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Les nouveaux programmes de seconde sont publiés au B.O. Sont-ils susceptibles d’accompagner la réforme du lycée ?

Le Journal officiel du 29 avril publie les nouveaux programmes de seconde générale et technologique. Il s’agit des programmes d’EPS, langues vivantes, physique chimie, S.E.S., S.V.T., littérature et société, méthodes scientifiques, PFEG, santé et social, sciences laboratoires, sciences de l’ingénieur, arts, arts du cirque, biotechnologies, création et innovation technologiques, création et activités artistiques, création et design. Tous les programmes de seconde entrent en application à la rentrée 2010. Le programme d’EPS couvre les trois classes du lycée, de seconde à terminale.

Ces programmes avaient été diversement accueillis. Les médias avaient surtout retenu la bronca contre les programmes de SES où,de façon un peu caricaturale, on avait réduit la sociologie à une dose homéopathique. La violence du procédé et une protestation puissante venue aussi bien des enseignants de l’Apses que d’universitaires a fait prendre conscience au ministère de l’impossibilité de faire appliquer des programmes rencontrant une telle opposition. Ils ont été revus et la nouvelle mouture, qui accorde plus de place à la sociologie et qui offre des thèmes plus en rapport avec le vécu des élèves, semble acceptée.

Des programmes « à la française ». S’il est une caractéristique du système éducatif français c’est l’existence de programmes nationaux, leur définition contraignante et la volonté encyclopédique qui les anime. Fruits d’une éducation nationale, les programmes scolaires s’imposent à tous les établissements du nord au sud du pays en termes officiellement identiques. En l’absence de toute grille solide de compétences, ils sont le guide de ce qui sera réellement délivré dans la classe. Officiellement ils laissent à l’enseignant la liberté de les traiter. Mais, de fait, leur masse influe sur la démarche pédagogique et cet effet est accentué par des indications horaires. Du nord au sud du pays, chaque enseignant a un nombre d’heures défini pour aborder un thème précis qui n’est toujours légitime que par rapport à l’histoire d’une discipline scolaire.

Quelle pédagogie pour quel programme ? Or la réforme du lycée n’a pas rompu avec l’empilement des connaissances. Plutôt qu’aborder un nombre défini de situations problèmes qui seraient étudiées de façon approfondie, certains programmes additionnent des savoirs de façon à couvrir la totalité des champs d’une discipline scolaire et satisfaire ce faisant toutes les catégories de spécialistes. Bien loin de rompre avec cet esprit, certains des nouveaux programmes de lycée renforcent cette tendance. Ainsi les anciens programmes d’histoire de seconde étaient conçus par rapport à une problématique, la citoyenneté européenne en construction, et consistaient en une série d’éclairages précis sans continuité chronologique. Les nouveaux programmes ressuscitent la continuité chronologique et ressemblent fâcheusement à un résumé des années collège. On passe d’Athènes à Rome, de la chrétienté médiévale à l’époque moderne, de celle-ci à la Révolution et au début du XIXème. On a ainsi « refait » le programme du collège, dela 6ème à la 4ème. Comme si les élèves n’y avaient pas appris grand-chose et qu’apprendre soit répéter. Comme ce voyage de près de 2500 ans est à faire en 49 heures (devoirs inclus), on risque fort de survoler des thèmes encyclopédiques. On voit mal aussi comment échapper au cours magistral, une forme d’enseignement dont on connait les limites. Cette situation a été dénoncée, par exemple, par le Sgen qui, dans une lettre ouverte adressée au ministre le 12 février 2010, évoquait des programmes « bien trop lourds comme en français, en histoire-géographie ou en SVT, et (qui) ne tiennent pas compte des diminutions d’horaires. Tels quels, ils risquent donc de rendre impossible la mise en place de nouvelles approches pédagogiques et demeurent déconnectés des réalités du terrain ». Il ne semble pas que ces critiques aient été entendues et les programmes modifiés en conséquence.

Quelle cohérence ? Or à coté de ces programmes plus lourds du tronc commun, les nouveaux enseignements d’exploration s’inscrivent exactement à l’opposé. Ainsi pour « littérature et société » il est question de co-disciplinarité. Le cours magistral est précisément écarté. Les élèves doivent être « mis en activité » et le programme décrit des compétences à développer. On parle de « domaine d’exploration » et de « situation de travail ». L’élève va donc se trouver dans un lycée qui pratique une pédagogie singulièrement incohérente.

Antoine Prost a l’habitude de dire qu’une réforme est avant tout « un art d’exécution ». Dans le cas présent, la hâte avec laquelle on a rédigé ces nouveaux programmes, leur conception encyclopédique donnent à penser qu’on a bien exécuté la réforme…

Le B.O. spécial

http://www.education.gouv.fr/pid23972/special-n-4-du-29-avril-2010.html

Le CSE adopte les programmes de première

Très critiqués pour certains, comme les SES et l’histoire-géographie, les programmes de première générale ont tous été adoptés par le Conseil supérieur de l’éducation du 1er juillet 2010.

Le Se-Unsa s’est montré le plus attaché aux nouveaux programmes. Dans une déclaration préliminaire, Claire Krepper a rappelé la position de son syndicat, favorable à la réforme du lycée. « Comme Xavier Darcos, ce ministre (Luc CHatel) est au service du projet présidentiel, et en particulier de sa volonté de réduire le coût des services publics, vécus comme des freins au retour à la croissance », a-t-elle déclaré. « Et comme nous avons condamné et avons combattu cette politique quand Xavier Darcos était aux commandes, nous continuons, au SE-UNSA, à la condamner et à la combattre. Pour autant, nous devons constater que dans des contextes budgétaires douloureux pour la communauté éducative et inacceptables, les 2 ministres n’ont pas fait les mêmes choix en matière éducative. Et alors que pour nous, il n’y a rien à sauver dans le bilan de Xavier Darcos on ne peut pas en dire autant de Luc Chatel. Je pense bien sûr à la réforme de la voie générale et à l’introduction au lycée de la notion de parcours ». Interrogée par le Café, Claire Krepper a salué le travail des experts mandatés pour réaliser les nouveaux programmes. « Ils ont tenu compte des remarques issues de la consultation et ils ont cherché à améliorer les programmes ».

Le programme d’histoire-géographie, critiqué par le Snes qui en dénonce « la lourdeur et une certaine incohérence » et s’inquiète de voir disparaître « des pans entiers d’une histoire socialement utile » : idéologies du 13ème siècle, définition dela République, Commune etc., a finalement reçu 23 voix pour contre 15 contre. Le programme de SES, dénoncé par l’Apses, association de professeurs de sciences économiques et sociales, a reçu 22 voix pour, 20 contre. Globalement, ces votes sont une grande victoire pour le ministre qui a retrouvé la majorité favorable à la réforme du lycée.

Par contre le ministère a reculé sur les deux textes organisant les sanctions disciplinaires. IL a retiré les deux textes pour aller plus loin dans la concertation. La Fcpe et l’UNL s’en félicitent.

Sur les textes disciplinaires

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2010/06/2506201[…]

Les programmes mis en consultation

http://eduscol.education.fr/cid51198/consultation-sur-les-proje[…]

Langue et littérature japonaises

Le B.O. du 8 juillet publie le programme de japonais en section internationale de japonais au lycée.

Au B.O.

http://www.education.gouv.fr/cid52371/mene1010853a.html

Sur le site du Café