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Combien de quinquennats pour le socle commun ? Sept ans après la loi de 2005, « la mise en oeuvre du socle commun au collège reste lettre morte dans la plupart des établissements du second degré » affirme le rapport sur « la mise en oeuvre du socle commun » publié par le Haut Conseil de l’Education (HCE). Comment expliquer un tel retard d’application ?

Le rapport du HCE n’est pas que négatif. IL souligne les avancées comme la création d’outils de soutien pour les enseignants ou la mise en place du livret personnel de compétences (LPC), un objet éducatif dont les « distorsions » et l’application bureaucratique rend d’ailleurs le classement difficile entre appui ou sabotage du socle…

Mais la lecture du rapport décrit en réalité un système éducatif dans lequel le socle n’a encore pénétré ni par la porte, à hauteur du terrain, ni par les plus hautes fenêtres.  » L’institution et ses représentants à tous les niveaux, notamment les corps d’inspection, doivent tenir un discours cohérent et mobilisateur sur le socle commun », écrit le HCE, signe que c’est loin d’être le cas. L’exemple vient de haut puisque le rapport dénonce aussi « les dispositifs d’alternance, en particulier de pré-apprentissage » qui excluent de facto du socle les élèves qui y sont inscrits. On sait qu’ils sont appelés à se multiplier au nom de la « différenciation des parcours » voulue par le gouvernement. A la base, « la réforme constituée par le socle commun serait inefficace si elle se réduisait à cocher juste avant un conseil de classe les différentes cases du livret personnel de compétences », continue le HCE qui sait ce qu’il en est dans la plupart des collèges. Et qui constate que le socle, réduit à une nouvelle sorte de brimade bureaucratique, est en train de détruire l’idée de l’approche par compétences.

Quel avenir pour le socle ? Le HCE pense que la solution pour assurer la diffusion du socle dans l’éducation est dans la formation des enseignants.  » Le socle commun doit faire partie des priorités de la formation initiale des personnels d’encadrement comme des personnels d’enseignement, d’éducation, d’orientation et de direction ». Sauf que nous savons que la formation professionnelle a été réduite à quelques jours de consignes et de « tenue » de classe. Sept ans après la loi de 2005, le socle commun est devenu le monument qui matérialise l’absence de consensus sur l’éducation en France. Il est le fruit improbable des amours des partisans sincères de la démocratisation de l’école et des adeptes du pilotage par l’évaluation. Pardon ! Il n’est pas le fruit de leurs amours mais le résultat d’un quiproquo qui, comme dans une mauvaise pièce de boulevard, traverse tous les actes mais ne fait plus rire personne. Réfléchissons : qu’est ce qui pourrait faire durer cette situation au-delà de 2012 ?

Le rapport

http://www.hce.education.fr/gallery_files/site/21/116.pdf

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