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Par François Jarraud

Le Figaro titre le 3 janvier sur le fait que l’accompagnement éducatif, une mesure phare du président mise en place dans les collèges, « favorise la réussite scolaire ». Selon le quotidien, le dispositif est « utile et enrichissant » et apporte une « reprise de confiance ». Bref, le dispositif est décrit en termes triomphants. Comment se fait-il que le Café ne vous ai pas transmis cette importante information ?

Le Figaro se base sur une étude de la Depp publiée par le ministère en décembre. Nous en avons rendu compte le 23 décembre, mais en des termes beaucoup plus mesurés.  » Depuis la mise en place de l’accompagnement éducatif,  » les deux tiers des chefs d’établissement ont noté une amélioration dans le comportement, la motivation et la réussite scolaire des élèves », indique la Note », écrivions-nous.

C’est que la Note de la Depp est elle-même prudente. Elle est ancienne (2009) et repose sur les déclarations des chefs d’établissements et de quelques « accompagnateurs ». Faut-il s’étonner que ceux qui organisent le dispositif ou y participent volontairement en aient une opinion favorable ? On n’a en fait aucune évaluation objective de l’effet de l’accompagnement sur les élèves. Par exemple, alors que l’accompagnement porte essentiellement sur le français et les maths, aucun test n’a été réalisé pour mettre en évidence une élévation du niveau dans ces disciplines. Les enseignants de ces disciplines n’ont même pas été consultés. L’essentiel de la note s’intéresse d’ailleurs à autre chose : l’organisation de l’aide.

Pourquoi revenir sur ce sujet ? Les dispositifs d’accompagnement, d’aide individualisée, d’accompagnement personnalisé ont été généralisés en quelques années à l’école, au collège et au lycée avant toute évaluation. Ils soutiennent le discours de Luc Chatel sur « l’individualisation » ou la « personnalisation » de l’enseignement. Pour les parents, ils sont parfois perçus comme une action éducative individuelle en faveur de leur enfant alors même que les conditions de leur organisation en sont très éloignées. Il est donc important pour le ministre de pouvoir dresser un bilan positif de ces dispositifs. Or aucune étude n’a établi objectivement d’effet positif de ces dispositifs sur la réussite scolaire à aucun niveau. Il n’est pas aussi simple « d’accompagner » les élèves et il ne suffit pas de décréter un dispositif (accompagné lui-même d’ailleurs d’aucune formation) pour changer de façon sensible les conditions d’apprentissage des élèves. Des études ont par contre montré les effets négatifs de la suppression de la carte scolaire dans les collèges à qui on a offert l’accompagnement comme palliatif individuel à la détérioration globale des conditions d’apprentissage à l’école.

L’étude

http://media.education.gouv.fr/file/2011/09/2/DEPP[…]

L’Expresso du 23 décembre

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2011/12/[…]

Article du Figaro

http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2012/01/02/0101[…]

Sur le site du Café