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Par Jean-Louis Auduc

Pour Jean-Louis Auduc, le faible nombre de présents aux épreuves de professeurs des écoles montre l’inutilité de la campagne publicitaire de Luc Chatel. Mais elle est surtout un défi pour la gauche si elle veut mettre fin à la politique de suppression de postes.

Les chiffres de présents aux épreuves écrites du concours de professeur des écoles le montrent. La crise de recrutement des enseignants a bien l’ampleur que la chute du nombre d’inscrits dans les « masters enseignement » laissait prévoir. Lors des épreuves écrites du concours de professeur des écoles session 2012, seuls 18734 candidats se sont présentés soit moins de la moitié des 41 500 inscrits ( 45,13% !). Ce chiffre recouvre des disparités très importantes selon les académies. Il n’est pas sûr que tous les postes aux concours puissent être pourvus dans des académies comme Créteil, Versailles ou Lille.

Cette faiblesse du nombre de présents (le même nombre que l’an dernier pour 2000 postes au concours de plus) est la démonstration de l’inutilité de la campagne publicitaire de recrutement menée par Luc Châtel au printemps 2011. Ces chiffres reflètent un sentiment de défiance des étudiants vis-à-vis d’un ministère qui apparaît comme dépossédant les enseignants de leur métier, les méprisant dans leur professionnalité en démantelant leur formation initiale et continue et en ayant recours à des recrutements par Pôle Emploi, comme si enseigner n’était pas un métier….. Si pour les concours du second degré, le nombre de présents est proportionnellement le même que lors des concours du premier degré, cela signifie moins de 13 000 présents pour un peu plus de 26 000 inscrits. Il y aurait donc à l’occasion de la session 2012, moins de 32 000 présents pour l’ensemble des concours de recrutement d’enseignants.

Ce chiffre doit être une alerte et un défi pour tous ceux qui désirent gouverner à partir de mai 2012. Il est, en effet, très inquiétant car si on se projette vers la session 2013 des concours dans l’optique a minima de ne plus supprimer un poste de fonctionnaire enseignant sur deux, il faudrait recruter au moins 36 000 enseignants, soit bien plus que les présents aux concours de cette année… Et que dire dans le cas où l’on voudrait commencer à compenser les suppressions de ces dernières années !

Il sera donc indispensable à tout pouvoir voulant rompre avec les suppressions de postes de mener, dès le lendemain de l’élection présidentielle, une grande campagne de réhabilitation du métier enseignant pour lui redonner du sens et inciter des étudiants à s’y engager. Pour redonner confiance aux futurs enseignants, il est nécessaire que tout président de la République , souhaitant rompre avec les pratiques actuelles, s’inscrive dans une démarche de revalorisation impliquant au minimum :

Le rétablissement de la formation initiale et continue à ce métier

L’amélioration des conditions de travail et d’exercice du métier

L’arrêt de toute campagne de stigmatisation des personnels jugés responsables de toutes les difficultés des élèves

La prise en compte, y compris sur le plan salarial, de toutes les dimensions du métier enseignant dans le cadre d’une redéfinition claire des composantes de la fonction enseignante.

C’est à ce prix qu’on pourra commencer à inverser la tendance de la chute vertigineuse du nombre de présents aux concours de recrutement des enseignants , ce, à tous les niveaux et pour toutes les disciplines, ( 18 700 présents pour le concours 2012 professeur des écoles contre 53 100 présents pour le même concours en 2007 ), un défi indispensable pour programmer une politique ambitieuse de recrutement pour les années à venir.

Jean-Louis Auduc