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Venue inaugurer le lycée Pierre-Gilles de Gennes à Paris, Henriette Zoughebi, vice-présidente du Conseil régional d’Ile-de-France en charge des lycées, a souligné son attachement au service public d’éducation. C’était l’occasion, pour le Café, de l’interroger sur la rentrée 2011 et d’entendre ses craintes sur l’avenir du service public d’éducation : « Je pense qu’il y a un projet politique par rapport à l’éducation où on va laisser les classes de bac pro à l’enseignement public. Par contre toute une partie sera remise à l’apprentissage ».

Nouveau, le lycée Pierre-Gilles de Gennes ne l’est que par le nom. C’est en fait l’ancienne Ecole Nationale de Chimie, Physique et Biologie, rebaptisée du nom du scientifique et du fondateur de La main à la pâte. Un parrainage naturel pour un établissement d’environ 2 000 élèves qui préparent des diplômes scientifiques de niveau post bac. L’inauguration réunit le maire du 13ème arrondissement, Jérôme Coumet, le directeur de l’académie de Paris, Claude Michellet et Henriette Zoughebi.

« Il n’y a pas de bon enseignement sans un nombre suffisant d’enseignants« , affirme H Zoughebi. La région est là pour améliorer les conditions de travail des lycéens et vous pouvez être assurés du soutien régional au service public d’éducation » Des paroles qui nous encouragent à lui demander sa perception des réformes en cours au lycée.

Comment voyez-vous la préparation de la prochaine rentrée en Ile-de-France ?

La prochaine rentrée se prépare très difficilement à bien des égards. D’abord sur la question des dotations horaires. On a beaucoup de suppressions de postes en Ile-de-France, environ 1 000 pour le second degré et cela peut encore augmenter. C’est très alarmant. Cela va se traduire par des augmentations d’effectifs par classe y compris par moins de dédoublements dans certaines matières ce qui est aussi dommageable pour les élèves les plus fragiles.

Comment se passe la réforme de la filière STI ?

Concernant la réforme STI, j’ai demandé une mesure conservatoire : que l’on garde bien toutes les machines des ateliers de façon à ce que, si après un temps on constatait que la réforme ne va pas dans la bonne direction on puisse revenir en arrière.

il s’agit quand même de transformer un enseignement profondément : on passe d’un enseignement sur machine à un enseignement sur ordinateur par simulation. C’est un principe très différent et il faut voir ce que cela peut donner. Ensuite la réforme s’est faite sans aucune concertation avec les élus des collectivités locales. Or nous assurons l’équipement.

Enfin il ne saurait y avoir de réforme sans un encadrement qui soit à un bon niveau. Or aujourd’hui 14 postes sont supprimés dans cette filière avec des fermetures de classe. On rouvre dans des lycées prestigieux mais un seul poste est rouvert, il y a bien une perte sèche. Et ça pour moi c’est inacceptable. Je n’accepte pas qu’on ouvre à Louis-le-Grand et qu’on ferme à Fresnel ou Diderot. Je trouve que c’est une politique catastrophique pour les jeunes.

Vous pensez que le ministère coule la réforme en agissant comme cela ?

Je ne pense pas qu’il coule. Je pense qu’il y a un projet politique par rapport à l’éducation où on va laisser les classes de bac pro à l’enseignement public car les entreprises ne veulent pas aujourd’hui d’apprentis trop jeunes. Par contre toute une partie sera remise à l’apprentissage. Si le niveau 5 va à l’éducation nationale, les formations supérieures sont largement montantes en apprentissage et en alternance. On est à un moment de passage où ce qui est envisagé n’est pas dit clairement. Mais toutes les mesures prises vont dans le même sens. Je suis sure que c’est un vrai projet.

Propos recueillis par François Jarraud