Par François Jarraud
« Quitter ses parents, entrer dans la vie active, construire son autonomie : par quels chemins accède-t-on, en France, à l’indépendance ? Quelle place la société française fait-elle à sa jeunesse, comparativement à ses voisins européens ? Penser la condition juvénile en France implique non seulement de l’envisager dans ses liens aux institutions éducatives, à l’Etat, et au marché du travail, mais aussi par rapport aux solidarités familiales et intergénérationnelles ». Ce sont tous ces aspects, présentés par Cécile Van de Velde, que ce nouveau numéro de Problèmes politiques et sociaux (n°970) prend en charge. Et il le fait de façon remarquable à travers une trentaine de participations.
Une génération déclassée ? Si Camille Peugny assure que « la fréquence des trajectoires descendantes s’est sensiblement accrue : en 1983 14% des enfants de cadres supérieurs nés entre 1944 et 1948 occupaient un emploi d’employé ou d’ouvrier, contre 26% de leurs homologues nés entre 1964 et 1968″, Eric Maurin stigmatise une « peur française ». « Les enfants de cadres sont de plus en plus nombreux au sein de chaque génération », écrit-il. « Leur situation s’améliore lentement. A l’opposé les jeunes issus de familles ouvrières sont de moins en moins nombreux et leur situation s’améliore beaucoup plus vite. Les hiérarchies sociales se maintiennent mais se resserrent. La malaise français ne provient donc pas d’une perte de valeurs des diplômes au profit de l’origine sociale, mais bien de l’inverse : les protections procurées par le statut social des parents s’effritent en même temps que les titres scolaires deviennent de plus en plus cruciaux. Du coup la peur d’échouer à l’école s’accroît dans tous les milieux,mais nulle part de façon aussi écrasante qu’au sein des classes supérieures ».
Quid des politiques publiques ? Cécile Van de Velde analyse les interventions publiques en montrant le rôle déclencheur qu’elles jouent sur la décohabitation juvénile chez les étudiants, par opposition aux autres jeunes.
Les relations intergénérationnelles occupent évidemment toute une partie de l’ouvrage. Avec un débat entre Louis Chauvel, partisan d’une guerre entre générations, , André Masson et JP Viriot-Durandal.
Les jeunes et la réussite éducative. Les liens entre les jeunes et l’institution éducative sont introduits par un excellent article de B Hugonnier, directeur de l’éducation à l’OCDE. Il analyse la politique de réduction de postes d’enseignants française pour en montrer la singularité et la dangerosité. « De nombreux pays coupent dans les dépenses publiques. Les pays d’Europe de l’est sabrent leurs dépenses en matière d’éducation et les salaires des enseignants. Mais cen’est pas le cas des pays d’Europe de l’Ouest. La France est donc bien un cas singulier… Les dizaines de milliers de postes supprimés auraient sans doute été utiles dans les ZEP… Cette politique peut être dangereuse si elle se traduit pas une élévation du nombre d’élèves par classe qui induit dégradation et augmentation des problèmes de violence et de comportement ».
« Jeunes d’aujourd’hui, France de demain » nous offre ainsi en quelques pages un large horizon sur la position sociale de la jeunesse. On ne trouvera pas dans cet ouvrage d’analyse sur les pratiques culturelles des jeunes. Mais tel quel il constitue une excellente synthèse pour les enseignants ayant en charge ce sujet (en histoire par exemple), mais aussi pour tous ceux qui veulent comprendre les débats et les combats à mener pour cette jeunesse. Parce que enseigner c’est aussi cela.
» Jeunes d’aujourd’hui, France de demain », Problèmes politiques et sociaux n°970, mars 2010.
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La guerre des générations aura-t-elle lieu ?
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