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Par François Jarraud

« Les outils d’évaluation ne doivent jamais être conçus comme des instruments techniques neutres, ils sont au service d’une vision de l’école ». Rédigé par Nathalie Mons, maître de conférences à l’université de Grenoble II, spécialiste de l’analyse internationale des politiques éducatives, pour la Commission Européenne (Agence Eurydice), un rapport étudie les politiques européennes d’évaluation standardisée et leurs effets sur les acquis des élèves.

On sait qu’en France, les évaluations nationales se sont multipliées et certaines ont été fort mal accueillies l’année dernière, comme celle de CM2. Celle-ci a été critiquée à la fois par des enseignants, entre autre sur son utilité et son efficacité et par des spécialistes qui dénonçaient son manque de scientificité. Elles ont pourtant été présentées par le ministère comme des outils de pilotage indispensables et elles sont maintenues cette année.

De son étude approfondie des politiques d’évaluation en Europe et dans les pays de l’OCDE, N. Mons tire plusieurs conclusions qui amènent à relativiser l’efficacité des politiques d’accountability.

« La recherche n’a pas encore démontré par quel processus ces tests pourraient permettre de faire progresser les acquis des élèves » écrit N Mons. « Il y a certaines pistes – les élèves, enseignants et parents confrontés à des objectifs clairs offrant un challenge se mettraient en mouvement pour atteindre ces buts, cette stimulation externe permettant de dynamiser l’ensemble du système. Outre le fait que ces considérations assez vagues reposent sur des pré-conçus, certaines de ces allégations théoriques ont été démontées par des recherches empiriques. Par exemple, les enseignants peuvent être certes stimulés par la pression de ces tests, mais dans le sens de pratiques pédagogiques qui peuvent être considérées comme déviantes : le phénomène du « teaching to the test » qui entraine une trop forte focalisation de l’enseignement sur les épreuves standardisées, l’élimination officieuse des tests des élèves en difficulté, voire une moindre attention portée aux « cas désespérés » qui ne permettent pas à court terme de faire progresser les résultats de leurs écoles ». C’est d’ailleurs ce que montre l’analyse d’une expérience menée au Texas. Après de bons résultats aux tests, on s’est aperçu que ceux-ci provenaient de la mise à l’écart des élèves faibles.

Nathalie Mons invite à faire preuve de circonspection dans la mise en place des évaluations.  » L’outil peut tout à fait avoir sa place dans un système éducatif mais les effets pervers que l’on peut voir se développer dans certains contextes nationaux invitent à la prudence » écrit-elle.  » Avant d’être techniques, les choix sont tout d’abord politiques, un choix de modèle d’évaluation des politiques publiques ». Elle aborde également la question du passage des évaluations et des distances à prendre quand l’institution s’auto-évalue. Sur ce point là aussi, son étude interroge le discours officiel.

Lisez l’entretien avec N Mons

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2009/09/Rap[…]

L’intégralité du rapport est disponible à l’adresse suivante

http://eacea.ec.europa.eu/education/eurydice/documents/thema[…]

Le dossier Evaluation : le système éducatif à un tournant

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lesysteme/Pages/100_E[…]

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