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Par François Jarraud

L’épreuve du DNB recadrée

Une circulaire publiée au B.O. du 10 novembre 2011 définit précisément l’épreuve d’histoire des arts au brevet. Il s’agit bien d’un oral noté sur 20 et coefficienté 2. Les modalités de son organisation devront être transmises aux familles au plus tard au début du second trimestre. Mais l’épreuve doit avoir lieu entre le 15 avril et la date de début du brevet,  » en s’efforçant de retenir la période faisant suite aux conseils de classe du troisième trimestre. Elle peut se dérouler sur les heures de cours ordinaires, les élèves de 3ème étant alors dispensés de cours. Le jury est constitué par le chef d’établissement. Il comprend deux enseignants dont l’un enseigne une discipline artistique ou l’histoire ou les lettres.

 » Chaque candidat ou groupe de candidats se présente devant le jury avec une liste d’objets d’étude qu’il a choisis, associée le cas échéant au dossier évoqué ci-dessus. Cette liste, validée par le ou les professeurs qui encadrent la préparation, se compose de cinq objets d’étude reliés à plusieurs des thématiques transversales définies par l’arrêté du 11 juillet 2008. Au moins trois des six domaines artistiques définis par l’arrêté du 11 juillet 2008 doivent être représentés. Afin de valoriser la culture personnelle qu’ils se sont constituée tout au long de leur enseignement d’histoire des arts, les candidats peuvent choisir, sur les cinq objets d’étude, un ou deux qui portent sur les siècles antérieurs au XXème. Les candidats peuvent choisir de présenter l’épreuve individuellement ou en groupe, sans qu’un groupe puisse excéder trois candidats. Dans tous les cas, chaque candidat fait l’objet d’une évaluation et d’une notation individuelles… L’oral se déroule en deux temps : un exposé suivi d’un entretien avec le jury. Dans le cas d’une épreuve individuelle, l’oral prend la forme d’un exposé par le candidat d’environ cinq minutes suivi d’un entretien d’une dizaine de minutes avec le jury, la durée totale de l’épreuve ne pouvant dépasser quinze minutes. Si l’épreuve est collective, cinq minutes d’expression individuelle par candidat précèdent dix minutes d’entretien avec l’ensemble du groupe ».

Le jury apprécie la prestation orale selon une grille d’évaluation « définie dans l’établissement, qui peut s’inspirer de la grille nationale indicative proposée en annexe de la présente circulaire… L’évaluation prend en compte la qualité de la prestation orale du candidat, tant du point de vue des contenus que de son expression. Si le(s) candidat(s) se présente(nt) avec un dossier, celui-ci ne doit pas être évalué en tant que tel. Les examinateurs s’assureront que l’analyse attendue reste dans les limites de ce qui est exigible d’un élève de troisième. Ils veilleront à ce que leur questionnement porte sur l’histoire des arts et non sur une discipline spécifique ».

La grille nationale comprend une vingtaine de critères d’évaluation. Certains semblent inaccessibles aux élèves de la plupart des collèges aussi bien sur les connaissances relatives à l’histoire des arts que sur la capacité orale. Un collégien peut-il  » présenter une œuvre de façon précise selon ses caractéristiques principales : domaine artistique, auteur, titre, époque ou contexte, support, dimensions, destination, mouvement artistique », « développer un commentaire critique et argumenté sur une œuvre en discernant entre les critères subjectifs et objectifs de l’analyse » ou encore  » manifester sa capacité à interroger un univers artistique, y compris abstrait ». Le caractère irréel de cette grille d’évaluation est à la hauteur des défis cde cet enseignement. Insufflé administrativement par en haut dans le système éducatif, il suppose une approche interdisciplinaire pour aboutir à une épreuve orale dans un examen qui les ignore. Une dernière fée s’est assise à coté du berceau : à la différence de l’histoire de l’art, « l’histoire des arts » n’est pas une discipline savante, elle n’a donc ni enseignant spécialiste ni contenu savant défini… Quel avenir pour ce bébé ?

Au B.O.

http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_offic[…]

Deux nouveaux sites pour l’Histoire des Arts

Double événement, au Grand Palais, le mercredi 30 novembre 2011 : le site L’Histoire par l’image fête ses 10 ans et le tout nouveau site Panorama de l’art, sorti en ligne la veille, présente ses ressources pédagogiques par l’intermédiaire de Coraline Knoff, directrice adjointe à la Direction du développement culturel, entourée de toute l’équipe éditoriale : Cécile Maisonneuve, Charles Gaultier, Benoît Deshayes, Anne-Lise Guinchard et Isabelle Courty. Deux sites culturels parmi tant d’autres ? Le pari de l’équipe RMN-GP, partenaire du Ministère de l’E.N. et du Ministère de la Culture, est inverse : offrir une référence de haute qualité aux utilisateurs, enseignants et grand public, qui cherchent des sources fiables et vérifiées. Une alternative aux encyclopédies libres, très fréquentées par les élèves, dont les contenus parfois approximatifs et les illustrations aventureuses (couleurs, formats, proportions…) laissent souvent à désirer.

Un support numérique pour une institution mixte.

A l’origine de cette offre numérique, la démarche du président du RMN-GP, Jean-Paul Cluzel, désireux de développer la dimension numérique de la toute nouvelle institution, née de la fusion entre la Réunion des Musées Nationaux, structure sans lieu physique, et le Grand Palais, très implanté dans le paysage culturel mais confronté à des problèmes de restauration de locaux. Attirer et séduire le plus grand nombre de visiteurs en ligne, pour développer de manière optimale les potentialités des deux structures en usant réciproquement de leurs atouts respectifs, c’est l’un des paris du RMN-GP.

Les ressources de l’art pour comprendre le passé.

Déjà disponible depuis 10 ans, plébiscité par les usagers (1,5 millions de visiteurs annuels) le site L’Histoire par l’image est issu du projet de cartable numérique, lancé par le gouvernement Jospin. La RMN était alors chargée d’élaborer un outil pédagogique de référence pour le secondaire. Rédigé par des spécialistes d’histoire, appuyé sur les richesse iconographiques et documentaires du RMN, le site rassemble désormais plus d’un millier d’études et s’étendra en 2012 jusqu’à la période 1939-45. Le site ne manque pas de vitalité : un dossier y propose chaque mois une dizaine d’articles nouveaux sur une vingtaine d’œuvres ; une rubrique « Ce jour-là » évoque quotidiennement un fait à la date du jour ; des entrées par époques ou par thèmes, des études analytiques ou comparatives, permettent d’approcher les événements, mais aussi l’histoire des mœurs ou des mentalités selon des représentations parfois radicalement contrastées. Nouveauté : une entrée dédiée aux enseignants facilite le travail dans la perspective précise des programmes scolaires.

Des enseignants un peu perdus…

Quant au nouveau site, Panorama de l’art, « qui n’est encore qu’un nourrisson », précise Coraline Knoff (il a été ouvert le 29 novembre), il est déjà d’une robuste constitution : alimenté par les contributions des conférenciers RMN, rassemblées et ordonnées par Céline Maisonneuve, responsable éditoriale du projet, il dispose d’une cinquantaine d’articles strictement sélectionnés par référence aux instructions officielles du B.O. sur le nouveau programme d’enseignement obligatoire d’histoire des arts. « Avec cette discipline, explique Charles Gaultier, conférencier RMN, nous avons vu arriver dans les musées des enseignants un peu perdus devant l’ampleur du programme, surtout en primaire. L’importance d’un site ressource, facile d’accès, clair et bien informé, nous est apparue comme une évidence. » Gageure pour la direction éditoriale : unifier les contenus avec un niveau de discours adaptable aux petites classes comme aux futurs bacheliers. S’il est impossible de le rendre directement exploitable pour les élèves de tous âges, les enseignants y trouveront matière à élaborer leurs cours selon les niveaux d’enseignement.

Une qualité d’image exceptionnelle.

L’un des atouts de ce site réside indiscutablement dans la qualité des images : les reproductions d’objets d’art (peinture, sculpture, architecture, arts appliqués) réalisées en majeure partie par l’Agence photographique RMN, sont une réussite remarquable, avec une précision de détail qui permet l’exploitation en rétro-projection plein cadre en plan complet ou en focus ciblés. Autre point : l’application d’impression a été travaillée pour permettre de réaliser des documents de très bonne qualité. « Nous ne considérons pas les œuvres comme des document mais comme des objets autonomes, qui peuvent concerner toutes les disciplines d’enseignement », précise Charles Gaultier, pour qui l’approche spécifique dans la perspective de l’histoire de l’art doit primer sur l’approche généraliste. Les entrées par périodes ou par thèmes s’accompagnent de frises chronologiques avec des repères précis (courants esthétiques, dates historiques, etc.) et les fiches comportent des renvois vers des sites triés pour leur fiabilité scientifique. De quoi étayer solidement les leçons des enseignants les moins préparés.

Si on peut regretter l’absence de système d’entrées croisées, le nombre limité de notices (qui devraient à terme atteindre 300 fiches), l’absence de version bilingue ou de projet d’application sur tablette, le nouveau site mérite amplement une visite de curiosité, pour le plaisir de la découverte, ou pour déposer suggestions et conseils dont ses concepteurs ont besoin pour le faire progresser. Le verdict des visiteurs sera en effet décisif pour l’avenir de cet outil pédagogique de choix.

Liens :

Le site Histoire par l’image :

http://www.histoire-image.org/

Le nouveau site Panorama de l’art :

http://www.panoramadelart.com/


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