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Par François Jarraud


Sur quels principes architecturaux doit-on construire les établissements scolaires du futur ? Ces principes seront-ils seulement dictés par l’hygiène et la résistance des matériaux ? Mercredi 14 décembre, le Groupe Compas et Cap Digital invitaient l’architecte Randall Fielding, du cabinet Nair & Fileding, qui construit des écoles dans 41 pays, à présenter ses réalisations. Une visite de l’école de demain ?



Avez-vous imaginé une école sans corridor ? C’est ce qu’on remarque en premier dans les écoles réalisées par R Fielding. Il n’y a plus de couloirs car toutes les salles de cours ouvrent sur des espaces communautaires : foyer, restauration, lieux de rencontre et de travail divers et variés. Avez vous vu des écoles confortables ? Un coin bibliothèque avec des canapés profonds. Un espace restauration où l’on peut discuter entre amis ? Là où l’architecture traditionnelle aurait déroulé ses centaines de mètres de couloirs, R Fielding récupère cet espace et les donne à vivre à ses groupes d’élèves.



Une salle de classe doit-elle avoir quatre murs ? Il semble que non pour R Fielding. Les seuls cas qui ont été présentés sont des salles réservées à des cours de sciences, des ateliers en fait. Encore, le cours de sciences s’annexe-t-il une large terrasse car qui dit sciences dit expériences. Enfin, trouvaille ingénieuse, chaque classe est agrémentée d’un petit espace en surplomb où peut s’isoler un groupe de 3 ou 4 élèves. C’est que la logique du groupe domine partout celle de la classe traditionnelle. Les écoles multiplient les espaces de nature différente. Atelier pour une quinzaine ici, petit espace de travail ici, espace mixte travail / communautaire, amphithéâtre pour cent, salle pour 70. Comment réaliser toute cette offre : la plupart des cloisons sont mobiles, les espaces modulables. En ouvrant le mur de la classe sur une salle ordinaire on obtient un espace plus grand en annexant une partie de l’espace communautaire. Les groupes se réfugient dans des salles aux cloisons transparentes. A-t-on encore besoin de murs ? Chaque école joue avec son environnement et offre la possibilité de travailler dans un espace en plein air. « On peut apprendre partout », lache R Fielding.


Et la sécurité dans tout ça ? R Fielding prend l’exemple de l’école de Cristo Rey à Minneapolis. Construite dans un quartier hispanique, défavorisé et en face de maisons où se vend le crack, l’école ne souffre pas de cette situation. « Dans cette école les gens ne sont pas isolés. Ils ne sont pas noyés dans une foule indifférente. Ils font partie d’un groupe qui prend soin d’eux ».


Revoilà l’idéologie. L’architecture scolaire a son histoire. Il y a un siècle elle s’inspirait de l’architecture industrielle pour son éclairage, la gestion du temps, les proportions, et de celle des couvents et des prisons, pour l’obsession de la surveillance. C’est dire que l’école dépendait du maître. C’est ce modèle que casse cette nouvelle architecture scolaire. A une école qui a mis le professeur au centre et organisé les élèves sous sa surveillance, il substitue une école centrée sur l’élève et son travail. Le modèle cette fois ce n’est plus l’usine c’est « l’open space » des bureaux des grandes multinationales qui conjuguent aussi espaces modulables, coins sympas de détente, construction de groupes.


Ce modèle a-t-il un avenir en France ? Une architecture peut-elle imposer des pratiques pédagogiques ? On l’a cru en France dans l’immédiat après-guerre quand on a créé les écoles primaires ouvertes sur le plein air et la nature. Le modèle n’a jamais pris. Par rapport à l’architecture de R Fielding, où il n’y a pas vraiment de salles de classe et où tout l’espace est conçu pour aider le travail de l’élève et non celui du professeur, il est clair qu’il prend à rebours la tradition scolaire et qu’il s’adapte mieux à l’école anglo-saxonne. Ne rêvons pas trop. Mais reconnaissons à R Fielding et son architecture de porter des valeurs qui méritent de faire débat. L’école doit-elle apprendre à travailler ou transmettre ? Doit-elle apprendre à obéir à un leader et à respecter la Loi ou à gérer les relations avec les êtres humains et à construire des groupes efficaces et raisonnables ? Doit-elle apprendre l’autonomie ? L’école « de demain » de R Fielding serait-elle celle de l’avenir ?



Le cabinet Nair & Fileding

http://www.fieldingnair.com/

L’histoire du collège en Seine-Saint-Denis

http://www.atlas-patrimoine93.fr/pg-html/bases_doc/invent[…]