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Sociologue, spécialiste de l’Ecole, François Dubet a fait partie du groupe d’experts qui a planché sur le programme de SES de seconde avant de claquer a porte. Il explique ici ses raisons.

Dans votre communiqué vous mettez en cause la faiblesse de la sociologie dans le programme de seconde. Cela vous paraît inacceptable ?

C’est vrai que la part de la sociologie est trop faible à mes yeux. On était parti d’une bonne idée, initier aux SES en proposant aux élèves des objets et en leur montrant comment les analyser dans le langage des sciences économiques et des sciences sociales.

Mais très vite on s’est retrouvé dans quelque chose de rituel à l’éducation nationale. Je me suis trouvé pris entre les critiques de l’association professionnelle, très excessives, et le ministère qui nous demandait de réagir très vite et qui coupait nos propositions. Je n’avais pas envie de rester entre le marteau et l’enclume. Toute cette procédure ne fonctionne pas.

C’est lié à l’extrême rapidité de ce travail. On s’est réuni 2 ou 3 fois. On a échangé des mails pendant 3 semaines. On a travaillé sur le programme de seconde sans s’occuper de la première et de la terminale, ce qui n’a pas de sens. Tout ça me semble mal embarqué.

L’Apses critique les programmes sous l’angle pédagogique en expliquant qu’il ne sera plus possible de faire travailler les élèves de façon formatrice. Qu’en pensez-vous ?

Je ne pense pas que ce soit fondé. Finalement il y a 45 heures pour faire 8 à 10 thèmes, c’est-à-dire 5 heures par thème. C’est suffisant pour une initiation. Dans ce programme on a une contrainte horaire mais ce n’est pas un obstacle. Je crois qu’on retrouve là le discours habituel des disciplines qui veulent toujours plus d’heures. On est face à un blocage comme l’éducation nationale a l’art d’en produire.

La concertation a été insuffisante ?

Tout est allé trop vite, avec des réactions défensives et craintives trop fortes. Je résume : une sociologie un peu réduite, un mode de discussion très mal embouché. Il ne m’a pas paru utile de continuer. Sur le fond, je trouve le projet de Descoing sage et de bon sens. Mais je ne vois pas la nécessité de faire les programmes en 3 semaines. Cela ressemble fâcheusement à la précipitation, au pas de charge, qu’on voit en politique. Dans cette affaire tout le monde est responsable de mon départ.

Que va-t-il se passer maintenant ?

J’imagine que l’on aura une concertation. On ne peut pas imposer aux enseignants un programme dont ils ne veulent pas. Et les éditeurs s’adapteront.

Entretien François Jarraud

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