Print Friendly, PDF & Email

Par François Jarraud

Suffit-il de circulaires pour faire entrer le socle commun des compétences dans le système éducatif ? Une nouvelle circulaire encadre la mise en place du nouveau livret de compétences. Elle précise le cadre administratif d’une évaluation et reste axée sur les formalités (le livret). On y chercherait en vain une réflexion sur le socle commun, l’évaluation ou même l’utilité de ce livret. Pour le ministère l’essentiel c’est d’évaluer le niveau de maths et de français…

« Le livret personnel de compétences, tel que défini par l’arrêté du 14 juin 2010 et dont la présente circulaire fixe les modalités d’utilisation, entre en vigueur dans tous les établissements scolaires du premier degré et du second degré publics et privés sous contrat scolarisant des élèves de 6 à 16 ans, à compter de la rentrée scolaire 2010 », stipule une nouvelle circulaire publiée au B.O. du 8 juillet.

Quel espace pour la validation ? Elle précise que l’évaluation des compétences « est conduite dans le cadre habituel des enseignements. Les grilles de référence, propres à chacune des sept compétences, fournissent des précisions sur ce qui est attendu.. Dès qu’une connaissance, une capacité, une attitude a été jugée acquise, l’indication peut en être portée dans le livret personnel de compétences au niveau de l’item correspondant… La validation des compétences relève d’une décision des équipes pédagogiques, qui se fondent sur l’évaluation des items pour valider chaque compétence. Elles peuvent toutefois choisir d’apprécier une compétence de manière globale, même si quelques items qui la composent n’ont pas été évalués positivement ».

Qui et quand valider ? « Le livret personnel de compétences est renseigné, à l’école, par le conseil des maîtres de cycles, au collège, par le professeur principal, l’enseignant de référence en section d’enseignement général et professionnel adapté (Segpa) et en établissement régional d’enseignement adapté (Erea) après consultation de l’équipe pédagogique… Pour certaines compétences, il est possible de commencer la validation en classe de quatrième… C’est au plus tard lors du conseil de classe du troisième trimestre qu’il convient d’attester ou non la maîtrise du socle commun. Lorsque la maîtrise du socle commun est attestée, le chef d’établissement porte sur la première page son cachet et sa signature.

Evaluer des compétences ou le niveau de français et de maths ? « Le livret personnel de compétences permet aux équipes pédagogiques, notamment lors d’un changement d’établissement scolaire comme lors du passage de l’école au collège, d’identifier les points forts et les difficultés de chaque élève, et de définir les objectifs d’apprentissage des programmes personnalisés de réussite éducative (PPRE) », note la circulaire, qui réduit singulièrement l’intérêt du socle commun. Ce n’est pas par hasard : des compétences du socle le ministère retient le niveau de français et de maths. « Une priorité est donnée à la maîtrise de la langue française et aux principaux éléments de mathématiques car ces deux compétences conditionnent largement les autres apprentissages en milieu scolaire ». On est loin de la philosophie du socle…

L’application numérique « Livret personnel de compétences » généralisée dans les collèges à la rentrée. L’application numérique « Livret personnel de compétences » qui permettra « la validation des compétences après décision collective, de renseigner et dater les acquis au niveau des items, d’éditer des documents de synthèse intermédiaires à tout moment de l’année scolaire, d’éditer le livret pour le remettre aux familles, d’éditer les attestations lorsque l’élève n’a pas la maîtrise du socle, d’établir des statistiques anonymes pour le pilotage de leur établissement » sera disponible dans tous les collèges à la rentrée scolaire 2010. Un module propre au premier degré sera disponible à la rentrée 2011.

Une étape ou un enterrement ? En avril 2010, le rapport Grosperrin notait : « La position du socle commun au collège est fragile alors que cette nouvelle approche de l’instruction avait pour vocation de rénover ce niveau d’enseignement ». Cette fragilité avait été annoncée par les inspecteurs généraux Houchot et Robine. En 2007, ils écrivaient : «  » On ne peut réussir une mutation aussi importante que celle que représente la mise en place d’une évaluation par les compétences sans s’en donner le temps… C’est en s’engageant progressivement, en ciblant les expérimentations, en passant sans doute par des formes intermédiaires sans viser immédiatement une sorte de pureté conceptuelle, que l’évolution aura le plus de chance de se concrétiser. Si l’objectif de changer les démarches, les outils, de clarifier les fonctions de l’évaluation doit être affirmé avec détermination, la mise en œuvre doit pouvoir être inscrite dans le temps, non pas pour la reporter ou la voir se dissoudre dans l’inertie du système, mais pour lui donner les chances d’une réalisation effective ». Chacun appréciera si cette circulaire participe de la mise en place prudente du socle commun ou de son enterrement poli.

Le nouveau livret de compétences

http://www.education.gouv.fr/cid52377/mene1015788a.html

La circulaire de mise en oeuvre

http://www.education.gouv.fr/cid52378/mene1015809c.html

Sur le rapport Houchot Robine

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/prim[…]

Sur le rapport Grosperrin

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2010/04/150[…]

Le livret de compétences au collège expliqué par ses créateurs

Le site ministériel EduScol publie les actes du séminaire national du 4 mai 2010 sur le livret personnel de compétences. Une compétence « est un ensemble cohérent et indissociable de connaissances, capacités et attitudes », définit le site ministériel en ouverture du séminaire. Celui-ci s’intéresse à la mise en place du livret au niveau académique, de l’établissement et de la classe. En conclusion, Elisabeth Monlibert (Dbesco) insiste sur le fait que « le livret personnel de compétences, sous toutes ses formes (version numérique, version papier) n’est pas une « usine à cases ». Il n’est qu’un outil qui permet de visualiser les connaissances et compétences acquises tout au long du parcours scolaire ». Pour elle, « Si le socle s’enracine dans les disciplines, il ne se consolide que par le travail en équipe, la collégialité des décisions ».

Les actes

http://eduscol.education.fr/cid51667/programme.html

Le livret personnel de compétences au collège

C’est un livret d’une soixantaine de pages que propose la Degesco (ministère de l’éducation nationale) pour la mise en œuvre du livret personneld e compétences au collège. « Les fiches repères présentées ici ont été élaborées dans le souci d’accompagner les équipes pédagogiques dans la pratique de l’évaluation et de la validation des compétences du socle commun au collège », précise le document. « Elles fixent un cadre national pour les pratiques tout en proposant également des pistes de réflexion pour organiser les apprentissages et évaluer les compétences, piloter la mise en oeuvre du socle dans les établissements, gérer la liaison inter-degrés et inter-cycles. Elles explicitent le lien avec d’autres outils de suivi des acquis ».

Le livret de compétences doit être resneigné au palier 3 au plus tard en fin de troisième. Et il doit en principe l’être collectivement par l’équipe pédagogique. Une attestation doit être communiquée aux familles. Mais voilà : les équipes n’ont pas d’existence reconnue matériellement dans les établissements, l’accompagnement est à la hauteur des réalités de l’éducation nationale et bien d’autres exigences harcèlent les enseignants… De fait le guide y va très prudemment, rappelant l’obligation légale mais l’enrobant d’appels à la liberté.

Le guide part des fondamentaux : le vocabulaire, l’évaluation, la motivation, tous les types de livrets et passeports, le pilotage en établissement. On n’oublie pas les familles puisque un des chapitres présente ce qu’il faut dire aux familles.

Télécharger le livret

http://media.eduscol.education.fr/file/B2i/97/6/Repe[…]

Sur le site du Café