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Luc Chatel a remis mardi 29 juin les certificats de compétences A1 aux écoliers parisiens. Une cérémonie de remise de prix suffira-t-elle pour promouvoir un enseignement en crise ?

C’est l’autre côté de la médaille de l’Ecole traditionnelle. Il y a un versant autoritaire. Il y a un versant remise de prix. Le 29 juin, Luc Chatel s’est déplacé pour présider lui-même la remise des certificats de compétences A1 aux écoliers parisiens. Pour cela le ministre avait mobilisé la Sorbonne, le recteur de Paris, Patric Gérard, les inspecteurs, les enseignants et quelques centaines d’écoliers ravis de vivre cette cérémonie.

« Choisir l’allemand c’est découvrir une belle langue et une culture », a déclaré Luc Chatel qui a aussi évoqué H Heine « qui repose ici au bord de la Seine ». Le ministre a rappelé que les écoliers apprennent une langue vivanteà partir du CE2 et que ce dispositif serait étendu au CE1 à partir de la rentrée.

Le partenariat Paris – Berlin. Luc Chatel a aussi annoncé que le partenariat conclu entre l’académie de Paris et le ministère de l’éducation de Berlin serait étendu à d’autres langues et d’autres académies. Les 600 écoliers parisiens titulaires du certificat A1 (sur 900 qui suivent l’enseignement de l’allemand) ont reçu un diplôme signé du ministre berlinois, Jürgen Zöllner. Les jeunes Berlinois recevront eux un diplôme signé par Patrick Gérard. « L’Allemagne est notre voisin et notre ami », a rappelé le recteur qui initie cet échange original. La convention qui lie les deux institutions s’est fixée comme objectif l’évaluation croisée des compétences des élèves, la reconnaissance mutuelle des niveaux scolaires et, par le biais du programme Jules Verne, l’échange d’enseignants.

Une langue en crise. Ce soutien public à l’allemand est un choix politique de la France qui souhaitait l’annexer à la loi de 2005. Mais les espérances gouvernementales sont déçues. 88% des écoliers apprennent l’anglais et l’allemand ne touche que 11% d’entre eux. Une proportion d’ailleurs en léger déclin de 2007-2008 à 2008-2009. En 2001 ils étaient deux fois plus nombreux (19%). La situation n’est pas meilleure dans le secondaire où la part des germanistes est passée de 18% en 2000 à 15% en 2008-2009. Près de cent mille jeunes prennent l’allemand en première langue en 6ème mais ils ne sont plus que 50 000 en 3ème et 30 000 en terminale. Cet écrémage ne se fait pas au profit de la seconde langue où le nombre d’élèves diminue de la 4ème à la terminale. L’anglais domine le secondaire : aux 485 000 collégiens germanistes correspondent 3 millions d’anglophones et 1 million d’hispanophones. Le ministère parle d’un frémissement depuis 2008. Ca reste à confirmer.

Un soutien en forme de cérémonie. L’enseignement de l’allemand a donc bien besoin du soutien du ministre. Et Luc Chatel ne l’a pas économisé. Début novembre, il présidait, dans la même Sorbonne, à la 4ème Rencontre entre les recteurs d’académie et les ministres de l’éducation des Länder allemands. Il y vantait la réussite des classes « bilangues » qui permettent de prendre l’anglais et l’allemand en 1ère langue en 6ème et 5ème. Classes d’excellence, celles-ci échapperont-elles aux économies ? Interrogé par le Café (voir la vidéo en Une du Café), le ministre expliquait qu’il ne lui est pas possible d’avoir une approche disciplinaire dans les économies à réaliser. C’est pourtant la base d’une Realpolitik…

En attendant, Luc Chatel multiplie les cérémonies de remise de prix. Après la longue distribution de diplômes à 600 écoliers, avant la remise des prix des concours généraux, il s’apprête avec « un livre pour l’été » à généraliser auprès de 180 000 écoliers de CM1 la distribution de prix dans les formes du XIXème siècle : aux Digital Natives, le ministre offre des livres…

François Jarraud

Novembre 2009 : Une nouvelle jeunesse pour l’allemand

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2009/11/05112009Accueil.aspx

Un livre pour l’été

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2010/06/18062010Accueil.aspx

Repères et références statistiques

http://www.education.gouv.fr/pid316/reperes-et-references-statistiques.html