Print Friendly, PDF & Email

Par Marcel Brun

« Il faut individualiser, et responsabiliser les acteurs de l’Education ». Ce message largement porté par la récente circulaire de rentrée, s’applique selon la DGESCO aux élèves, mais manifestement pas aux enseignants, ni à ceux qui ont mission de les accompagner. Des preuves ? Une inflation délirante du discours prescrit : « Nous connaissons les pédagogies efficaces, la Science les a identifiées, vous n’avez qu’à les appliquer ».

Où sont les preuves, les études, les résultats « scientifiques » ? Malgré la demande réitérée des syndicats qui protestent contre cette simplification du métier, on est bien en mal de répondre, d’autant plus quand les inspirateurs de ces « pédagogies-qui-ont-fait-leurs-preuves » osent écrire, eux, que leurs résultats ne sont pas à la hauteur de leurs espérances. Même quelques zélateurs zélés des politiques Darcos et De Robien tentent ces jours-ci de reprendre de la distance… L’annonce de la vague, peut-être…

Et pendant ce temps-là, ce sont les conseillers pédagogiques et les formateurs qu’on tente de convertir aux joies du simple passeur de diaporama… Pas besoin de penser la formation des enseignants. D’ailleurs existe-t-elle encore ? Afin de gagner en économie d’échelle, voilà qu’on organise des séminaires interacadémiques obligatoires, d’où on ressortira pourvu du vadémécum des éléments de langage à diffuser au peuple des classes. Sans discussion possible. La Science, vous dis-je…

Dans ce contexte, aucun corps ne sort indemne. Des inspecteurs eux-mêmes, de plus en plus nombreux et de plus en plus publiquement, expriment leurs conflits de légitimité, coincés entre leur traditionnelle loyauté et leur sentiment de faire, au sens strict, du sale boulot. Franchement, les deux semaines à venir vont être longues. Et pas que parce que ce seront les vacances du Café…

Marcel Brun