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Les régions et l’Education nationale travailleront ensemble à clarifier leurs compétences. Vincent Peillon a reçu le 19 juin une délégation de l’Association des régions de France en préparation à une nouvel acte de décentralisation.

Selon l’Association des régions de France (ARF), « les premiers échanges montrent une volonté commune de clarifier les compétences et de trouver les procédures permettant d’améliorer la gouvernance nationale et régionale du système d’éducation et de formation ». Les collectivités locales contribuent pour un quart à la dépense intérieure d’éducation et les régions ont dans leurs compétences l’équipement et l’entretien des lycées ainsi que la formation professionnelle. Ces compétences recouvrent celles de l’Etat et des tensions apparaissent régulièrement. La question de la maintenance des matériels numériques des lycées en est un exemple régulièrement cité. Les régions sont aussi en première ligne sur la question des rythmes scolaires ou de la carte scolaire.

François Bonneau, président de la région Centre et vice-président de l’ARF en charge de l’éducation, éclaire les objectifs des discussions avec Vincent Peillon.

Vincent Peillon veut réformer les rythmes scolaires ce qui a des conséquences sur le fonctionnement des établissements. Quelle est la position de l’ARF ?

Pour les lycéens la question ne se pose pas dans les mêmes termes qu’au primaire. L’ARF pense qu’un rééquilibrage du temps scolaire est souhaitable, l’alternance 7 semaines de cous , 2 semaines de vacances nous semble bonne. Il y a aussi la question de la durée des journées de classe. En lycée, avec les nombreuses options, on peut aller jusqu’à 8 heures de cours par jour auxquelles s’ajoutent le travail à la maison. C’est un rythme qu’on n’imposerait pas à un salarié adulte. Ce n’est pas non plus très efficient sur le plan scolaire car la fatigue générée est très importante et nuit au travail intellectuel. Elle peut même être un facteur de décrochage. On est donc prêts à dialoguer. Par exemple la FCPE souhaite une pause méridienne d’au moins 90 minutes. Ce ne sera pas facile mais c’est un bel objectif.

Les régions sont aussi des acteurs de la carte des formations. Diriez-vous qu’elles sont abimées à cette rentrée ?

C’est le cas notamment pour la carte de la formation professionnelle. C’est une responsabilité régionale pour les formations en alternance et nationale pour les formations scolaires. Or il est nécessaire d’y intégrer la problématique du développement économique régional, de l’espace régional. On ouvre le dialogue avec l’Etat pour évaluer els responsabilités de chacun en ce domaine avec l’objectif de davantage de cohérence en matière de formation professionnelle. En ce qui concerne la formation professionnelle, les régions doivent avoir un rôle plus important à jouer qu’aujourd’hui. Aujourd’hui on n’est que consulté sur les formations scolaires. Et on voit par exemple l’Etat supprimer des formations pour lesquelles les régions ont lourdement investi en matériel ou en locaux. Ce n’est pas cohérent. On peut citer d’autres exemples. On a vu l’Etat ouvrir des internats d’excellence sans nous consulter, alors que c’est une compétence régionale, ou décider de doubler le nombre des apprentis alors qu ec’est là aussi une de nos cométences.

Que répondez-vous à ceux qui ont peur qu’une montée en puissance des régions augmente les inégalités ?

C’est exactement le contraire de ce que l’on veut. Aujourd’hui on voit dans toutes les régions une réprobation à propos des cartes de formation. L’Etat n’a pas fait preuve d’un grand souci d’égalité. Inversement dans les domaines où les régions ont une pleine responsabilité, une réelle dynamique existe et elle ne laisse de coté aucune région. Comme les régions sont proches de la réalité du territoire, elles sont à son écoute. Rapprocher la décision de la réalité du territoire ne crée pas d’injustice. D’autant que les régions sont favorables à davantage de péréquation.

Avec l’Education nationale vous allez installer des groupes de travail ?

Après cette première prise de contact, on va finaliser avec V. Peillon des thématiques sur les quelles on souhaite avancer. Un travail régulier commence. On a la volonté avec le nouveau gouvernement de mettre en cohérence nos responsabilités. C’est nécessaire pour un bon usage des deniers publics. On veut aussi que l’Etat respecte nos compétences. Par exemple pour le numérique éducatif en lycée, les régions ont beaucoup investi et la France est bien classé pour cet équipement. Mais au niveau des usages en classe elle est 24ème sur 27 en Europe. On voit bien qu’on a besoin d’un dialogue avec l’Etat pour savoir quels matériels choisir afin de mieux les articuler avec les usages pédagogiques.

Il y aura un groupe de travail sur la maintenance du matériel numérique ?

Oui c’est bien un sujet de travail et la discussion intégrera les charges nouvelles que cela entraîne pour les collectivités territoriales et le transfert de ressources par l’Etat. Il faut aussi discuter sur la façon dont le matériel est utilisé. Il ne suffit pas de mettre du matériel à disposition. Il faut que les enseignants soient formés et accompagnés dans leurs usages.

Propos recueillis par François Jarraud

Voir aussi :

Pour un acte III de la décentralisation

Formation orientation, le sursaut des régions