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Par François Jarraud

François Hollande a reçu le 11 avril les 65 organisations de jeunesse réunies dans le « Big Bang Jeunesse ». Au programme le service public d’orientation, une allocation « jeunes » et la formation.

Pour réunir des associations aussi diverses que la Ligue de l’enseignement et le Secours catholique, l’Armée du Salut et l’Unef, la Fcpe, l’Unsa, les Cemea, ATD ou la CFDT il faut une sacrée urgence. « On est arrivé au bout d’un amoncellement de dispositifs qui dépensent beaucoup d’argent pour des résultats peu satisfaisants », témoigne Maryse Boutin-Joubard, présidente de la FNARS, une fédération d’associations de solidarité. « Tout le monde sent qu’on est dans le mur avec le développement de la précarisation des jeunes ». C’est ce constat qui a amené la réunion de 65 mouvements dans le « Big Bang de la jeunesse ». La multiplication des aides n’a pas empêché la montée de la pauvreté chez les jeunes (20% sous le seuil de pauvreté contre 13% de la population). La politique d’aide ciblée sur les familles laisse les jeunes sans soutien familial dans la misère et pose la question de l’égalité des droits pour les jeunes. « On veut le droit commun pour les jeunes » affirme Mikaël Garnier Lavalley, délégué général de l’Anacej. « Aucun jeune ne doit rester sans filet de protection ». L’égalité des droits pour le Big Bang c’est un vrai droit à la formation et l’éducation, « l’organisation effective d’un service public de l’information, de l’orientation et de l’accompagnement » et enfin une allocation versée directement au jeune majeur sans aucune référence aux ressources familiales mais pas sans contreparties. Sur ces revendications le Big Bang a contacté les candidats à la présidentielle. Un seul les a reçu en personne, François Hollande le 11 avril. Un n’a même pas répondu : Nicolas Sarkozy.

Des points d’accord

« Nos jeunes sont en difficulté, ils sont obligés de travailler pour étudier. Il faut améliorer leurs conditions matérielles », convient Vincent Peillon, responsable de l’éducation dans l’équipe de François Hollande, à l’issue de la rencontre. « Il y a des points d’accord » confirme M Garnier Lavalley. La revendication du droit à l’éducation rejoint la proposition de F Hollande d’un droit à la formation de 800 heures (20 fois 40 ). Il sera reconnu aux jeunes sans formation ni qualification ou dont la qualification n’est pas reconnue dans le monde du travail.

Plus complique est la question de l’orientation. Le gouvernement a lancé sur le papier un « service public de l’orientation » qui tient surtout de la labellisation et a bien du mal à coordonner des structures qui restent indépendantes. Pour le Big Bang, la question est importante et doit lier le scolaire et le hors scolaire. « Il faut partir des besoins d’orientation et d’accompagnement des jeunes et non des structures existantes », affirme JJ Hazan, président de la Fcpe. « C’est un sujet sur lequel on va faire quelque chose de grande ampleur », nous confie Vincent Peillon. « Il faudra articuler le système éducatif (collège, lycée, missions orientation des universités) avec les autres partenaires comme les missions locales. On arrivera à réunir tout cela grâce à des moyens et à l’ampleur du projet ». V Peillon compte sur les régions pour qu’elles s’impliquent dans le processus. Le tout fera l’objet d’une loi de programmation. Comment le grand « service public d’orientation et d’accompagnement » sera -t-il accueilli par les personnels des CIO, déjà sous haute pression ? « Les personnels seront prêts si on respecte leur spécificité », ajoute V Peillon…

Une allocation politiquement risquée ?

« Je suis venue à l’idée de l’allocation face à la montée de la précarisation, par exemple celle des bac +3 », explique Maryse Boutin-Joubard. « Partout on voit des jeunes dans les banques alimentaires ou les centres de secours. Les missions locales explosent ». Les aides versées aux familles ne semblent pas une solution pour le Big Bang qui veut des droits pour les jeunes indépendamment de la famille, au risque que l’allocation soutienne des enfants qui n’en ont pas besoin. Sur ce point, « il faut que l’on avance encore dans la réflexion », précise V. Peillon. « On ne peut pas l’octroyer sans définir des critères d’attribution. Ce ne peut pas être une allocation universelle ». Mais le candidat socialiste ne veut pas que ceux qui étudient aient aussi à travailler en même temps. Il dénonce les bourses actuelles insuffisantes. Pour lui il faut une allocation de 800 à 900 euros mensuels avec des contreparties et un engagement du bénéficiaire. L’idée c’est d’utiliser les aides actuelles, comme l’aide au logement ou la demi part, pour les réutiliser pour ceux qui en ont besoin. Le coût total de l’allocation avoisinerait les 10 milliards selon une estimation du Big Bang.

Le temps de construire…

« On est en accord sur la priorité à la jeunesse et la coconstruction des politiques publiques », souligne M Garnier Lavalley. « Mais on est impatients ! » Du côté du candidat socialiste on veut prendre le temps pour définir l’allocation de formation et permettre à tous les jeunes d’entreprendre des études sans avoir à souffrir de son origine sociale. Mais on veut se donner le temps de la construction avec les associations durant le quinquennat. Les membres du Big Bang et le candidat, s’il est élu, se sont donné rendez-vous cet été.

François Jarraud

Liens :

Le Big Bang

http://www.bigbangjeunesse.fr/

Orientation : Le sursaut des régions

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lesysteme/Pag[…]

Rencontres de l’orientation

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/leleve/Pages[…]