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Co-secrétaire générale du Snes, premier syndicat du secondaire, Frédérique Rolet revient sur les raisons de l’appel de son organisation à un moment de recueillement mercredi matin. Soucieuse d’échapper au risque de récupération d’un drame qui est aussi personnel, elle attire l’attention sur la nécessité de prendre la parole sur les difficultés du métier d’enseignant.

Le Snes avait d’abord publié un communiqué appelant à une demi-journée banalisée après les vacances. Le 17 un nouveau communiqué invite les enseignants dans toute la France à se recueillir mercredi 19 au matin. Pourquoi ce changement ?

On a reçu de nombreuses réactions de collègues qui voulaient manifester leur solidarité avec leur collègue, comme on peut le faire dans d’autres corps. Des enseignants voulaient aussi que l’on parle de la perte de sens dans ce métier, des difficultés au travail, de la pression hiérarchique. On a pris contact avec les sections des établissements et on a cadré notre action nationale sur la marche blanche organisée dans l’académie de Montpellier.

Mais on reste prudent. On est conscient qu’un suicide a toujours de nombreuses causes même quand la victime choisit le lieu de travail. On ne veut pas exploiter un drame qui a aussi une dimension privée. Mais il nous semble qu’il faut une forme de libération de la parole sur la souffrance au travail. On déplore que d’autres fassent de la surenchère. Contrairement à ce qui a été écrit, par exemple, la collège était suivie.

On maintient notre mot d’ordre d’une demi-journée banalisée pour débattre des réalités du métier après les vacances de la Toussaint.

Les enseignants sont-ils particulièrement fragiles ?

Quand on fait des réformes et qu’on n’écoute pas les enseignants, qu’on nie leur professionnalisme, on les fragilise. Quand on multiplie les enseignants à cheval sur plusieurs établissements, ou avec des emplois du temps éclatés, on ne favorise pas le travail collectif, dont on nous parle tant par ailleurs. De fait les enseignants ont de moins en moins de lieux d’échange.

Faudrait-il un meilleur suivi médical des enseignants?

Il est vrai que le ministère a du mal à recruter des médecins. Il faudrait quand même développer le nombre de médecins du travail et de psychologues pour que les enseignants aient un interlocuteur à qui confier leurs difficultés qui ne soit pas le chef d’établissement.

Propos recueillis par François Jarraud