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Par Jean-Paul Brunet, président de l’ UPBM

Programme « incohérent » et trop important du fait des réductions horaires, dédoublements mis en danger, avenir incertain pour les activités interdisciplinaires : la réforme de la série ST2S est jugé négativement par l’association professionnelle des professeurs de physiologie, biochimie, microbiologie. Pour l’UPBM l’attractivité de la série est atteinte.

L’Union des Professeurs de Physiologie, Biochimie et Microbiologie avait signalé en mars dernier au Café Pédagogique plusieurs incohérences dans le projet de réforme de la série technologique ST2S (Sciences et technologies de la santé et du social). La réforme des lycées imposait des aménagements qui seront mis en place à la rentrée 2012 pour la classe de première, et 2013 pour la classe de terminale. L’UPBM (ainsi que une autre association : l’APSMS) avait demandé par un courrier adressé à la DGESCO à participer aux travaux de rénovation pour apporter sa contribution afin de concevoir un programme d’enseignement cohérent tenant compte des allègements horaires imposés par le ministère.

En réalité, L’UPBM n’a été invitée à participer qu’à deux réunions de travail, dont la dernière a eu lieu alors que les projets de programmes venaient d’être publiés sur Eduscol pour consultation. Les collègues représentant l’association n’ont de ce fait pas pu défendre leur point de vue. Des interventions immédiates lors des réunions auraient permis de « rectifier le tir » avant qu’il ne soit trop tard. La consultation nationale qui ne durera que quelques semaines permettra difficilement de corriger les incohérences des programmes

Les nouvelles grilles horaires ont été publiées en mars 2011 avec en particulier pour le cours de Biologie – Physiopathologie humaine, une perte d’une heure en classe de première et une heure en classe terminale. Cette diminution importante de l’horaire (1/4 en première et 1/6 en terminale) nécessitait une modification importante et réfléchie des programmes : cela n’a pas été le cas.

Autant le programme actuel satisfaisait les enseignants car il avait été particulièrement bien construit, autant la proposition de programme modifié nous pose des questions : les allègements sont plutôt minimes et concernent surtout les pathologies. Les commentaires, eux, sont beaucoup plus réduits, ce qui rend difficile leur interprétation. Nous constatons aussi des incohérences : par exemple des points à traiter alors que les connaissances en amont n’existent pas… Ceci signifie qu’il faudrait traiter pratiquement les mêmes notions qu’auparavant mais beaucoup plus vite et donc nécessairement superficiellement. La méthode inductive, pourtant préconisée dans les commentaires, est bien compromise.

La question des dédoublements se pose également: les « travaux pratiques » de l’ancien programme sont remplacés par des « activités technologiques », ce qui semble signifier que le dédoublement n’est plus automatique et dépendra de l’établissement…une inégalité qui rendra encore plus difficile l’apprentissage des notions complexes lorsqu’elles seront abordées en classe entière et non en groupe d’effectifs réduits.

Le devenir des activités interdisciplinaires évoqué dans le communiqué du mois de mars par l’UPBM et l’APSMS est toujours indéterminé, tant pour les modalités d’organisation que d’évaluation. Il n’y aura pas non plus de « DNL » : « discipline non linguistique » enseignée dans une discipline technologique, contrairement aux autres baccalauréats technologiques ce qui est bien regrettable dans une époque d’ouverture sur l’Europe.

La filière ST2S que l’on souhaitait envisager comme une filière d’excellence risque à la suite de ce « toilettage » de perdre son attractivité auprès des élèves ce qui fait ressurgir le doute sur son positionnement par rapport au baccalauréat professionnel ASSP (Accompagnement Soins et Service à la Personne) qui vient d’être créé à la rentrée et qui risque de plus en plus de devenir un baccalauréat concurrent.

Il est bien sûr trop tard pour faire machine arrière et on peut simplement espérer que les enseignants seront nombreux à participer à la consultation nationale sur le site Eduscol et que la DGESCO tiendra compte des remarques, des critiques et des propositions des collègues afin de construire un programme rénové qui soit effectivement réalisable.

En ne sollicitant pas les associations de professeurs (UPBM, APSMS), le ministère a fait le choix d’une réforme « en catimini » sans concertation et la durée de la consultation nationale exceptionnellement courte ne permettra pas de réfléchir sereinement sur un programme de deux ans.

Jean-Paul Brunet

?(1) L’UPBM (Union des Professeurs de Physiologie, Biochimie et Microbiologie) regroupe les professeurs de biotechnologie qui enseignent, notamment, dans les sections préparant un baccalauréat technologique : STL-BGB (Biochimie – génie biologique) et ST2S (Sciences et technologies sanitaires et sociales de la santé et du social) et dans différentes sections de techniciens supérieurs du domaine des biotechnologies et de la santé.

Liens :

Le dossier sur le site de l’UPBM

http://www.upbm.org/index.php?option=com_conten[…]

L’article de mars 2011 dans le Café

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2011/03/28032[…]

Le site du Congrès 2011 d’Angers (15-17 octobre)

http://congres.upbm.org/