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Par François Jarraud

Comment maintenir l’offre de formations quand on supprime des postes ? Cette question s’est vite imposée lors du congrès national de l’UNETP, une organisation qui rassemble les établissements techniques et professionnels de l’enseignement privé catholique. Ouvert à Paris le 9 novembre, il réunit près de 150 chefs d’établissements et responsables régionaux ou nationaux. Si le thème central du congrès est « les jeunes dans tous leurs états », la matinée du 9 novembre était réservée aux questions d’actualité. Et parmi elles, celle des moyens a occupé tous les esprits.

Pour Christine Van Lerenberghe, présidente de l’Unetp, le thème du congrès s’impose car « tout est perturbé, pas forcément négativement », par l’irruption de la culture informatique des jeunes. Pour elle, les équipes éducatives doivent repenser leur accompagnement pour tenir compte de cette réalité. Elle attend du congrès « un échange de bonnes pratiques » en ce domaine et des incitations à faire évoluer les réglements intérieurs et les usages. « Pourquoi interdire systématiquement les portables s’ils peuvent devenir un outil pour l’enseignement ? », explique-t-elle. Mais accompagner les jeunes c’est aussi leur confier davantage de responsabilités dans les établissements et dans la vie associative. C. Van Lerenberghe s’interroge sur la création de conseils de la vie lycéenne dans les établissements catholiques, voire l’élection de jeunes des établissements privés au CSE.

Mais la préoccupation immédiate du congrès reste la gestion des moyens. « Supprimer des postes ça consiste en fait à grignoter sans cesse des marges avec le souci de maintenir l’offre de formations », explique-t-elle. « Par exemple on va regrouper toutes les classes d’une discipline générale rare en un seul moment, de façon à garder un éventail d’enseignements technologiques. On rationalise ». D’autres moyens sont déjà utilisés. L’enseignement catholique développe l’enseignement à distance. Dans certains établissements, les enseignants travaillent déjà sur le temps de stage des élèves.

C’est encore la question des moyens qui s’est imposée dans l’exposé de Fernand Girard, délégué général à l’action politique du Secrétariat général de l’enseignement catholique. Les présidentielles ne lui font pas peur. « L’enseignement catholique est bien marié avec la société », affirme F Girard. « Tant que ce mariage tiendra, personne ne nous fera dériver ».

Pourtant le navire tangue sous la pression budgétaire. C’est dans l’enseignement agricole, avec la suppression de 100 postes que la situation lui semble la plus difficile. Mais l’enseignement catholique s’attend, une nouvelle fois, à une résistance victorieuse au Sénat. « Il y a des budgets qui ne seront pas votés », prédit F Girard. Apparemment bien informé, il espère qu’au final les postes à supprimer au ministère de l’Agriculture seront choisis ailleurs que chez les enseignants…

Pour l’enseignement scolaire, à la rentrée 2012, l’enseignement catholique doit rendre 1350 postes. Comme la suppression de 480 postes a été anticipée, ce sont au final seulement 870 postes qu’il faut économiser. Pour F Girard, le moment des réformes de structure est venu et la perspective des présidentielles ne semble pas de taille à bouleverser les évolutions en cours. L’enseignement catholique demande des modifications en profondeur. La première c’est la réduction du volume horaire d’enseignement des élèves. Il pourrait baisser au lycée, ce qui dégagerait automatiquement des milliers de postes. « On miserait sur le travail personnel des élèves ». La seconde piste c’est l’annualisation. « On finira par y aboutir », promet F Girard. Là aussi les gains sont importants. Dans l’enseignement agricole, où elle est appliquée, l’annualisation du temps de service a permis d’économiser 700 € par élève et par an, précise F Girard. La révision du statut des enseignants, troisième piste, sera possible avec la création d’un nouveau corps d’enseignants qui effectueront davantage d’heures de cours. Enfin F Girard a évoqué la possibilité donnée au chef d’établissement de gérer la DHG.

Le même jour, dans un communiqué, la Fep Cfdt, premier syndicat du privé, s’élève contre « la logique manageriale » du programme UMP. « Cette pensée rencontrera très certainement dans l’Enseignement catholique des adeptes », prévient la Fep qui s’inquiète des « propositions alternatives émises par l’Enseignement catholique ». L’enseignement catholique, lui, ne craint ni le prochain quinquennat ni la fronde de ses personnels.

François Jarraud