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Cima da Conegliano ?… Toute l’ Europe de la fin du Quattrocento le connaissait ! Et pourtant il est tombé dans l’oubli, car l’histoire ne retient que quelques grands noms. Le musée du Luxembourg répare cette injustice et lui consacre sa première rétrospective en France jusqu’au 15 juillet. Une trentaine d’oeuvres, dont certaines monumentales et prêtées pour la première fois par les musées italiens, permettent de découvrir cet artiste vénitien méconnu. Cette rétrospective réunit des oeuvres exceptionnelles prêtées par les plus grandes institutions internationales. Une scénographie splendide les plonge dans une sorte de pénombre qui valorise les qualités de paysagiste de Cima.

Cima da Conegliano compte parmi les peintres célèbres et très sollicités qui travaillent à Venise à la fin du XVème et au début du XVIéme siècle, à l’époque où la ville devient un des pôles les plus brillants de la Renaissance italienne. Son atelier connaît un succès pérenne à partir des années 1490. Sa peinture est appréciée et recherchée par une clientèle exigeante. Le doge de la Sérénissime le considère comme le plus grand maître de l’art sacré. Sa notoriété et son influence dépassent en son temps les frontières de la Vénétie et de l’Italie.

L’exposition suit le fil chronologique de la carrière du peintre et permet de comprendre l’évolution de son art. La première partie , « les origines de Cima » explique comment ce jeune homme, que rien dans ses origines ne prédestinent à réussir à Venise en tant qu’ artiste, s’impose par son talent et réalise une carrière remarquable. Les documents d’archives le concernant sont peu nombreux. Bien des aspects de sa vie restent donc enveloppés de mystère, à commencer par sa date de naissance, traditionnellement située entre 1459 et 1460, et ses études. Né à Conegliano, une bourgade aux pieds des Dolomites, Giovanni Battista est surnommé  » Cima », à cause du métier de Cimatore exercé par son père un tondeur de draps. « Cima da Conegliano » installe son atelier à Venise dès 1486 et s’impose très vite comme le maître des grands retables en explorant des effets de composition inédits, où se mêlent de manière originale nature et architecture. Pendant vingt ans, Cima occupe les sommets de la peinture sacrée. Cette ascension sociale , Cima la doit à une forme de perfection fondée sur la minutie de son dessin, sa maîtrise de la peinture à l’huile (une technique relativement nouvelle), l’étendue de sa palette aux couleurs lumineuses. Il propose une nouvelle manière de concevoir le rapport entre l’homme et la nature dans les panneaux qui inaugurent l’âge d’or de la peinture vénitienne.

Le parcours de l’exposition présente ensuite  » Venise, au temps de Cima », » la cité la plus glorieuse… »comme l’a décrit Philippe de Commynes dans ses Mémoires en 1495. Une exceptionnelle gravure sur bois la représente au faîte de sa puissance. Dans la section suivante  » Cima peintre d’art sacré », le visiteur découvre les monumentaux tableaux d’autel et les peintures aux sujets dévotionnels, conçues pour des commanditaires privés. Cima est reconnu comme le peintre d’art sacré par excellence, en dépit de la concurrence qui fait rage à Venise où des dynasties de peintres comme celles des Bellini ou des Vivarini sont déjà fort bien implantées. Le soin fascinant avec lequel il décrit les visages, les expressions et les regards, souvent mélancoliques, lui permet de conférer à ses peintures une profonde humanité.

Mais ce sont aussi les paysages qui ont rendu Cima célèbre. Le peintre souhaitait que le spectateur puisse reconnaître un lieu réel, s’émerveiller de son authenticité. Il excelle dans la représentation de la nature, combinant la minutie des détails et une extrême douceur. Partout apparaît son amour des vastes étendues, exaltées par la lumière, encadrées de montagnes et de collines qui évoquent les reliefs caractéristiques de sa région natale, chère à son coeur. Nul autre avant lui, n’a su rendre l’atmosphère argentée et légère de la Vénétie.

Dans la Venise de la fin du XVème siècle, Cima est aussi le peintre humaniste par excellence. La section intitulée « Cima et l’ humanisme vénitien » rassemble ses oeuvres profanes. Composées pour des commanditaires aux goûts raffinés et sophistiqués, elles constituent presque un cas unique au sein de la production vénitienne de l’époque. l ‘artiste interprète les fables des Anciens, en particulier celles d’Ovide, qui lui fournissent de nombreux sujets narratifs représentés sur de grands décors ou sur les parois des coffres de mariage.

L’exposition se clôt sur les relations entre « Cima et ses contemporains ». Bien qu’attentif à maintenir un haut niveau de perfection, le peintre ne cherche pas à faire évoluer radicalement son style, pour suivre les nouveautés impulsées notamment par Giorgione, il préfère explorer jusqu’au bout la voie qui était la sienne. Son influence est déterminante pour les maîtres de la génération suivante, Lorenzo Lotto, Titien…qui sauront retenir les leçons de sa peinture et y puiser des idées pour leurs propres compositions.

Les enfants sont particulièrement attendus à cette exposition qui leur a préparé bien des activités.

En famille

Pour visiter de façon ludique l’exposition, un livret-jeu, « Le musée imaginaire de Cima » est proposé aux enfants et disponible au comptoir de la billetterie. Le parcours est découpé en 6 étapes avec des énigmes à résoudre dont les solutions sont données à la fin du livret. Pour effectuer une visite autonome de l’exposition, deux audioguides sont proposés et il est possible d’en télécharger le contenu. Celui réservé aux adultes et aux jeunes à partir de 13 ans, commente 19 chefs d’oeuvre. Un parcours spécifique est réservé aux enfants de 7 à 12 ans, où Cima en personne les entraîne à la découverte de la Renaissance. Il leur explique la vie à son époque et ce que représentent les tableaux. Certains personnages s’adressent directement aux jeunes pour leur expliquer leur histoire. Ce sont 12 peintures que découvrent les enfants sur un ton aussi ludique que didactique.

Des visites guidées, animées par un conférencier du musée, sont proposées aux familles. Des visites contées, accessibles aux familles avec enfants à partir de 7 ans, présentent les oeuvres en ponctuant le parcours de récits bibliques, mythologiques et de contes de la Renaissance italienne. Des visites-ateliers sont également organisées, avec un conférencier , pour les enfants seuls, âgés de 8 à 12 ans. Pour préparer ou enrichir la visite de l’exposition, l’application  » Cima da Conegliano » est disponible en version française sur Apple Store et Androïd Market.. Une conférence est programmée le 28 juin à 18h30 par le musée avec pour thème  » Les ateliers vénitiens et leurs pratiques au XVème et au XVI ème siècles.

Pour les enseignants

Les expositions du musée du Luxembourg ont vocation à s’inscrire dans des projets pédagogiques autour de l’enseignement de l’histoire des arts. Le musée propose deux types d’activités à destination des publics scolaires: découvrir l’exposition dans le cadre d’une visite guidée d’ 1 h, ou suivre un atelier d’1h45, conjuguant visite de l’exposition et pratiques artistiques. De copieux dossiers pédagogiques leur sont réservés, leur proposant des pistes pédagogiques et thématiques, spécifiques écoles, collèges ou lycées.

Béatrice Flammang

Le site de l’exposition

Les visites

Le site pour le jeune public

Les activités pour les jeunes

Le site réservé aux enseignants

Le dossier pédagogique