Etude de cas : La tempête Xynthia

Si vous doutez de ce que peuvent apporter les TIC à l’enseignement, cet article est pour vous ! Professeur d’histoire-géographie et surtout pionnier reconnu des usages TICE dans ces disciplines, Jackie Pouzin nous propose d’utiliser les sources documentaires du web, et particulièrement les SIG (systèmes d’information géographique) pour réfléchir aux facteurs qui ont fait de la tempête du 27 février une véritable catastrophe sur le littoral vendéen. Une démarche claire, efficace, évolutive sur un thème qui se situe entre géographie et éducation du citoyen.

Le littoral vendéen et charentais a été touché dans la nuit du samedi 27 au dimanche 28 février 2010 par une forte tempête qui conjugué à une marée de fort coefficient a entrainé terreur et désolation. Le bilan provisoire au 1er mars fait état de 53 morts et 300 blessés en Vendée et Charente-Maritime. Les médias rapportent des images spectaculaires de lotissements inondés jusqu’aux toits en particulier sur la commune de la Faute sur Mer.

« On a laissé construire en zones basses », regrette Jean-François Fountaine, président de la Fédération des industries nautiques et premier vice-président (PS) du Conseil régional de Poitou-Charentes le 1er mars 2010 sur le site du journal les Echos. « Il faut qu’on s’interroge pour savoir comment en France, au XXIe siècle, des familles peuvent être surprises dans leur sommeil, mourir noyées dans leur maison » Nicolas Sarkozy le 1er mars 2010 à l’Aiguillon sur mer. Les medias ont abondamment montré des images de maisons inondées jusqu’au toit.

Question : comment en est-on arrivé-là ?

A partir de cet événement dramatique, comment aborder la question des sociétés face aux risques en classe ? Comment mener une étude de cas avec des élèves ?

En classe de seconde, en fonction de sa programmation, deux chapitres peuvent se prêter à une telle étude : Les littoraux ; les sociétés face aux risques.

Une proposition pédagogique en 5 questions que chacun pourra adapter.

1ère question : Où ?

L’outil géographique par excellence qui permet de repérer les lieux du drame à différentes échelles est bien évidemment le site de l’IGN géoportail. Une requête géographique permet de localiser facilement la commune. Une démarche multiscalaire permet de situer la commune dans son espace proche. L’atout du géoportail est de permet de confronter la carte et la photographie aérienne ce qui facilite le repérage.

http://www.geoportail.fr/visu2D.do?cg=djoxLjEqYzptZXRyb3Bv[…]

La lecture des points d’altitude permet d’identifier les zones à risques

L’affichage des couches Unités administratives permet de connaitre précisément les limites des communes et d’afficher des informations générales comme la population et l’altitude minimale.

2e question : Combien d’habitants vivent sur la commune de la Faute sur mer?

L’Insee permet de connaitre la population au dernier recensement

Mais surtout on apprécie une fois encore la ressource de l’ehess qui avec son site permet d’afficher la notice communale qui offre entre autres renseignements la courbe d’évolution de la population

http://cassini.ehess.fr/cassini/fr/html/1_navigation.php

La commune récente crée en 1953 a connu une forte croissance démographique pour atteindre 1008 habitants au dernier recensement. Il reste à envisager la dimension spatiale de cette évolution

3 Quelle organisation de l’espace ?

Pour répondre à cette question, on mobilisera pour commencer la couche Corine Land Cover du géoportail (occupation des terres) qui permet de lire l’occupation des sols. Pour cela, se placer à l’échelle 1 :64000eme.

En rouge les espaces urbanisés. La légende s’obtient en cliquant sur le I

4- Un littoral attractif et convoité.

Pour montrer l’attractivité de cet espace littoral, il est possible d’utiliser plusieurs ressources en particulier le site geoclip.net qui permet de faire des cartes thématiques.

Sélectionnez sur la page d’accueil France découverte.

Centrez ensuite le cadre de sélection sur la Vendée puis choisir l’entrée population : la comparaison entre la densité en 1968 et 2007 est significative.

Cette pression démographique peut être plus précisément qualifiée :

La part des résidences secondaires est très forte, ce qui explique peut être en partie le manque de réactions des autorités. L’hypothèse est que les nouveaux logements construits sur les zones les plus sensibles sont pour l’essentiel des résidences secondaires…

La consultation du rapport détaillé permet d’obtenir une vision synthétique de la population (portrait du territoire)

On observera le déséquilibre de cette pyramide des âges avec la part significative des retraités.

On remarque le faible nombre de résidences principales : 499 sur le nombre des maisons : les résidences secondaires sont prédominantes.

D’autres géoclips peuvent être alternativement utilisés comme les ressources de l’Ifen et son outil de cartographie statistique :

http://www.ifen.fr/index.php?id=3422

Mais pour prendre la mesure des transformations de l’espace, il existe une ressources toute à fait exceptionnelle : le portail géographique des Pays de la Loire. SigLoire met en ligne sur son portail des photographies aériennes de 1920. « Suite à la découverte par l’Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer (IFREMER) dans les archives des armées, d’une collection rarissime de photographies aériennes prises en 1920 et 1921, la Direction Départementale de l’Equipement et de l’Agriculture de Vendée et la Direction Régionale de l’Equipement des Pays de la Loire ont décidé de capitaliser cette connaissance de la côte vendéenne dans son état antérieur à l’urbanisation contemporaine…Vous pourrez ainsi remarquer l’aspect du littoral juste après la 1ère guerre mondiale dans son état presque naturel avant les effets liés au tourisme de masse, puis comparer ces images avec celles d’aujourd’hui datant de 2006 (BD ORTHO). Dans le cadre du programme GEOPAL, la DDEA de Vendée souhaite mettre les données à disposition des acteurs publics. ».

http://geopal.org/referentiel_geo.html

Sur ce thème lire l’article suivant sur le site académique nantais.

http://www.pedagogie.ac-nantes.fr/1267468637430/0/fiche[…]

5 Les habitants de la commune de la Faute sur Mer pouvaient-ils connaître le risque encouru ?

Un portail internet permet à chaque citoyen de s’informer des risques majeurs sur sa commune : www.prim.net . Il est donc très simple de faire une requête et de s’informer.

http://www.prim.net/cgi_bin/citoyen/macommune/bddrm_det[…]

Pour compléter la préfecture de Vendée propose sur son site de consulter au format pdf les plans de prévention des risques qui comprennent des cartographies très intéressantes comme par exemple pour la commune de la faute sur mer.

http://www.vendee.pref.gouv.fr/sections/information_des_[…]

Sélectionnez la commune de la Faute sur mer pour obtenir le dossier de prévention des risques de cette commune.

Source : http://modules.vendee.pref.gouv.fr/risquesTechno/fichiers[…]

Le risque inondation était donc bien connu des autorités compétentes. Sans doute moins des populations …

6- Une économie tournée vers le tourisme balnéaire.

Le site de la commune de la Faute sur mer est très intéressant à consulter par sa mise en avant de son patrimoine naturel à l’origine de l’offre touristique :

http://www.lafautesurmer.com/

Le site de la mairie de l’Aiguillon sur mer propose une page intéressante, intitulée, une histoire surprenante : on y trouve deux photos aériennes en vue oblique. Le rappel de la submersion du 18e siècle et la phrase suivant prend un caractère prémonitoire : « Totalement dépourvu de falaises, le littoral n’offre qu’un rempart fragile contre les assauts de la mer. »

http://www.laiguillonsurmer.fr/decouvrir-la-station/historique/

Pour aller plus loin

Le site sigloire offre la possibilité de croiser de multiples sources d’information géographiques et de faire ses propres cartes à l’aide des ressources offertes en wms (webmapping service).