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Par François Jarraud

Quelle forme pourrait prendre la « 3ème décentralisation » d’après mai 2012 ? Pour en débattre, l’Unsa Ile-de-France a invité les représentants des collectivités locales franciliennes pour parler d’Ecole. Une préoccupation devenue prioritaire pour tous. JP Huchon, H Zoughebi, YT Trigance, I This Saint-Jean et JC Lafay expriment leur vision du devenir du rôle des collectivité s locales dans l’Ecole de demain.


« Décentraliser est une manière de développer le service public ». Jean-Paul Huchon, président du Conseil régional d’Ile-de-France, inscrit l’action de la région dans le prolongement d’une tradition républicaine, ce que fera aussi Yannick Trigance. Il a des arguments : quand l’Etat a donné les lycées franciliens aux régions, il leur consacrait 300 millions de francs de dépenses annuelles. Aujourd’hui la région a inscrit un milliard d’euros pour l’éducation dans son budget. Cela n’empêche pas de rechercher un nouvel équilibre entre Etat et région. « On ne régionalisera pas le système éducatif », précise JP Huchon. « Mais on est à la limite de la décentralisation avec le système actuel, entre un Etat de plus en plus pauvre qui transmet aux collectivités locales des dépenses et la tentation de celles-ci de sortir du béton pour aller vers le para-pédagogique ». La région « ne veut pas pousser plus loin et menacer le statut des personnels ou risquer d’augmenter les inégalités entre les territoires ».


La réduction des inégalités est le souci premier d’Henriette Zoughebi, vice-présidente du conseil régional d’Ile-de-France en charge des lycées. Pour elle, « l’école du 21ème siècle doit être pensée pour les élèves qui n’ont qu’elle pour réussir ». Elle a rappelé les efforts de la région pour les établissements populaires. Et elle propose de rétablir l’équilibre entre apprentissage et lycée professionnel. « Beaucoup de jeunes n’ont pas le choix et entrent en apprentissage pour toucher une rémunération. Il faut permettre un vrai choix et agir pour les lycéens professionnels, par exemple en proposant un logement avec des internats ou des stages rémunérés ».


« Il n’y aurait pas de projets pédagogiques montés à Paris sans les collectivités territoriales » affirme Colombe Brossel, maire adjoint de Paris en charge de l’éducation. Pour preuve elle cite les efforts de la ville, par exemple les 13 000 voyages de collégiens pris en charge par le département. Mais cela se voit aussi dans le budget de l’Education nationale : les dépenses pédagogiques sont passées de 6% du budget en 2002 à 0,8% en 2011.


Yannick Trigance est conseiller régional. Mais c’est aussi un conseiller de François Hollande pour l’éducation. Il intervient sur le droit à l’éducation rappelant que pour Ferry, « l’égalité d’éducation n’est pas une utopie mais un principe ». Pour lui cela passe par une nouvelle carte scolaire. « Elle devra concerner tous les établissements qui touchent des fonds d’Etat, le privé inclus ». Il plaide pour l’autonomie des équipes pédagogiques et refuse l’autoritarisme du chef d’établissement que le gouvernement Sarkozy veut instituer.

Isabelle This Saint-Jean, vice présidente du Conseil régional d’Ile-de-France pour l’enseignement supérieur, a démonté la politique sarkozienne. Pour elle, celle-ci a généré une véritable crise de recrutement : le nombre de doctorants a diminué de 30%. Quant aux universités, le nouveau système de financement les oblige à être en concurrence dans des appels d’offre et à gérer une lourde paperasserie. « Aujourd’hui les chercheurs consacrent 40% de leur temps à trouver des financements ».


Il revenait à Jean-Claude Lafay, du Snpden, de faire entendre la voix des chefs d’établissement. Favorable à l’autonomie des établissements il montre l’intérêt de garder comme président du C.A. d’établissement le chef d’établissement de façon à garder une marge de manoeuvre face à l’Etat et la région. Sur le rôle des collectivités locales il invite l’Etat à « lâcher vraiment » les compétences qu’il laisse aux régions tout en les revendiquant. Sur ce terrain l’exemple de la maintenance informatique s’est imposé. « Ce n’est plus possible de continuer ainsi ». Beaucoup dans la salle sont repartis en étant rassurés sur le changement.


François Jarraud