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A peine revenus et nous en sommes persuadés, le forum 2012 est un cru exceptionnel. La qualité des projets ne cesse d’année en année de progresser, de se bonifier en corsant leur tanin d’une note technique, en enrichissant leur nez des fruits d’une exploration pédagogique. L’innovation fait fi des barrières des disciplines, visite les langues anciennes, primées par deux fois cette année, célèbre la philosophie en primaire, la magie des volcans, les mondes virtuels et les sciences en jeux.

Le cru 2012 est exceptionnel aussi car il s’inscrit dans un changement d’époque, une parenthèse entre un passé récent où l’école s’est sentie meurtrie et les enseignants méprisés, et un avenir dont on ne perçoit pas encore les contours mais que nous souhaitons prometteur. Le soleil rayonne sur l’éducation, alors pourquoi bouder notre plaisir, l’automne arrivera bien à temps pour doucher nos enthousiasmes.

Snobés par le pouvoir précédent, les enseignants innovants, tous les enseignants, sont revenus, et même venus en grâce. Vincent Peillon s’est arrêté à Orléans et la cohorte officielle bouleversant les usages d’une communauté d’ordinaire peu cravatée, a amené dans son sillage le souffle de reconnaissance jusque là absent de son paysage. L’évènement se passait ici en face de la cathédrale, dans une ville qui fête une bergère qu’une voix a transformée en personnage historique. Nombre de projets donnaient ici de la voix, webradios, travail autour du son, mots en musiques, le mode audio reprend de la force pour produire et partager.

L’histoire était présente dans les propos d’Antoine Prost pour une visite rétrospective de l’innovation. Innovation, institution les deux mots n’ont pas toujours été bons à marier. Impulser l’innovation demande une part de confiance dans ce que pourra produire le terrain. En son temps Jean Zay l’avait fait et Antoine Prost nous l’a rappelé. Partager l’innovation réclame à tous les niveaux de l’école, dans les établissements, dans les rectorats, au Ministère, une animation, une gestion des projets, je n’ose dire mais je le pense très fort un management de l’innovation. Transformer l’expérience en routine, laisser le temps faire son œuvre pour diffuser et rendre ordinaire ce qu’hier semblait innovant. L’histoire de l’éducation est bonne à visiter dans ses relations fluctuantes avec l’innovation. Nous sortons d’une période de repli, d’une ère conservatrice, le balancier nous ramène vers une période plus faste pour les inventifs et les créateurs.

Dans sa visite des stands, Vincent Peillon aura sans nul doute remarqué, la créativité et la diversité des projets présentés. Si 2012 a été un cru exceptionnel c’est aussi par la variété des cépages et des terroirs pédagogiques qui donnait à ce mélange joyeux, bruyant, un enthousiasme communicatif loin de l’écœurement. Dans la vendange des prix, on trouvait des traces des crus précédents, des idées glanées dans d’autres initiatives, fructifiées par les échanges sur les réseaux sociaux, dans les communautés virtuelles. Certains enseignants étaient récidivistes, exposant de nouveaux projets ou des évolutions sensibles.

2012 était un cru exceptionnel par les racines que le forum a su renforcer, par la force de ses neufs rameaux et de ses ramifications qui trouvent dans l’émulation et dans les potentiels technologiques des pistes d’innovation. A Orléans, l’ivresse était au rendez-vous, une ivresse salutaire, celle qui ouvre les esprits et éclaire les rencontres.

Monique Royer