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L’Ile-de-France compte près de 500 lycées, scolarisant environ 400 000 élèves, encadrés par 40 000 enseignants. En cette période de rentrée, un peu animée par le risque de pandémie, Philippe Fallachon, directeur général adjoint chargé de l’unité lycées au Conseil régional d’Île-de-France, fait le point sur les projets TICE régionaux et le déploiement des ENT.

La pandémie grippale réveille tout d’un coup l’intérêt des médias pour les nouvelles technologies éducatives et particulièrement les espaces numériques de travail (ENT). On en est où en Ile-de-France ?

La région investit beaucoup dans ce domaine : près de 30 millions par an. On arrive à un moment clé pour l’ENT celui de son déploiement. A partir du 1er janvier 2010, 60 lycées expérimenteront le logiciel retenu. Dans les trois années suivantes on l’installera dans tous les lycées. Mais dès la rentrée 2010, le cahier de textes numérique pourra être présent dans tous les lycées qui le demanderont. Ca coûtera près de 24 millions d’euros. On travaille sur ce projet depuis 2003, où nous avons répondu à l’appel de l’Etat. On a décidé la généralisation en 2007.

Pourquoi est-ce si long ?

Il faut du temps pour connaître les besoins des établissements; élaborer un cahier des charges et finalement choisir une solution. Depuis 2005 on a expérimenté dans 15 lycées 5 solutions techniques différentes. Ces quatre années nous ont permis d’observer et de discuter, avec des enseignants, des chefs d’établissement, des représentants de l’académie pour définir les services proposés. Car, après des années de mise en place de matériel, de réseaux dans les lycées, il nous a semblé que les ENT seraient le ciment de tout cela. C’est ce qui permettra aux enseignants de mutualiser les innombrables ressources qu’ils produisent déjà. Mais c’est aussi ce qui offrira de nouveaux services aux jeunes et aux parents.

L’académie de Créteil a présenté à la presse son propre « cartable en ligne ». Vous n’installerez l’ENT régional que dans les académies de Paris et Versailles ?

De notre côté on a tout fait pour travailler sur les trois académies. Par exemple l’expérimentation a eu lieu dans des établissements des 3 académies. Créteil participe à l’ENT régional mais en même temps met en avant son propre outil dans sa communication… tout en se gardant bien de couper les ponts avec nous ! Il nous semble que l’académie de Créteil privilégie le court terme et les effets d’annonces. Il semble aussi que le « cartable en ligne » rencontre des problèmes techniques. Le cartable en ligne c’est de l’artisanat sans moyens de maintenance. Nous, nous avons fait le choix d’externaliser totalement la gestion de l’ENT et d’avoir un service d’aide qui réponde 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. On peut garantir aux enseignants et aux parents que ce sera fiable.

Un des dangers des solutions anticipées, comme le cartable en ligne, c’est le bug. Quand on fait miroiter aux gens un produit qui n’est pas prêt on prend le risque de les écoeurer et finalement de les détourner du concept. On doit aux enseignants et aux parents une certaine qualité de service. Nous on travaille pour l’avenir et il nous faut pour cela encore un peu de temps.

Ca veut dire aussi que les relations entre l’Etat et la collectivité locale que vous êtes ne fonctionnent pas bien ?

Nous travaillons de façon étroite avec les académies de Paris et Versailles et aussi avec Créteil. Luc Chatel lui-même a invité ses services à travailler en partenariat avec les collectivités locales. L’Etat est conscient qu’il n’a pas les moyens de tout développer. Et nous nous entendons remplir nos obligations, intégralement, mais nous n’irons pas au-delà. Je souhaite que l’on arrive à s’entendre avec l’Etat pour mener un effort commun. Parce qu’on a finalement les mêmes intérêts : diminuer les sorties sans qualification, mener les jeunes vers l’emploi. Mais parfois je m’interroge sur ce que veut l’Etat. Nous on est très investis, avec Jean-Paul Huchon, dans le domaine éducatif. Et on a aussi le souci du développement économique local.

Quels services proposera l’ENT régional ?

Ce sera un produit libre et de type web 2.0. D’ailleurs on a proposé aux départements franciliens de partager avec nous les sources mais même au delà car la région a fait le choix du logiciel libre au sens strict du terme. En Ile-de-France, cela permettra aux élèves et aux parents de ne pas changer d’environnement du collège au lycée et de mieux utiliser l’ENT.

L’ENT comprend en gros 2 blocs : les relations avec les parents et les relations profs élèves. La colonne vertébrale c’est le cahier de textes. On s’est rendu compte, par exemple en l’expérimentant au lycée Bascan de Rambouillet, que c’est un élément déclencheur des usages pédagogiques. Les professeurs associent graduellement au cahier de textes des documents personnels, puis, très vite, les outils collaboratifs de l’ENT, par exemple un forum lié à une question de cours. Les enseignants pourront aussi éditer des cours, recevoir et corriger des devoirs. Tout est prévu pour que l’enseignant puisse paramétrer précisément son espace. Il pourra recopier ou non le cahier de textes sur plusieurs classes. Il pourra le garder d’une année sur l’autre. Il pourra publier ses documents quand il le veut. On a beaucoup appris des groupes de travail et tenu compte de ce qu’on sait des usages.

Il y a d’autres projets en cours ?

On a une énorme demande de tableaux blancs interactifs (TBI), des milliers de demandes. On vient de passer un marché qui prévoit d’équiper 6 salles par lycée, cela en accord avec les académies. On a déjà déployé 300 TBI, on va en mettre 3 000 à court terme. Car le TBI nous semble un bon outil qui relance la dynamique des TICE dans les établissements.

Un autre projet c’est l’utilisation des netbooks à Clichy-la-Garenne (92). On a équipé les élèves d’une classe de bac pro tertiaire de netbooks, leurs enseignants et le CDI aussi. Et on observe comment ils construisent leur pédagogie.

Entretien : François Jarraud

Sur le site du Café :

Quel impact de l’ENT

Bilan expérimentation ENT

Clichy

Le 93 adoptera l’ENT régional