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Par François Jarraud

Le gouvernement consacrera 75 millions d’euros au plan « Agir pour la jeunesse », c’est-à-dire à la lutte contre le décrochage, à l’insertion professionnelle et à l’expérimentation d’une forme de soutien financier pour 5 500 jeunes peu qualifiés ou diplômés mais au chômage. De ce plan fort modeste on retiendra les 26 millions pour la lutte contre le décrochage dans 10 régions.

Successeur, d’une certaine façon, de Martin Hirsch, Marc Philippe Daubresse, ministre de la jeunesse, veut faire entendre sa différence. « Ce que Martin Hirsch a imaginé, il y a des hommes comme moi qui peuvent le faire », affirme-t-il avec énergie. Mardi 28 septembre il annonçait le lancement du « Plan Agir pour la jeunesse ». Point fort de son plan à ses yeux : les ancrages territoriaux. MP Daubresse entend travailler avec les collectivités locales. C’est peut-être que l’enveloppe affectée par l’Etat au Plan jeunes est des plus modeste.

Une prise en compte du décrochage

Un volet concerne directement l’éducation, c’est la lutte contre le décrochage. Plus de 100 000 jeunes quittent l’école sans diplôme. Ils « décrochent » parfois en cours de formation ou avant l’âge de la fin de scolarité obligatoire. MP Daubresse a annoncé l’ouverture de 100 plateformes locales de lute contre le décrochage dans 10 régions et 12 académies (Auvergne, Basse Normandie, Centre, Franche Comté, Midi-Pyrénées, Nord Pas-de-Calais, Poitou-CHarentes, PACA et Rhône-Alpes). « Nous avons les technologies nécessaires pour repérer les décrocheurs », a-t-il confié au Café. « Les expériences de Lille et de Nantes nous ont montré comment croiser les fichiers de l’éducation nationale et des Missions locales d’insertion pour identifier les décrocheurs et comment leur apporter des solutions ». Par exemple l’aide peut être un soutien pour financer le permis de conduire, pour un départ à l’étranger ou proposer une formation. Il s’agit d’étendre ces expériences. Les plateformes coordonneront le travail des différents intervenants (éducation nationale, région, communes). Un crédit de 26 millions est prévu pour leur déploiement.

Insertion : huit laboratoires territoriaux

Une somme équivalente financera la création de 8 « laboratoires territoriaux qui coordonneront l’action de l’Etat et des collectivités locales pour travailler à l’insertion. Elles faciliteront l’accès à l’orientation, aux formations, en s’appuyant sur les expérimentations Hirsch. Huit territoires sont retenus : Lille, Marseille, Loire-Atlantique, Isère, Morbihan, Nancy, Saint-Denis (agglo), La Réunion.

Le RCA jeunes

« On ne veut pas d’allocation générale, ce n’est pas une bonne idée », affirme MP Daubresse. Le gouvernement crée un « revenu contractualisé d’autonomie » qui s’adresse à deux catégories de jeunes : les jeunes peu qualifiés au chômage depuis au moins un an et les titulaires d’une licence demandeurs d’emploi depuis 6 mois. Chacun touchera 250 euros par mois à condition de suivre un parcours d’insertion ou de formation. Mais le ministre n’entend pas généraliser cette mesure : elle ne touchera que 5 500 jeunes pour 20 millions d’euros. « On ne veut pas d’assistanat », nous déclare-t-il.

De bons petits gars

« Les jeunes sont mal aimés des français et maltraités des médias » affirme MP Daubresse, sondage à l’appui. Or 74% auraient confiance dans l’avenir (mais 14% seulement dans le gouvernement). MP Daubresse a énuméré des mesures pour renforcer l’expression des jeunes et changer leur image. Un accord avec France Télévisions devrait changer l’image de la jeunesse dans les émissions en montrant de braves jeunes à la place des incendiaires d’automobiles… Dans chaque département un référent sera chargé d’aider les jeunes à organiser des fêtes et d’identifier les organisateurs… Le ministre craint les fêtes spontanées. Enfin une majorité associative à 16 ans sera créée de façon à permettre aux jeunes de prendre des responsabilités associatives.

Tout en reconnaissant la gravité de la crise que traversent les jeunes, le gouvernement est bloqué financièrement et idéologiquement. Financièrement la modestie du plan étatique confine au transfert de charge vers les collectivités locales. Idéologiquement il s’agit de récompenser les individus méritants et d’éviter la création de droits sociaux. Il est possible que la jeunesse ne partage pas cette façon de voir.