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Par François Jarraud

Chateaubriand va-t-il épouser Google ? Les nouvelles tablettes numériques peuvent-elles amener les élèves à la littérature ? L’essai a été tenté (et transformé) jeudi 28 avril au lycée Gustave Ferrié de Paris.

Le lycée professionnel Ferrié de Paris est un des deux établissements parisiens (avec F Villon) à bénéficier du prêt d’une tablette Samsung Galaxy Tab et d’un accès à l’application de téléchargement Read and Go d’Orange dans le cadre d’un partenariat entre le CRDP de Paris, Orange et le Clemi.

Attention pas de filles dans cette classe de seconde télécom et réseaux. Une quinzaine d’élèves travaille très calmement pour répondre au questionnaire préparé par leur professeur de lettres – histoire. Dans cette salle ordinaire tout serait banal si ce n’est l’absence de manuel et le petit bloc lumineux que constitue la tablette numérique dans les mains des élèves.

« C’est super ». Pour Wilfrid, la tablette « c’est super ». Non pas qu’il ait une grande affection pour les exercices de français. Mais il trouve la tablette bien avantageuse. « C’est ce qu’on a déjà », dit-il. « Ca ressemble aux téléphones et on est bien habitué ». Effectivement toute la classe pianote, tourne les pages, écarte ou ferme les doigts avec entrain sur les tablettes. « Ca me donne davantage envie de faire du français ». Pour Nabil la tablette a un autre avantage : elle pèse beaucoup moins lourd que le manuel dans le cartable.

Les élèves travaillent sur la presse électronique, encouragés par Philippe Chavernac, professeur documentaliste, et Fabrice Comte, professeur de lettres – histoire qui vont de table en table, appelés par les élèves. P Chavernac a téléchargé sur les tablettes des éditions électroniques de quelques quotidiens et les élèves sont amenés par F Comte à comparer ces éditions avec les sites Internet des quotidiens. Dans les articles, ils distinguent les informations des commentaires. Avec Internet ( car les tablettes disposent du Wifi et d’une puce 3G) ils comparent les éditions.

La littérature au bout du chemin ? Pour Fabrice Comte, la tablette « génère de l’intérêt pour le cours, beaucoup plus que le manuel. Dans une salle ordinaire, à tout moment, elle permet de travailler sur un texte en temps réel, de trouver d’autres textes argumentatifs qui illustrent un avis ou en prennent le contrepied ». Mais n’est ce pas la mort de la littérature ? « Je pensais qu’on ne pouvait pas lire un texte long sur un écran. », nous confie-t-il. « Mais sur la tablette il y a un grand confort de lecture, c’est très différent d’un écran d’ordinateur. On peut télécharger des oeuvres et je pense que ça peut amener des élèves à la littérature. Ca ne vas pas régler tous les problèmes des élèves. Mais c’est un outil intéressant d’autant que les élèves sont déjà utilisateurs ».

Prof vs tablette ? Pour Etienne Récamier, du Clemi, « tous les élèves auront bientôt une tablette personnelle. Ils l’amèneront en cours. Avec l’accès Internet, ils consulteront ce qu’ils voudront. Dans cette perspective, sans doute toute proche, quel sera le rôle du professeur et du documentaliste ? » C’est ce que cherche à voir le Clemi. Justement les élèves témoignent de leur travail devant la classe. Un jeune a comparé des compte-rendus d’un match de foot et il relève tout ce qui montre l’agacement ou les encouragements des journalistes. Un autre a préféré la sortie politique de Hollande et relève les commentaires des dirigeants socialistes… Nabil, lui, a trouvé un autre usage de la tablette. Il a entamé une course de voiture…

Voir aussi : L’éducation nationale secouée par les tablettes

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2011/0[…]