilité de revenir sur leurs choix, le recours à des formes variées d’évaluation et la réforme du baccalauréat ». Mais le syndicat juge que « ces propositions sont contredites par le maintien d’un système de voies et séries inévitablement hiérarchisées… Une certaine frilosité empêche de prendre en compte la semestrialisation et conduit à proposer la remédiation en dehors du temps scolaire (stages d’été) comme seule alternative au redoublement… Se dessine un projet de réforme manquant de cohérence, d’autant plus qu’au-delà des propositions de modifications de structures, il manque l’affirmation des objectifs éducatifs et pédagogiques propres au lycée ». Le Se-Unsa retrouve dans le rapport nombre de ses propositions mais le syndicat s’interroge sur les moyens.  » A quelques jours de la publication des « recommandations » de Richard Descoings, le SE-UNSA s’interroge : qui s’en saisira, et avec quels moyens ? »

Premiers intéressés, les lycéens de l’UNL dénoncent « de nombreuses propositions potentiellement porteuses d’inégalités territoriales et sociales telles que la modularité des enseignements ou le contrôle continu au Bac… Aussi, l’UNL dénonce l’absence de propositions sur la vie et la démocratie lycéenne, ainsi que sur l’accès à la culture et le statut du lycéen. Cette absence est révélatrice d’un projet éducatif qui n’accorde pas au lycéen sa place d’acteur de l’école et de la société ».

Le Snes manifeste son hostilité au rapport. « Les 30 propositions sur le lycée de la mission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale…. Concentrent tout ce que les personnels combattent » annonce un communiqué du Snes. Le syndicat cite en exemple « le transfert de l’orientation… aux régions, la réduction du nombre d’épreuves terminales au baccaluaréat.., une redéfinition du métier d’enseignant ». A la veille de la publication du rapport Apparu, le Snes avait signé avec le Snalc et d’autres organisations un communiqué hostile à a réforme du lycée.

Pour le principal syndicat de chefs d’établissement, le Snpden, le rapport Apparu sur le lycée développe « des pistes intéressantes qui recroisent de nombreuses attentes du Snpden ». Le syndicat cite une seconde de détermination, la cohérence cycle terminal – enseignement supérieur, le triptyque enseignement général – approfondissement / exploration et accompagnement, l’affirmation de la voie technologique, l’allègement du bac.

Le Snpden est plus réservé sur d’autres propositions comme « le passage suspensif », les formules retenues pour l’évaluation des établissements.

Communiqué se-Unsa

http://www.se-unsa.org/spip.php?article1684

Communiqué UNL

http://www.unl-fr.org/actu_view.php?id=407

Communiqué Snes

http://www.snes.edu/spip.php?article17103

Benoist Apparu : « Certains éléments de mon rapport pourront être repris »

Alors que le rapport Descoings a éveillé peu de passions, le rapport du député Benoist Apparu sur la réforme du lycée, publié quelques jours auparavant, a ses partisans et ses adversaires. Quel peut être l’avenir de ce texte après la publication d’un document plus consensuel ? Quels éléments font sa force ? Benoist Apparu répond à nos questions.

Les projets de réforme se sont succédés ces dernières années. Il y a eu la tentative de réforme du bac. Celle du lycée, stoppée net fin 2008. Pensez-vous qu’on puisse mener à bien une réforme dans l’éducation nationale ?

Oui, bien sûr que c’est possible. Cela peut être délicat, difficile, voire compliqué. Mais ça s’est fait. L’éducation nationale a beaucoup changé. Récemment on peut citer en exemple la réforme LMD dans le supérieur. Il peut y avoir des retards mais des changements sont possibles.

Aujourd’hui, après la publication du rapport Descoings, comment voyez-vous l’avenir de votre projet pour le lycée ?

Des éléments vont sûrement aboutir à un moment ou à un autre. Je ne peux pas dire que mon rapport sera appliqué à 100%. Mais j’ai ouvert des pistes. Le gouvernement fera son marché dans les deux projets. Celui de R. Descoings semble plus facile à appliquer tout de suite. Si Xavier Darcos vise la rapidité il s’en inspirera. Mais certains éléments de mon rapport pourront être repris.

Justement il suscite à la fois des soutiens et des oppositions. Avez-vous identifié où se trouvent celles-ci ?

Je pense que le point plus difficile c’est l’objectif des 35 heures de classe par semaine que j’ai fixé comme un maximum pour les lycéens. Car le mettre en place implique une réforme des contenus disciplinaires. Et là il y a une résistance monstrueuse. C’est très difficile de faire accepter une réduction du temps d’enseignement en français, en maths… Si on veut éviter un lycée light et maintenir un fort volume de connaissances alors il faut réorganiser les champs disciplinaires. Et ça c’est une vraie révolution car les enseignants font toute leur carrière dans un seul champ disciplinaire. Je peux donc craindre pour mon projet l’opposition des associations de spécialistes. Du coté syndical, certains manifestent une opposition totale comme le Snes ou le Snalc. D’autres sont plus positifs.

Alors pourquoi en faites vous un point central de votre projet ?

Cela part de l’idée qu’aujourd’hui la plus forte inégalité au lycée est entre ceux qui disposent de l’aide de leur famille ou qui utilisent les services d’enseignement supplémentaire et ceux qui ne sont pas aidés. L’idée c’est que tout le travail scolaire qui se fait à l’intérieur du lycée est un élément d’égalité des chances.

Et puis le temps total passé au lycée est trop lourd. Aujourd’hui entre les cours et les devoirs à la maison on atteint environ 50 heures hebdomadaires. Je propose de redescendre à 35 heures au total. Il y aurait 30 heures pour le tronc commun disciplinaire et les heures d’accompagnement, et 5 heures d’études pour faire ses devoirs. Ca veut dire que les enseignants feront autre chose que faire cours.

C’est un véritable nouveau métier qui se dessine. Mais c’est possible car nous avons l’opportunité des départs massifs à la retraite et une réforme de la formation des enseignants.

Si vous vous souciez d’égalité des chances, alors pourquoi réformer le bac ? On sait que l’épreuve anonyme du bac est plus juste. Un contrôle continu renforcerait les inégalités dans les évaluations aux dépens des plus faibles.

Mais je n’ai jamais parlé de mettre du contrôle continu au bac. J’ai parlé de mettre plusieurs épreuves en contrôle en cours de formation. Rien n’empêchera les établissements de changer les correcteurs, de rendre les copies anonymes.

Mais je veux revenir sur la semaine de 35 heures. Si on la met en place, il faudra être cohérent et rallonger l’année scolaire. Aujourd’hui le mois de juin est tronqué de la moitié ou des trois quarts. Si on veut raccourcir la semaine de cours il faudra bien allonger l’année pour garder des contenus disciplinaires suffisants.

Des changements aussi importants peuvent-ils être ordonnés par en haut pour redescendre dans les établissements ?

Il y a un moment où soit on donne l’autonomie aux établissements, soit il faut que quelqu’un décide. On est dans ce cas et le système ne peut se réformer que par en haut. D’autant qu’envisager une concertation avec 300 000 profs , ce n’est guère possible… D’ailleurs on voit bien que dans les réformes récentes, comme au primaire, ça se passe bien. Les quelques oppositions ne doivent pas être généralisées.

Benoist Apparu

Entretien François Jarraud

Sur le rapport Apparu : présentation de la réforme et réactions

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2009/05/28052[…]

Sur le rapport Descoings : présentation de la réforme et réactions

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2009/06/03[…]

Le rapport Descoings débouche sur un lycée ravalé

Richard Descoings a remis au président de la République son rapport sur la réforme du lycée le 2 juin. Il recommande de remettre à plus tard une refondation du lycée et de  » concentrer la « réforme du lycée » sur un certain nombre de sujets précis ». L’Elysée a fait savoir que certains point feraient l’objet d’une application à la rentrée 2010.

Le rapport s’articule en 5 chapitres traités de façon très inégale. C’est le chapitre sur l’orientation qui est le plus fourni. R. Descoings y fustige  » la rigidité du système et (le) peu de prise en compte de l’individu, de son goût, de son potentiel réel et de son droit à l’erreur » résultant du « cloisonnement des filières et (de) la disparition dans les faits des passerelles et des classes d’adaptation qui permettent de changer d’orientation ». Pour lui , « construire un système d’orientation juste et éclairé suppose une révolution copernicienne. D’appendice du système éducatif, elle doit en devenir la colonne vertébrale. De décision couperet et subie, elle devrait se faire questionnement, choix mûris longuement, actifs et éclairés. L’orientation doit ainsi se fonder comme un processus inscrit dans un temps long, incluant les années collège et les années lycée, devenir familière ».

Il préconise un travail d’orientation conçu tout au long de la scolarité, à travers des stages, des enquêtes sur un temps inclus dans le temps scolaire, suivi par un « carnet d’orientation ». Les lycéens devraient tous faire un stage en entreprise, bénéficier de partenariats conclus entre lycée et établissement d’enseignement supérieur. Il insiste sur la nécessité d’informer de façon égale toutes les familles.

S’il insiste sur le droit à l’erreur et la nécessité de classes passerelles, certaines propositions semblent assez dangereuses comme les réorientations en cours d’année. « en accord avec les familles et sur proposition du professeur principal pour des élèves en situation d’échec… Il appartiendrait alors au chef d’établissement de garantir une passerelle vers une autre classe, et le cas échéant, vers un autre établissement du bassin ». On imagine quel usage pourrait être fait dans certains établissements de ce « droit ».

Le chapitre sur la redéfinition du rôle du lycée invite à mettre en place des « poles de prévention » et de l’accompagnement scolaire en mobilisant les étudiants en master. Il insiste sur la nécessité de maintenir ouvert le CDI sur de longues plages horaires en utilisant des élèves encadrés par les professeurs documentalistes.

Pourtant R. Descoings maintient les filières. Il critique la prédominance de la série S qui devient « pour certains lycéens un choix par défaut », phénomène en effet mis en valeur dans un rapport de l’Inspection générale. Il souhaite maintenir la voie technologique, « source de progrès démocratique » à coté de la voie générale. Ce qu’il préconise c’est d’enseigner les mêmes enseignements de découverte à tous les lycéens de seconde de façon à permettre un vrai choix (il faut sans doute comprendre enseigner les SES et un enseignement technologique à tous). Pour renforcer la rénovation des filières technologiques il propose de faciliter l’accès à l’enseignement supérieur (en BTS ou IUT) et de rénover la filière STI « pour en faire une filière de pointe ». S’agissant de la voie générale, il reprend les recommandations de l’inspection générale pour revaloriser la filière L en y ajoutant un enseignement scientifique et du droit.

Tout un chapitre est consacré à la rénovation de l’enseignement et des modes d’évaluation. On a là un catalogue de recommandations souvent justes mais de faible ampleur ou assez naïves. Qui s’opposerait à associer les élèves à leur évaluation ? Qui serait contre le renforcement de l’oral ou des cours méthodologiques ? R Descoings va jusqu’à évoquer le retour « de l’esprit ciné club »… Certaines paraissent dangereuses. S’il n’est pas mauvais pour un lycéen de suivre un temps d’enseignement à l’étranger fait-il le généraliser ? Que penser d’un doit à « une année de césure » quand on connaît le taux de décrochage ? A noter que la méthode Antibi n’est même pas évoquée par le rapport.

Peu élaboré également est le chapitre sur le refonte des missions de l’enseignant et des emplois du temps. R Descoings préconise de terminer les cours à 15 heures, ceux-ci étant suivis par un temps d’accompagnement. Visiblement ce chapitre n’a pas été creusé davantage car il n’est pas d’actualité.

En conclusion, R Descoings propose trois choix à N Sarkozy. Le premier c’est ne rien changer.  » S’il était retenu, ce choix serait explosif. Le degré d’inégalité supporté par les spoliés du système devient proprement insupportable ». Le deuxième choix c’est « de concentrer la « réforme du lycée » sur un certain nombre de sujets précis, qu’il y a urgence à traiter ». Il cite : l’orientation, la revalorisation de la voie technologique et de son image, la rénovation des filières STI, le rééquilibrage des séries au sein de la voie générale, la revalorisation de la voie technologique et de son image, la rénovation des épreuves du Bac en langue pour harmoniser la nature des épreuves avec les objectifs de la formation tout au long des 3 années du lycée, d’une part, et d’autre part, pour harmoniser les épreuves d’une série à l’autre dans la voie générale, et entre les deux voies générale et technologique ». Enfin « tendre vers la diminution du nombre des élèves par division en classe de Seconde en tenant compte de leur hétérogénéité et des disciplines enseignées » et « une nouvelle étape de la démocratie lycéenne par une participation plus grande aux processus de décision concernant la vie scolaire et une reconnaissance des engagements lycéens ». Le troisième choix possible serait de « lancer une vaste concertation sur une véritable refondation du lycée » mais R Descoings estime que les conditions ne sont pas remplies pour le moment.

A l’issue de la remise du rapport, l’Elysée a fait savoir que le rapport serait suivi d’un nouveau temps de débat « afin que puissent être conçues des mesures opérationnelles que le Gouvernement devra appliquer en concertation avec l’ensemble des partenaires de l’école. L’objectif est une entrée en vigueur de tout ou partie de ces mesures dès la rentrée 2010 ». Pour N Sarkozy le débat devrait concerner l’aide à l’orientation, le développement d’un temps d’accompagnement à côté des cours magistraux, la revalorisation de la voie technologique, en particulier de la série industrielle, le rééquilibrage des séries de la voie générale, la maîtrise des langues vivantes étrangères, la valorisation de l’engagement des jeunes ».

Xavier Darcos s’est montré plus précis lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale le 2 juin. Il a annoncé que le rapport serait envoyé dans les lycées. Sur son application il s’est un peu éloigné du texte présidentiel en estimant que les rapports Apparu et Descoings semblent  » aller dans le même sens » et en précisant que les préconisations retenues concernent « l’orientation, le rééquilibrage des filières, le statut des langues vivantes, la priorité qu’il faut redonner à la maîtrise de la langue française, mais aussi l’organisation du temps du travail – il n’y a aucune raison, en effet, que les lycéens travaillent plus que les 35 heures que doivent faire leurs propres parents ».

Dans un entretien accordé au Monde, R Descoings estime qu’il « faut arrêter de rêver au grand soir de l’éducation, et commencer par améliorer ce qui peut l’être ». C’est en effet sous cet angle que se situe sa contribution. Mais c’est avouer qu’il n’y aura qu’un replâtrage du lycée pourtant fermement condamné par R Descoings et X Darcos. Il appartiendra au futur ministre de l’éducation nationale, qui pourrait être M. Descoings, de nous convaincre que la réformette ne se limite pas aux recommandations de la RGPP.

Le rapport

http://blog.lyceepourtous.fr/wp-content/uploads/rapportcon[…]

Entretien avec R Descoings dans Le Monde

http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/06/02/richard-d[…]

Communiqué Elysee

http://www.elysee.fr/documents/index.php?lang=fr&mode=vie[…]

Réponse de X Darcos à l’Assemblée

http://www.assemblee-nationale.fr/13/cri/provisoire/P20090255.asp

Notre dossier réforme du lycée

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2008/2008[…]

Sur le rapport Apparu

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2009/05/2805[…]

Article de JL Auduc

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2009/Forma[…]

Les réactions au rapport Descoings

Des conservateurs aux réformistes, des profs aux élèves le rapport Descoings ne mécontente personne. Mais est-ce un bon signe ?

Premiers intéressés, les lycéens de l’Union Nationale Lycéenne (UNL) manifestent leur approbation. « L’UNL partage bon nombre de préconisations de Richard Descoings et se félicité d’y retrouver une grande partie de ses revendications ». Le syndicat lycéen cite les pages sur l’orientation,le renforcement de la démocratie lycéenne, l’accompagnement des élèves. Mais il rappelle « qu’aucune réforme ne pourra se faire dans le cadre actuel de réductions des moyens budgétaires et humains dans l’Education Nationale » et se demande quelle sera son application.

Les parents de la FCPE estiment que « le rapport a le mérite de dire haut et clair que le préalable à cette réforme, ce sont les objectifs qu’on lui assigne ». Pour la FCPE, « l’objectif de la réforme ne peut être la réduction des coûts, il doit être fondé sur la réussite des élèves et la réduction des inégalités ».

Chez les enseignants, le Snes, qui avait condamné le rapport Apparu, semble soulagé et  » se félicite que ce qu’il a porté avec la profession à l’automne dernier soit repris par le chargé de mission ». Même atmosphère au Snalc qui  » considère que le rapport Descoings pourrait enfin créer, s’il n’est pas déformé par la suite, les conditions d’un retour à une véritable concertation sur l’avenir du système d’éducation ».

Le Se-Unsa accueille le rapport avec une pointe d’ironie et se demande si  » le retour à la case départ était-il inévitable ? Car si on résume les propositions qui pourraient être mises en oeuvre à la rentrée 2010, où seront les vrais changements ? Les voies générale et technologique maintenues séparées, une série S plus typée, une série L plus polyvalente, ne changeront rien aux hiérarchies existantes ! L’ « entre-bons-élèves-issus-des-classes-favorisées » a de beaux jours devant lui ! Pour le SE-UNSA, les mesures proposées relèvent trop souvent de l’anecdotique ou du vœu pieux. Certes, Richard Descoings insiste, à raison, sur l’importance de l’orientation, de l’accompagnement personnalisé et de la rénovation des enseignements. Mais comment faire sans toucher à l’organisation de la scolarité, à l’emploi du temps des lycéens et aux missions des enseignants ? Or, ces sujets sont esquivés ou renvoyés à une hypothétique « vaste concertation », dont on pensait pourtant qu’elle venait d’avoir lieu… ».

UNL

http://www.unl-fr.org/actu_view.php?id=411

Snes

http://www.snes.edu/spip.php?article17127

Se unsa

http://www.se-unsa.org/spip.php?article1682

Le Snpden approuve le rapport Descoings

« Le SNPDEN partage l’analyse de Richard Descoings sur la nécessité de faire évoluer la situation actuelle du lycée, objet d’une forte attente de notre société ». Dans un communiqué, le premier syndicat de chefs d’établissement énumère le spoints d’accord avec le rapport sur la réforme du lycée remis par R Descoings. Mais il reste sceptique sur la volonté gouvernementale de les réaliser. « Le SNPDEN prend acte des préconisations adressées au gouvernement sur la mise en place d’une concertation réelle des partenaires. Il souhaite cependant que cette consultation, qui ferait suite à une longue lignée, puisse enfin déboucher sur les évolutions nécessaires et maintenant urgentes ».

Sur le rapport Descoings

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2009/06/[…]

Le lycée aux Etats-Unis : entretien avec Denis Meuret

« Gouverner l’Ecole », le dernier livre de Denis Meuret, est un des ouvrages les plus importants écrits sur le système éducatif français ces dernières années. Parfait connaisseur du système éducatif américain, Denis Meuret a bien voulu répondre aux questions du Café.

Quand on regarde le taux de bacheliers aux Etats-Unis et en France , et encore plus le taux d’accès à des études supérieures longues, on voit immédiatement que le lycée américain semble plus efficace pour porter une classe d’âge vers des études supérieures. Quels mécanismes expliquent que ce taux soit plus fort aux Etats-Unis ?

Il me semble qu’on peut avancer deux types de raison. D’abord, aux Etats-Unis, on perçoit davantage celui qui veut continuer ses études comme une chance, au lieu de se demander s’il est bien sûr qu’il le mérite ou s’il ne risque pas d’alimenter l’inflation scolaire. J’ajoute que, dans l’enseignement supérieur américain, un étudiant est davantage autorisé à ne pas se spécialiser tout de suite. En grossissant le trait, le spécialisation qui intervient en France en fin de seconde intervient aux USA à l’entrée de la Graduate School, et l’inverse de la spécialisation n’est pas un tronc commun, mais le libre choix de chacun selon ses centres d’intérêts, un choix dan un éventail trop laxiste d’ailleurs selon certains. selon certains.

Ensuite, et plus concrètement, il existe des institutions d’enseignement supérieurs de niveau d’exigence très divers, qui donc accueillent des élèves de niveau très divers..Beaucoup de mes interlocuteurs américains insistent sur l’idée que, quelque soit le niveau de l’institution dans laquelle on s’inscrit, on trouvera, si on y réussit et travaille bien, une institution d’aval d’un niveau un peu supérieur prête à vous accueillir.

On a donc affaire à deux conceptions différentes de l’enfant et de l’Ecole. Peut on dire que le statut de lycéen soit vécu à l’identique en France et aux Etats-Unis ? Comment expliquer ces différences

C’est une question difficile… Nous savons par PISA que les lycéens américains sont plus nombreux que les français à se déclarer traités par leurs enseignants avec justice, soutenus par leurs professeurs dans leur travail, s’entendre bien avec lesdits professeurs. Par ailleurs, le sentiment d’appartenance à l’établissement y est plus fort qu’en France. D’une façon plus générale, il me semble que le statut d’élève aux Etats Unis est marqué par ceci que l’école est dans ce pays un endroit où la communauté confie ses enfants aux enseignants pour qu’ils les lui rendent « grandis », tandis que, dans le modèle français, les parents confient leurs enfants à l’Etat, ou à l’Eglise, pour qu’il les éduquent à l’écart de la mauvaise influence du monde.

X. Darcos a annoncé dans sa réforme du lycée des parcours modulaires et personnalisés. Cela vous semble t il greffable sur le système français ? Et si non pourquoi ?

D’une part, je trouve cette logique préférable à la logique des filières, qui empêche les élèves de progresser dans des disciplines fondamentales au motif curieux qu’ils y sont faibles. D’autre part, je pense que cela peut réussir parce que la proportion élevée de lycéens qui continuent à l’Université le rend nécessaire. Autrement dit, en toute logique, cela aurait dû être fait avant que l’Université ne s’ouvre au plus grand nombre, mais il faut croire que nous ne sommes pas toujours rationnels. D’autres l’ont dit avant moi: le lycée général actuel est organisé par les CPGE (par la distinction taupe/khagne correspondant aux filières L/S) alors que la plupart des études universitaires exigent plutôt des compétences en maths, sciences, langue française et anglais.

X Darcos annonce aussi davantage d’autonomie pour les établissements. Aux Etats Unis on assiste plutôt à un renforcement de l’influence de l’Etat fédéral à travers tout un système d’évaluation par exemple. Où se situerait le bon équilibre ?

Le modèle vers lequel la plupart des pays, y compris la France et les Etats Unis, se dirigent, et qui semble en effet le plus propice à l’efficacité, combine une forte autonomie des établissements quant à l’organisation pédagogique et un fort contrôle de l’Etat sur leurs résultats, soit sur la progression des élèves, en particulier des plus faibles. Les tentatives de jouer uniquement sur l’autonomie des établissements, initiées au plus fort de la vague libérale dans les années 80 aux USA ont donné des résultats décevants, y compris sous la forme extrême des « Charter schools ». Ceci dit, nous avons dit en France qu’il fallait utiliser cette autonomie pour « s’adapter à son environnement », ce qui a été compris comme « s’adapter à la faiblesse des élèves des »quartiers », alors qu’il s’agît plutôt , et pour tous les établissements, d’utiliser son autonomie « pour s’améliorer », c’est à dire pour faire progresser davantage les élèves.

On sent bien aussi dans les mesures Darcos, par exemple le cahier de texte électronique obligatoire prochainement, la volonté de rendre l’Ecole plus transparente à la communauté qui l’entoure. Est ce le cas des établissements américains ?

Oui. Vous trouverez sur internet des tas de statistiques pertinentes sur la plupart des établissements scolaires américains, y compris les résultats des élèves aux épreuves standardisées. Il ne s’agît pas du tout de donner aux parents le pouvoir dans l’école, il s’agît, et c’est très différent que chaque établissement soit conscient qu’il est comptable de la façon dont il fait progresser les élèves dans des directions que son projet d’établissement décide dans le respect des standards nationaux, le socle commun par exemple. cf plus haut sur les liens avec la communauté.

Dans votre livre Gouverner l’école, vous montrez que les deux systèmes reposent sur des philosophies différentes. La France peut-elle abandonner Durkheim ?

Certainement, et je vous remercie de me poser la question, parce que certains lient dans mon livre la description d’une « culture » , d’un « esprit » français qui handicaperait des évolutions nécessaires. J’ai dû être maladroit, mais mon idée est plutôt que Durkheim a réalisé une opération politique, à donner la plus cohérente expression du récit, qui, en France à ce moment là, était le seul capable de justifier l’école républicaine. Autrement dit, il faut à la fois admirer l’opération durkheimienne, reconnaître ce que nous lui devons, reconnaître aussi qu’elle nous gêne aujourd’hui, et inventer un autre récit, pour lequel, toujours à mon sens, Dewey peut être une source d’inspiration, parce que les objectifs qu’il fixe à lécole (produire des individus libres, imaginatifs et créatifs ; vivifier la démocratie en produisant des individus capables d’échanges plus riches et plus divers) sont particulièrement pertinents aujourd’hui.

Denis Meuret

Dernier ouvrage publié :

MEURET, Denis, Gouverner l’école. Une comparaison France / Etats-Unis, Presses Universitaires de France, 2007, 232 pages,

Compte-rendu de P. Picard dans le Café n°82

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/pr[…]

Commander l’ouvrage :

http://www.puf.com/Book.aspx?book_id=022733

Sur le Café :

L’Ecole française n’est pas gouvernée

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Améliorer l’Ecole

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En Finlande – Entretien avec Paul Robert

Voilà encore un livre qui a fait du bruit ! Paul Robert est simplement allé voir comment le système éducatif le plus performant fonctionne. Le résultat prend à rebrousse poil nos conceptions les plus ancrées. Xavier Darcos a-t-il lu Paul Robert ? Entre le projet ministériel et le système finlandais il y a bien des ressemblances…

Xavier Darcos a annoncé récemment une réforme du lycée où on trouve plusieurs éléments qui donnent à penser qu’il a pu être influencé par le système éducatif finlandais. Est-ce votre avis ?

Il est allé en Finlande et je crois qu’il a dit qu’il avait été fasciné par ce système, du moins au niveau du lycée.

Par exemple, les « points de convergence » qui posent le socle de la réforme évoque des formations modulaires. C’est le cas aussi en Finlande ?

C’est la caractéristique principale du lycée finlandais. Et ça n’a pas toujours été le cas. En fait c’est une réforme introduite à la fin des années 1980 qui a bouleversé, en dépit des résistances, la forme classique des études. En Finlande on a commencé par supprimer les filières avant d’imposer les modules. Il y avait une forte volonté de casser les filières, de mettre plus de souplesse dans les parcours des élèves.

Dans l’enseignement général finlandais, il y avait deux voies, la littéraire et la scientifique. On les a supprimé dès 1975. Ensuite seulement on a introduit un système de modules pour que les lycéens puissent profiter pleinement du lycée.

Il y a quand même une restriction : l’enseignement professionnel reste séparé. Dans mon livre je raconte que les Finlandais ont essayé de diminuer les différences entre lycée général et professionnel, par exemple en gommant toutes les différences dans les orientations à la fin de l’école fondamentale (NDLR : qui englobe dans un seul établissement ce qui relève en France de l’école élémentaire et du collège) de façon à créer une structure commune. Cela a été abandonné. Une autre tentative a consisté à essayer d’ouvrir les mêmes perspectives à la fin du lycée, les élèves du professionnel disposant de quotas réservés en université. L’expérience a été décevante. On en est resté à une orientation unique à 16 ans, à la fin de l’école fondamentale. Et elle repose trop souvent encore sur l’échec. Ils ont par contre mis en place un dispositif intéressant : une 10ème année d’enseignement fondamental réservée aux volontaires qui veulent améliorer leur niveau, en fait un redoublement librement consenti.

La réforme Darcos envisage de modifier le suivi des élèves. Qu’en est-il en Finlande ?

Un des aspects les plus intéressants du lycée finlandais, c’est que la classe y a disparu. A la place on a des modules, à l’image de ce qui existe en faculté avec les U.V. Les élèves composent leur cursus avec ces modules. Ils doivent suivre 75 « cours » sur 3 ans, chaque cours étant composé de 38 séquences de 45 minutes réparties sur 6 semaines. Sur ces 75, 45 sont obligatoires. 30 sont à choisir : il peut s’agir d’approfondissement d’un cours obligatoire ou d’une autre discipline. Par exemple, en histoire, les jeunes doivent suivre 6 cours obligatoires mais ils peuvent en prendre jusqu’à 9. Certaines disciplines sont totalement optionnelles et varient d’un lycée à l’autre. Par exemple un lycée a ouvert un cours de création d’entreprise qui est mené d’une façon très réaliste. Cela permet aux lycées de définir une identité en s’axant sur la musique ou les sciences par exemple.

Pour faire leur choix, les élèves sont aidés par des conseillers d’orientation. Ils les aident aussi sur le plan méthodologique : les conseillers travaillent avec eux leurs méthodes de travail, les aident à acquérir davantage d’autonomie. C’est un point essentiel pour faire passer une réforme de cette ampleur.

Quels sont les avantages de ce système ?

Cela développe l’autonomie des lycéens qui avancent à leur rythme. Il n’y a plus de redoublement, ce qui est aussi un avantage économique. Le jeune qui n’a pas été admis à la fin d’un cours peut toujours le repasser sans avoir à redoubler une année complète. Enfin cela responsabilise les lycéens.

Vous pensez que cela a changé les rapports entre profs et élèves ?

Certains professeurs se plaignent de la disparition de la classe et de la relation qui se construisait sur une année entière. Mais globalement les jeunes sont contents. Entre profs et élèves, ce qui est surprenant pour nous c’est la grande familiarité, l’absence du sentiment hiérarchique si présent ici. Les professeurs sont accessibles. On peut appeler son prof de maths sur son portable pour un conseil par exemple. A vrai dire, cette relation n’est pas liée à la modularité. Elle est déjà présente à l’école fondamentale.

Cette réforme a rencontré des résistances ?

Elles ont porté sur la disparition de la classe, ou encore sur l’autonomie des élèves. Certains pensaient que les élèves n’en avaient pas assez. Ou encore ils craignaient que cela renforce les inégalités sociales entre les élèves qui peuvent être aidés à la maison et ceux qui ne le sont pas. C’est en réponse à ces critiques qu’ont été créés les conseillers évoqués plus haut. Il y avait aussi la peur que les élèves ne choisissent que des modules faciles.

En France où pourraient être les freins ?

D’abord la précipitation : un changement de cette ampleur ne peut se faire en un an. Il a fallu 12 années en Finlande ! Cette réforme implique une refonte du métier d’enseignant dans un sens différent de ce qui semble se dessiner.

La formation des enseignants est différente en Finlande ?

Oui et c’est la clé de la réussite. Ils ont su lier la formation professionnelle et la progression dans le métier. Ils ont également associé étroitement formation théorique et pratique tout au long de la formation. Le résultat c’est qu’ils forment des enseignants qui ont une grande capacité à réfléchir sur leurs pratiques. Du coup d’ailleurs ils ont supprimé les inspections il y a 15 ans. Ils n’en ont plus besoin.

Une autre clé c’est la qualité du suivi des élèves dès le jardin d’enfant. C’est très important pour lutter contre les inégalités sociales. Les enfants sont testés dès leur plus jeune âge et quand des difficultés cognitives sont décelées un plan est mis en place pour les aider. Si on réforme le lycée sans rien faire en amont on maintiendra les inégalités.

Enfin la réforme fonctionne en Finlande grâce aux conseillers. Il faudrait être capable de les créer. En Finlande il y en a un pour 200 élèves. Actuellement dans mon secteur il y a un conseiller d’orientation pour 1 500 élèves…

Paul Robert

La Finlande, un modèle pour la France ?

Il y a un an, la publication de l’ouvrage de Paul Robert sur le système éducatif finlandais avait suscité un intérêt si puissant qu’il avait peut-être touché X Darcos, le poussant à s’inspirer de la Finlande pour la réforme du lycée. Cette deuxième édition n’est pas la simple reproduction de la première. Paul Robert est retourné en Finlande et a tenté d’y trouver des réponses aux questions actuelles sur l’Ecole.

On retrouve les éléments forts de la première édition avec la présentation du système éducatif finlandais, de ses modes de fonctionnement, de ses principes éducatifs. Mais P Robert l’interroge aussi au regard des faits divers violents qui ont frappé les lycées finlandais. Il revient sur les modules mis en place au lycée qu’il juge maintenant moins positivement.

L’Ecole finlandaise reste bien un modèle que les acteurs de l’Ecole ne peuvent plus écarter d’un revers de main.

Paul Robert, La Finlande un modèle éducatif pour la France, ESF, Paris, 2009.


Le bac

Le bac 2009 restera comme une année d’exception. Pour son taux de réussite : le plus fort de l’histoire de l’examen. Mais aussi par son taux d’échec dans certaines filières.

86% de reçus au bac 2009, c’est trop ?

Le ministère a publié les résultats du bac 2009. Avec 86% de reçus, le bac fait un bond de presque 3% par rapport à 2008. Ce bond est uniquement du à un meilleur taux en bac professionnel.

En effet avec 87,1% de reçus, les bacheliers professionnels voient leur taux de réussite progresser fortement : il était de 77% en 2008. On compte 86,8% de reçus dans les secteurs tertiaires et industriels et 89,2% en production agricole. La nouvelle épreuve de rattrapage, contestée par trois syndicats, explique-t-elle cette progression ? Elle ne suffit pas à expliquer la hausse puisqu’on comptait déjà 81% de reçus à l’issue du premier groupe d’épreuves.

Les bacs généraux stables. Le bac L compte 87,1% de reçus (86,2 en 2008), la série ES 88,5% (86,8%) et la série S 89,6% (89,2).

Une interrogation sur le bac ST2S. Pour les bacs technologiques, le pourcentage de reçus diminue globalement du fait du mauvais résultat de la série ST2S. Il y a 78,7% de reçus en STI (78,2), 86,7% en STL (85,8), 81,2% en STG (80,2) mais seulement 74% au nouveau bac ST2S (82,6% pour l’ancien bac SMS).

Une progression significative ? Au total le taux de bacheliers connaît une augmentation sensible passant de 63,8% en 2008 à 66,4% en 2007. C’est d’autant plus remarquable qu’il était stable depuis le milieu des années 1990 (avec un maximum à 64,3% en 2006). C’est évidemment une bonne nouvelle si la France veut atteindre l’objectif européen de la moitié d’une tranche d’âge admis dans l’enseignement supérieur. La France compte environ 18 000 bacheliers de plus et on pourrait peut-être voir le nombre d’étudiants, à la baisse depuis plusieurs années, se redresser en 2009.

L’effort est-il suffisant ? Surement pas pour atteindre un taux de diplômés du supérieur comparable à celui des pays les plus développés. Récemment la commission Legendre affirmait que « le nombre de bacheliers (est) encore trop insuffisant en France… La proportion de bacheliers dans une génération est nettement plus faible qu’elle ne l’est en moyenne dans les pays de l’Ocde ». Or une grande partie de ces bacheliers se dirigera vers des formations supérieures courtes, asséchant les formations longues. Malgré les réformes récentes, le taux d’échec dans le supérieur devrait rester élevé. Seules une véritable lutte contre le décrochage scolaire et une réforme audacieuse du lycée pourraient amener la France au niveau des pays innovants. En prend-on le chemin ?

Résultats 2009

http://www.education.gouv.fr/cid28893/baccalaureat-2009-r[…]

Faut-il refuser le rattrapage aux candidats du bac pro ?

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2009/07/[…]

Résultats Bac 2008

http://www.education.gouv.fr/cid26581/resultats-defin[…]

Réformer le bac

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2009/bb[…]

Les inégalités se creusent

Un record peut en cacher un autre. Année exceptionnelle pour le taux de reçus au bac, 2009 est aussi l’année du creusement des inégalités. Une Note d’information ministérielle revient sur les taux de réussite en apportant pour la première fois des résultats par bac et par académie. On savait que de forts écarts existaient entre les bacs. Ce que montre cette note c’est le creusement des inégalités entre académies.

Créteil, un pays du Tiers-Monde ? Pour les bacs technologiques, l’écart entre les taux de reçus des académies la plus haute et la plus basse en métropole est passé de 16 à 18%. Créteil compte seulement 69% de reçus quand Nantes en compte 87%. C’est pour le bac ST2S que l’écart est le plus important : 90% de reçus à Strasbourg, 52% à Créteil. C’est presque du simple au double ! 52% c’est un taux digne d’un pays pauvre ! Il est d’autant plus intéressant d’observer que pour les bacheliers généraux celui-ci a diminué. Il était de 12% en 2008, entre l’académie métropolitaine la plus faible et la plus haute. Il n’est plus que de 11% en 2009.

Emettons deux hypothèses. Plus une académie connaît une situation sociale difficile plus, elle décroche. Cela concerne particulièrement les bacs technologiques parce qu’ils sont marqués sociologiquement. Les nouvelles épreuves mises en place en STG et surtout en ST2S aggravent les écarts sociaux. Dans une France où 66% d’une tranche d’âge a le bac, ces jeunes sont encore davantage marqués. Est-ce une bonne politique éducative ?

Résultats bac 2009

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86% de reçus au bac 2009, c’est trop ?

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Bac St2s que se passe-t-il ?

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Bac ST2S : Que se passe-t-il ?

Dans la filière médico-sociale, on est passé de 83 à 74% de reçus. La première fournée du nouveau bac ST2S, qui remplace le bac SMS, n’est pas réussie. Nous avons demandé à Martine Lemoine, professeur de sciences médico-sociales, son sentiment sur cette évolution négative. Pour elle, ce mauvais chiffre renvoie à l’orientation des élèves : « depuis deux ans, nous nous battons pour faire reconnaître l’évolution de la série : le passage d’un baccalauréat SMS à un baccalauréat ST2S n’est pas un simple jeu d’affichage, il s’agit d’une réelle mutation ».

Le reportage du Café

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Réformer le bac, recomposer le lycée ?

Monument républicain, le bac a pourtant connu des ravalements importants au cours de son histoire. Parmi les raisons d’une réforme, les problèmes posés par les filières. Le rapport Legendre propose une réforme.

Le rapport sur la série S veut retarder la spécialisation des lycéens

« La mission ne préconise ni un renforcement de la spécialisation des trois séries générales, ni une fusion de ces dernières qui conduirait à former de la même manière tous les élèves. Au cycle terminal de la voie générale, l’élève doit construire son parcours de formation au fur et à mesure que ses goûts et que ses aptitudes se révèlent, c’est à dire progressivement. La progressivité dans la construction de son parcours permet à l’élève d’affiner son projet, de l’ajuster ou même de le revoir ». Le rapport sur la série S, rédigé par les inspecteurs généraux Jean Moussa, Claudine Peretti et Daniel Secrétan, était guetté. Il vient après un rapport sur la filière L et au moment d’une polémique sur la série ES. Enfin il est publié alors que la crise de la série la plus prestigieuse du système éducatif français est éclatante : une série au recrutement de plus en plus socialement ségrégatif mais qui échoue à produire les étudiants en sciences nécessaires. C’est clairement signifier un certain échec de l’orientation dans le secondaire.

Ainsi les rapporteurs démontrent d’abord l’inefficacité du système des options en seconde.  » La classe de seconde ne joue pas son rôle de classe de détermination. Cela tient d’une part à la méconnaissance qu’ont les élèves et les familles de la nature et des débouchés des différentes voies de formation, et d’autre part aux effets pervers du choix des options. Ce choix est en effet opéré dans une liste trop étendue et difficile à décrypter qui ne place ni les familles, ni les établissements, en situation équitable et il est souvent ressenti par les différents acteurs comme une prédétermination à entrer dans telle ou telle série ». Aussi proposent-ils de remplacer les options par un « parcours de formation » qui permettrait de faire découvrir aux élèves les finalités et méthodes des différentes filières.  » Cette préparation au choix d’un parcours de formation s’appuierait sur des activités de découverte ; leur cadre réglementaire serait déterminé par un cahier des charges et non par un programme ; les lycées les déclineraient en fonction du projet d’établissement, du contexte local, des partenariats possibles (avec des universités, des établissements technologiques voisins, des institutions culturelles…), des compétences disponibles dans l’établissement, et des intervenants extérieurs susceptibles d’être mobilisés ». C’est le modèle des TPE qui est évoqué ici.

En première et terminale tous les élèves partageraient un tronc commun avec des enseignements d’approfondissement. Ces derniers pèseraient peu en première face au tronc commun et c’est seulement en terminale qu’une véritable différenciation se ferait avec un renforcement des options. On aurait ainsi gagné une autre année à la confirmation des choix des lycéens. Les auteurs ne croient pas qu’un renforcement de l’identité scientifique de la série répondrait aux attentes. Au contraire ils estiment q’un style d’enseignement des sciences explique le désintérêt des élèves pour les formations scientifiques.  » L’effondrement numérique des premiers cycles universitaires en sciences fondamentales, associé à l’attrait continu des études économiques, financières, et médicales, et à l’absence d’effondrement dans le domaine des sciences appliquées plaide en faveur du caractère expérimental de l’enseignement qui a permis de contrarier, au moins partiellement, le phénomène de désintérêt pour les sciences constaté dans la plupart des pays. Sur ce point, la crainte de voir l’Europe manquer de scientifiques a conduit un groupe d’experts mandaté par la Commission européenne à prôner un revirement dans l’enseignement des sciences pour passer d’une méthode déductive à une méthode basée sur le questionnement qui accroît l’intérêt des élèves pour les sciences, notamment des filles, et la réussite des élèves de milieux défavorisés comme favorisés ».

Cette réforme serait-elle à même de lutter contre les volontés ségrégatives à l’œuvre dans le système éducatif ? Au moins pourrait-elle aligner notre système éducatif sur ceux de nos voisins qui n’ont pas forcément des résultats inférieurs (voir Pisa 2006).  » L’organisation en séries de la voie générale est une particularité française » écrivent les auteurs. « Lui substituer une logique de construction de parcours de formation faciliterait la réussite du projet professionnel de l’élève, et permettrait un rapprochement des pratiques rencontrées dans différents pays de l’Union européenne. Cela favoriserait les échanges et la reconnaissance des formations et des diplômes entre les pays ».

Le rapport

http://www.education.gouv.fr/cid20703/la-serie-scienti[…]

Bac S que de déceptions !

« Certaines épreuves, lorsqu’elles sont réussies, assurent une forte probabilité de succès. A l’inverse, lorsque le candidat obtient une note insuffisante dans une autre matière, sa probabilité d’échec peut être plus ou moins forte… Il apparaît que dans la spécialité sciences économiques et sociales de la série ES , un candidat qui a réussi l’épreuve de mathématiques a une probabilité de réussite supérieure à la moyenne (graphique 6 a)) : près de 90 % des candidats qui ont eu plus de 10 en mathématiques réussissent dès le premier groupe. C’est aussi le cas dans la spécialité mathématiques de la série S (96 %)… ». L’étude ministérielle sur la docimologie du baccalauréat de la session 2003 permet ainsi d’identifier, pour chaque bac, les matières « à ne pas louper ». On pourra retenir de cette étude que, très souvent, les maths et les sciences déterminent la réussite, même quand elles n’ont pas un coefficient écrasant. Car à coefficient égal, la situation des matières peut différer. L’étude se situe également au moment où le ministère envisage un bac « allégé ». C’était un projet de F. Fillon, gelé depuis les manifestations lycéennes. Ce bac continuerait à s’appuyer sur des épreuves traditionnelles mais moins nombreuses et donc coûteuses. Elle met en évidence ces matières incontournables.

Mais, dans l’immédiat, il apporte des informations et des perspectives de débats précieuses aux lycéens et à leurs enseignants.

http://www.education.gouv.fr/stateval/dossiers/listedossie[…]

Bac S : encore des déceptions !

En baisse constante depuis 1995, la série S reçoit la moitié des bacheliers généraux, principalement des enfants de familles favorisées (40% d’enfants de cadres) et une majorité de garçons (55%). Cette série des élites accueille aussi bien des déceptions. Selon une étude ministérielle, seulement 44% des jeunes y entrent par goût des matières scientifiques. Pour un tiers des lycéens, l’orientation en S répond au désir de laisser le plus de portes ouvertes. C’est sans doute pourquoi les inscriptions en Deug scientifiques baissent : « l’intérêt pour le contenu des études dans lesquelles ils s’engagent est souvent moins marqué chez les bacheliers S inscrits dans une filière scientifique que chez ceux qui poursuivent dans d’autres filières » . 60% des bacheliers S s’inscrivent en université, 20% en Cpge et 20% en Iut ou STS.

ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/dpd/ni/ni2005[…]

Bac S : un bac peut en cacher un autre

« Les 4 spécialités du bac scientifique se caractérisent par des populations différentes en nombre, taux de réussite, sexe, âge et origine sociale » affirme une étude ministérielle sur « la docimologie du bac scientifique ». Au sein de la filière d’élite du système éducatif français, la sélection sociale s’opère violemment. Un univers sépare les bacheliers des sciences de l’ingénieur ou des SVT des purs matheux. Ceux-ci sont majoritairement masculins et de milieu très favorisé alors que la spécialité SVT accueille majoritairement des filles et comptent un plus fort pourcentage d’élèves de milieux défavorisé ou moyen. Les sciences de l’ingénieur se caractérisent par leur très forte masculinité (90 % !) et leur plus large ouverture sociale (20% de défavorisés). Au sein de l’élite, ségrégation sociale et préjugés perdurent…

ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/dpd/ni/ni2005[…]

Le rapport Legendre regarde le bac dans le rétro

Les sénateurs vont-ils imposer le bac de leur jeunesse ? C’est la question qui vient aux lèvres en lisant le rapport de la commission Legendre chargée de faire « un état des lieux » du bac. Un rapport fort habile puisque, tout en affirmant la nécessité de sa démocratisation, la commission propose des mesures qui ramèneraient loin en arrière le bac.

« Le nombre de bacheliers (est) encore trop insuffisant en France » affirme la commission et elle n’a pas de mal à trouver des chiffres qui montrent que « la proportion de bacheliers dans une génération est nettement plus faible qu’elle ne l’est en moyenne dans les pays de l’Ocde », ce qui est vrai également pour les étudiants. « Il faut donc à nouveau élargir l’accès au baccalauréat » conclue la commission.

Mais les propositions du Sénat vont en sens inverse de la démocratisation. Ainsi l’angle de vue qu’ils choisissent pour le système éducatif est tout à fait traditionnel : « il faut que le collège devienne l’antichambre des études générales, technologiques et professionnelles » ce qui revient à garder le modèle du lycée comme l’unité de mesure de tous les niveaux du système éducatif.

Que proposent-ils d’autre ? D’abord de confier à des universitaires la confection des sujets, la présidence des jurys et même les programmes du secondaire. Les universitaires définiraient les « pré requis » de chaque filière à acquérir au lycée. Ce qui ne peut que pousser à ce que, de diplôme de fin d’étude, le bac devienne un examen d’entrée en université. Bientôt un concours…

Irait dans le même sens la suppression du second groupe d’épreuves qui serait remplacé par une nouvelle session en septembre. En obligeant les élèves qui ont du mal à faire une dissertation à repasser la même épreuve, en retirant les épreuves de nature différente où ils peuvent gagner des points , la commission Legendre est certaine de réduire le nombre de bacheliers. D’ailleurs elle se dit attachée aux dissertations, critique envers les options, soupçonneuse pour les critères de notation.

Faut-il craindre cette offensive contre le bac ? Alors que le gouvernement a entrepris une réforme du lycée, le rapport de la commission est en contradiction avec les orientations prises.

Le rapport

http://www.senat.fr/noticerap/2007/r07-370-notice.html