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François JarraudAvec la publication du Guide 2010 du web pédagogique, le Café pédagogique n’entend pas publier un annuaire mais un vrai plan de campagne. Quels sites Internet sont vraiment utiles dans notre pratique d’enseignant ? La question semble simple mais, en réalité, interroge les pratiques. Et c’est celles-ci que nous avons mises au cœur de ce Guide.


Le web a ses paillettes. Tous les mois on voit apparaître de nouveaux sites à prétention éducative ou culturelle qui brillent le temps d’un budget publicitaire, qui s’avèrent des coquilles vides ou des instruments de propagande. On ne les trouvera pas dans ce guide.


L’Etat « décomplexé » sur le web. Eléments importants du web pédagogique, les sites officiels connaissent une évolution parfois inquiétante. A coté de « phares » qui demeurent incontestables, on assiste à une reprise en main idéologique de certains sites. C’est le cas, par exemple, d’EduScol qui, petit à petit, est purgé de ses éléments hétérodoxes. Soumis aux pressions des conservateurs, il perd peu à peu sa dimension innovante sous prétexte de « liberté pédagogique ». Le site s’effeuille, document après document, d’une précieuse littérature pédagogique qui, en bloc ou en morceaux, disparaît du serveur. Documents d’accompagnement du primaire avez-vous un jour existé ? Même le Guide républicain, pourtant propulsé par un ancien ministre encore aux affaires, vient d’être tronçonné … Le site ministériel lui-même n’a pas été épargné. X Darcos avait réduit au silence les pages de la Depp et de l’Inspection générale. On observe là un petit dégel. Bientôt le printemps ?


Pire encore, au moment où est publié ce Guide, on sait que l’Etat ne se contente plus de surveiller le web. Il vient d’attribuer 60 millions d’euros de subventions aux sites d’information qui lui sont proches. Le Monde nous dit que le partage s’est fait entre copains, au bénéfice de grands groupes qui vont pouvoir offrir des sites attirants comme un programme électoral et aussi bien référencés dans nos moteurs de recherche qu’un distributeur d’électroménager.


Un paysage incontrôlable. Par contre la multitude de sites ouverts par des enseignants ou des associations est toujours au rendez-vous. Ils ont traversé la bulle Internet et la crise économique. Ils ont survécu à l’incroyable mépris officiel qui tente de les envelopper. Leurs auteurs sont revenus de toutes les pressions et de tous les abandons. Quinze ans après son apparition, le web pédagogique reste l’œuvre d’une multitude d’acteurs.


Un levier pour nos pratiques. C’est cette richesse que montre ce guide. Même si, obligatoirement, de très nombreux sites excellents ne sont pas cités. Cette année encore nous nous en sommes tenus à 13 sites par discipline. Mais nous avons accordé plus de place aux pratiques pédagogiques, du moins à celles qui nous semblent faire avancer l’Ecole. Car c’est là la nouveauté du guide 2010. Puisque l’Etat a abandonné toute prétention pédagogique, il laisse aux enseignants la voie libre pour échanger sur leurs pratiques et faire du web un outil de démocratisation scolaire. C’est involontaire. Mais merci !


François Jarraud