Print Friendly, PDF & Email

Si on en croit le SNUipp, principal syndicat du premier degré, huit enseignants sur dix ne sont pas satisfaits de l’aide personnalisée telle qu’elle est, à la fois parce qu’elle se substitue au RASED, lorsqu’elle renforce la pression sur le temps ou qu’elle limite le temps d’enseignement dû à chaque élève.

Mais paradoxalement, ce syndicat se garde bien de réclamer la suppression de ces temps « personnalisés », mais demande que le dispositif soit « revu et corrigé ». Sans doute sait-il qu’un tel slogan ferait prendre aux instits un risque majeur devant l’opinion : celui d’être de ceux qui se contentent de réclamer le retour à un passé insatisfaisant, puisque chacun sait que le primaire ne parvient pas à réduire le pourcentage d’élèves qui risquent d’être en échec au collège. Et d’autant plus que les conséquences de la loi de 2005 sur le handicap imposent désormais à l’institution d’inventer une scolarité plus inclusive…

Quelle pourrait donc être la nouvelle équation gagnante ? Assurément, celle qui prendrait en compte plusieurs variables :

garantir à tous les élèves un nombre d’heures annuelles d’enseignement suffisant : plusieurs voix ont récemment montré que le temps de scolarisation réel avait baissé significativement durant la dernière décennie. Cela ne se règlera donc pas sur la semaine scolaire seulement, mais bien sur le temps éducatif global, en partenariat étroit avec les communes

profiter de l’élévation du niveau de qualification des enseignants pour approfondir leurs connaissances sur les processus cognitifs et la nature des obstacles rencontrés par les élèves dans les apprentissages. Paradoxalement, malgré les insuffisances de la mise en place de l’aide personnalisée, les enseignants des école ont aussi découvert des situations inédites de travail en petits groupe. Et pour peu que l’institution cherche plus à s’appuyer sur les expériences plutôt qu’à normer bureaucratiquement les pratiques, on pourrait assister à l’éclosion de nouvelles souplesses, pour peu que le strict lien « un maitre, une classe » puisse être interrogé par les équipes qui bénéficieraient de maitres supplémentaires.

Travailler à plusieurs dans la classe, pour croiser les regards et bénéficier des compétences d’enseignants plus spécialisés, soit dans les connaissances didactiques ou dans les processus d’apprentissages, capables de faire ressource dans l’école pour mieux comprendre les difficultés scolaires et cibler les situations d’enseignement et d’aides les plus fécondes.

Pas simple ? Assurément. Au Forum des Enseignants innovants du Café Pédagogique, le ministre a promis un nouveau développement des métiers, de la recherche et de la formation. Voilà un bel objet de travail…

Marcel Brun