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Par François Jarraud

Utopiste, Olivier Bichet ? Professeur d’EPS, il bataille depuis 2004 pour faire reconnaître le RollerFootBall®. Plus qu’un jeu ou un sport, le RollerFootBall® est un apprentissage du respect, de la mixité, de la non-violence, de l’apprendre et du vivre ensemble. Un dispositif dont l’intérêt a été officiellement détecté dès 2005, l’efficacité prouvée, mais qui a du mal à trouver son financement, parce qu’intéressant à la fois Education nationale, jeunesse et Ville… Envers et malgré tout, Olivier Bichet s’acharne à faire vivre « le jeu du respect et de la citoyenneté » pour donner à tous les enfants la chance de partir du bon pied.

Olivier, le Café a croisé ta route lors d’un Forum des enseignants innovants en 2008 où tu présentais le RollerFootBall®. Contrairement aux apparences ce n’est pas un sport…

Effectivement nous ne sommes pas dans une logique de résultats sportifs et d’affrontements « guerriers » ; pour reprendre une formulation d’élève « ce n’est pas du foot en rollers ! ». Au delà des enjeux moteurs qu’impose cette activité, celle-ci se différencie par son objectif prioritairement éducatif !! Ce concept se présente comme un outil socio-éducatif support d’apprentissages de valeurs sociétales : Respect, Communication, Citoyenneté, Partage, Plaisir, Ecoute, Mixité, Non-Violence… Le but est ici d’acquérir certaines valeurs et de leurs donner du sens !

Le RollerFootBall®, c’est un projet plutôt citoyen ou plutôt sportif ?

Ce jeu est né en 2004 avec la volonté de traduire le discours de la Député européenne V.Reading proclamant cette année « Année européenne de l’Education par le Sport ». Conjugué aux nombreux discours vantant les valeurs « éducatives » du sport, on a voulu davantage mettre l’accent sur la notion « éducation » (donc citoyenne), plutôt que sur l’aspect « sportif ». Je le répète souvent « Par définition, le sport n’est pas éducatif…c’est ce qu’on en fait qui le rend éducatif ou pas ! ». Ici, les valeurs inhérentes au jeu sont primordiales et c’est d’ailleurs cet aspect qui permet son utilisation transdisciplinaire pour la construction de contenus d’enseignement.

Quelles qualités développe-t-il chez les jeunes ? A qui s’adresse t il ?

Dans le collège pilote (collège Paul Eluard de Bonneuil sur Marne – 94), l’action est pérennisée depuis 2005 avec des élèves de SEGPA. Par ailleurs, le concept a été transposé dans des structures extrascolaires (centres sociaux, manifestations de quartiers, etc…). Ce jeu a aussi fait l’objet de modules de formations BPJEPS (au CREPS de Poitou Charentes) compte tenu des qualités qu’il développe : plaisir de jouer et d’apprendre ensemble tout en se respectant. A noter, que les bilans scolaires faits depuis plusieurs années mettent en avant 2 indicateurs avec le public SEGPA : absentéisme quasi nul, changements de comportements positifs dans les disciplines investies sur le projet.

En 2008 le RollerFootBall® commençait a être repéré des autorités académiques et du ministère de la Ville. Depuis quels développements a t il connu ?

Ce jeu a effectivement été médiatisé via le Prix de l’innovation éducative en 2008. Il bénéficie depuis 2007 du réel soutien de l’ACSÉ via son intégration au dispositif «Réussite éducative » dans le ville de Bonneuil sur Marne (94). Des avancées significatives ont vu le jour dans sa transposition extra-scolaire (collaboration avec la BPDJ, avec des associations à but socio-éducatif, etc.). Seule « ombre » au tableau, nous ne pouvons pas répondre aux nombreuses demandes de formations et d’expérimentations qui nous sont faites. Des discussions sont en cours afin de trouver les moyens de développer et mutualiser ce concept sur l’ensemble du territoire.

Luc Chatel a entrepris une véritable action contre la violence scolaire. Le RollerFootBall® peut il trouver place dans cette politique ?

Je réponds oui sans aucun doute car le « Jeu du Respect et de la Citoyenneté – RollerFootBall® est une utopie nécessaire. La Non-Violence constitue même une des valeurs principales de ce concept socio-éducatif qui donne du sens aux apprentissages. Ce projet socio-éducatif d’intérêt général est parfaitement lisible par les jeunes élèves et influe directement sur les comportements. Je pense qu’il est parfaitement en capacité de trouver sa place dans les ERS et les « internats d’excellence ». Comme je le dis et répète depuis que nous avons reçu le Prix de l’Innovation éducative en 2008 : « Apprendre, Jouer sans violence, Partager et se Respecter : avec le Jeu du Respect-RollerFootBall©, c’est compatible. »

Tu as suivi un parcours original avant de devenir prof. Qu’as tu appris dans ces métiers ?

Oui effectivement mon parcours professionnel est atypique, mais que ce soit en tant que Directeur de colonies de vacances, comédien, animateur évènementiel, physionomiste ou Relation publique entre autres, j’ai toujours donné de l’importance aux relations humaines et à l’affect en général. Le lien social constitue le dénominateur commun de mes nombreuses activités.

Qu’est ce qui te motive à être aussi opiniâtre pour faire avancer le RollerFootBall® ?

J’ai été le premier sceptique quant à l’appellation de ce jeu, d’ailleurs je n’en suis toujours pas fan et j’y préfère de loin le nom du « Jeu du Respect et de la Citoyenneté ». Néanmoins, c’est comme s’il fallait différencier « illusionniste » et « magicien »… l’un de ces deux termes ne fait pas rêver les enfants… mais ils sont incontournables suivant le public auquel on s’adresse (adulte/enfant ; enseignant/institution…). L’expérience de terrain nous a fait dépasser l’empirisme et celle-ci a démontré toutes les vertus éducatives et sociales de ce concept. Ce sont toutes ces raisons qui nourrissent mes convictions et m’encouragent à y croire encore pour passer de l’expérimentation à la généralisation.

Liens :

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Sur le Café : Dossier Rollerfootball