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Par François Jarraud

L’auteur de « Enseignants et mobilité professionnelle. Conseils et outils pour choisir la votre » présentait le 19 octobre à Paris à la fois son ouvrage et les activités de son association « Aide aux profs ». Il a pu faire l’analyse de l’action du ministère sur la question de la mobilité et faire quelques préconisations. Et même évoquer un « guet-apens »…

Qui s’intéresse à la seconde carrière ? Il y a bien dans le public quelques enseignants chevronnés mais ce qui frappe ce sont les nombreux jeunes. De jeunes enseignants qui n’ont probablement pas envie d’être piégés par l’éducation nationale. Ce sont eux qui poseront le plus de questions à la fin de la conférence.

Alain Bouvier, membre du Haut Conseil de l’Education, a rendu hommage au travail de Rémi Boyer, estimant l’action d’ Aide aux profs très utile. C’est que, pour lui, « les carrières longues et linéaires sont peu attractives auprès des étudiants.. Or pour l’enseignant, bifurquer n’est pas simple ». Il doit se livrer « à une course aux obstacles, faire face à l’incompréhension de l’institution et du milieu pédagogique dominant qui regarde curieusement ceux qui ont envie d’aller ailleurs ». La mobilité est un vrai « problème culturel  » à l’éducation nationale. Alain Bouvier voit dans la gestion des ressources humaines un autre obstacle : « elle ne peut se faire par la technostructure. La GRH ne peut être que de proximité ». Ce qui ramène au final à la culture du corps.

Rémi Boyer a pu mettre en évidence les qualités de son ouvrage. Il offre ce dont a besoin l’enseignants qui veut tenter une seconde carrière : des outils pour faire un bilan de compétences, des témoignages d’enseignants qui ont réussi, une grosse banque de postes disponibles dans d’autres ministères.

Mais on l’attendait surtout sur son analyse de l’action ministérielle. « Parler de la seconde carrière c’est aborder tous les sujets qui fâchent dans l’éducation nationale », a-t-il dit. On n’a pas été déçu ! Il a pu montrer la lenteur de l’action ministérielle entre la loi de 2003 qui a reconnues les secondes carrières et ses premières traductions sur le terrain : une cinquantaine de cas par an entre 2006 et 2009. Depuis 2009, la rue de Grenelle a créé des conseillers mobilité carrière dans les académies mais aucun bilan ne permet de connaître leur bilan.

En fait, Rémi Boyer a dénoncé l’enfermement croissant des enseignants. Des 2 500 mis à disposition, il ne reste plus qu’une centaine. 6000 Rased ont aussi disparu. Il y a encore 3 500 détachés mais ils sont eux aussi menacés. Pendant ce temps les autres ministères ont accumulé 20 000 mis à disposition et 30 000 détachés…

Il y a aussi les coups bas individuels de l’administration. Rémi Boyer a pu témoigner de ses relations difficiles avec l’équipe de Mme Théophile, DRH du ministère. Son association a reçu 300 professeurs victimes du harcèlement de leur chef d’établissement ou de leur inspecteur.

Tout cela l’amène à proposer des mesures pour réellement soutenir les secondes carrières. D’abord mettre en place des évaluation collectives remontantes. Que les chefs d’établissement soient évalués par exemple via un cabinet d’audit afin de diminuer le harcèlement. Rémi Boyer demande aussi que les enseignants puissent bénéficier de la mobilité en cours d’année scolaire, tout simplement parce qu’il est très difficile de se faire embaucher entre le 1er juillet et le 1er septembre. Et enfin que l’institution rompe avec sa tradition d’enfermement des enseignants et fasse l’effort d’accompagnement nécessaire. Une révolution culturelle ?

François Jarraud

L’ouvrage :

Rémi Boyer, Enseignants et mobilité professionnelle. Conseils et outils pour choisir le vôtre. Les savoirs inédits, 13 rue Porte de Chinon 86200 Loudun – 2011.

Sur le Café :

Analyse du livre

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2011/[…]

Entretien avec R Boyer

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2011/10/191[…]

Toutes les rubriques Seconde carrière

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lesysteme/Pages[…]