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Président du Haut Conseil de l’Education, Bruno Racine répond à nos questions sur la réforme du lycée. Il annonce, pour 2010, un rapport sur le collège.

L’avis du HCE préconise de définir des compétences à acquérir au lycée, et de les différencier par filière. Pour le lycée cela tient presque de la révolution culturelle. Pensez vous que l’approche par compétences ait déjà profondément pénétrer le collège ? Comment, par quels outils, la faire entrer au lycée ? Qu’apporterait-elle ?

Bruno RacineAu collège, le diplôme national du brevet (DNB) intègre progressivement l’acquisition des compétences du socle commun. Depuis déjà deux ans, la certification du niveau A2 en langue vivante, obligatoire pour obtenir le DNB, s’opère par la validation de compétences (réagir et dialoguer, parler en continu, lire et comprendre un document, écouter et comprendre un message, écrire). L’attestation de maîtrise des connaissances et compétences au palier 3 est exigible à partir de la session 2011. En ce qui concerne le lycée, le principal avantage de l’approche par compétences réside dans le fait qu’elle permettrait de différencier les filières les unes des autres, sans pour autant établir de hiérarchie entre elles.

Le rapport demande que l’on précise les passerelles entre lycée technologique et professionnel. Ces passerelles montantes existaient entre la fin de BEP et la première technologique. Pensez vous qu’aujourd’hui, toujours dans le sens montant, il y ait un risque de fermeture du lycée technologique ? Où est le risque ?

Si le HCE souligne qu’il est important de mentionner les passerelles entre la voie professionnelle et la voie technologique, c’est pour rappeler l’existence de la voie professionnelle lorsque l’on parle de la réforme du lycée. A la connaissance du HCE, la voie technologique n’est pas menacée.

L’avis du HCE appelle à une réforme de la filière STI. Il parle d’actualisation du « champ des connaissances ». Pouvez vous être plus concret ?

Sans entrer dans le détail des programmes de la série STI, le HCE entendait simplement rappeler que la dernière révision des programmes de certaines disciplines technologiques industrielles datait de 1993 ; les évolutions technologiques étant très rapides, il est urgent que les champs des connaissances soient réactualisés.

Il y a deux enseignements qui semblent ciblés par le HCE. D’abord l’ECJS que le HCE souhaite voir disparaître en 1ère et terminale en le fondant dans les disciplines. Pourquoi supprimer cet enseignement ? L’apprentissage de la citoyenneté s’y fait à travers l’apprentissage du débat démocratique plus qu’à travers la transmission de la Loi. Est ce cette approche qui est condamnée ?

Le HCE ne souhaite pas la disparition de l’ECJS. Les élèves apprécient souvent cette discipline, car elle leur donne l’occasion de débattre et d’échanger sur des sujets d’actualité. Le problème posé est celui du statut actuel de cette matière qui sert trop souvent de « variable d’ajustement » ou de « bouche-trou » dans la confection des emplois du temps ou du service des enseignants. Pour éviter ce travers, il semble préférable que cet enseignement soit dispensé de manière transversale (transdisciplinaire) par des professeurs motivés afin que les élèves en tirent un réel profit.

L’autre enseignement « ciblé » c’est les SES. Vous appelez à un recadrage et à la révision des supports d’enseignement , au bénéfice de « module réellement économique ». Ce n’est pas de l’économie que l’on fait en SES ? Faut-il changer les programmes ? Supprimer la sociologie ? Pourquoi ?

En ce qui concerne les SES, le HCE souhaite que soient dissociées les disciplines qui en constituent le socle : l’économie d’une part, les sciences sociales de l’autre. Le HCE ne souhaite pas la suppression de la sociologie, il souhaite en revanche que les fondements scientifiques des disciplines étudiées (sociologie, économie) soient renforcés. Le HCE approuve les préconisations du rapport Guesnerie paru en Juillet 2008 quant à la révision des programmes et des manuels de SES.

Le HCE a une mission d’orientation du système éducatif. Vous sentez vous écouté et entendu par la rue de Grenelle ?

Le HCE a bien le sentiment d’être entendu par le gouvernement :

– Ses recommandations et avis sur le socle commun comme sur le cahier des charges de la formation des maîtres ont largement inspiré les décrets,

– le socle lui-même et son rapport 2007 sur l’école primaire ne sont pas étrangers à la révision des programmes de l’école primaire de 2008, révision sur laquelle le HCE a travaillé et a donné un avis,

– Les constats faits sur l’orientation scolaire dans le rapport 2008 ont été intégrés par le Délégué interministériel à l’Orientation.

– Ses prochains travaux, hormis l’avis que le HCE sera probablement appelé à donner sur les programmes du lycée, devraient également compter, en particulier son rapport sur le Collège qui sera le grand thème de 2010 pour une remise au Président de la République à l’automne 2010.

Bruno Racine

Propos recueillis par François Jarraud

Sur le Café :

Le HCE veut confier aux L.P. l’orientation dans la voie professionnelle

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2009/11/1811[…]

On suggère de s’intéresser à l’école maternelle

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2007/BRa[…]