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Par François Jarraud

Réforme de la formation des enseignants, réforme du lycée, menaces sur l’enseignement agricole et l’INRP, Thierry Cadart, secrétaire général du Sgen-Cfdt, a présenté le 1er septembre son regard sur une rentrée qu’il juge alarmante.

« On va voir se déployer tout au long de l’année et au-delà les conséquences d’une réforme mal pensée, qui repose sur des considérations budgétaires mais aussi sur une conception rétrograde du métier d’enseignant ». Pour T. Cadart, la masterisation est le phénomène central et révélateur de cette rentrée à la fois par les dégâts qu’elle génère et par ce qu’elle révèle des incohérences qui selon lui signent la politique menée par Luc Chatel.

Masterisation : Indéfendable !

« C’est incroyable. On fait subir aux jeunes un nouveau système qui produit des enseignants sans formation. C’est indéfendable ». T Cadart revient sur les nouveaux enseignants de cette année qui n’ont pas eu de formation pédagogique et que « l’on jette dans l’eau du bain en leur enlevant leur bouée ». Il craint aussi pour eux des souffrances. Il s’inscrit en faux contre les propos de Luc Chatel sur la formation future. Dans la masterisation, les stages professionnels ne sont ni obligatoires ni déterminants pour un concours dominé par des épreuves disciplinaires. « Chatel parle de 108 heures de stage. Mais c’est le maximum. Ce n’est pas ce qui se fait sur le terrain qui est en général autour de 54 heures ». Encore s’agit-il des masters d’enseignement. Ils n’existent pas dans les autres masters.

Tartines de beurre et…

Pour T Cadart, la caractéristique principale de la politique menée par Chatel c’est l’incohérence. Par exemple il prend des mesures modernes, comme sur la réforme du lycée, et des décisions rétrogrades, comme le programme Clair, les ERS (établissements qui accueilleront les élèves perturbateurs), les internats d’excellence, les sanctions automatiques… Une situation que Guy Vauchel, secrétaire national, résume de façon claire : « c’est tartines de beurre et coups de pied au cul ! » « Si Chatel peut avoir une vision plus moderne de l’Ecole », ajoute T Cadart, « il n’a pas les moyens d’une politique, y compris les moyens politiques » du fait du poids de l’Elysée et des factions rétrogrades de la majorité.

L’enseignement agricole menacé d’extinction

Le Sgen voulait aussi attirer l’attention sur deux cas précis : l’enseignement agricole et l’avenir de l’INRP. Le Sgen salue dans l’enseignement agricole sa capacité à innover et à dégager des solutions pédagogiques dont l’éducation nationale devrait s’inspirer. Mais l’enseignement agricole est menacé d’une double extinction. Sur le plan financier, il y a un risque de le voir passer de la mission éducation du budget au budget général de l’agriculture. Cette situation pourrait conduire à sa marginalisation. Sur le plan humain, l’Etat a supprimé des postes bien au-delà de la moitié des départs en retraite.

L’INRP aussi

L’Institut national de recherches pédagogiques (INRP) a des missions de recherche pure mais surtout une mission de recherche pédagogique, faisant le pont entre la recherche et les enseignants. L’établissement qui compte 220 salariés est menacé de passer du budget de l’éducation nationale à celui de l’enseignement supérieur. Il intégrerait l’ENS de Lyon. Pour Annie Feyfant, déléguée Sgen de l’INRP, c’est significatif de l’éducation nationale. D’une part cela permettra des économies : 13 millions. Mais ça reflète aussi le peu d’intérêt du gouvernement pour la pédagogie et les recherches qui y sont liées.

La seule solution : réhabiliter la pédagogie

T Cadart déplore que, pendant que la France diminue ainsi son budget éducatif, d’autres pays augmentent leurs investissements éducatifs en réponse à la crise. « Si on veut que l’école réponde à la crise, réduise les inégalités, il faut réhabiliter la pédagogie. La pédagogie, c’est notre identité », plaide T Cadart. C’est elle que le Sgen entend défendre le 7 septembre.

Le Sgen Cfdt

http://www.sgen-cfdt.fr