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« Mon année au collège », le site de Fabien Crégut et un des principaux sites en SVT, fête ses 10 ans. C’est l’occasion de revenir sur ce parcours de pionnier , de voir comment le projet s’est infléchi et de mesurer si la flamme brule encore.

Votre site, un des premiers sites en SVT, fête ses 10 ans. En 10 ans qu’est ce qui a changé dans votre vie d’enseignant. Diriez-vous qu’il a influé sur cette vie ?

En effet monanneeaucollege entame sa dixième année d’existence, 10 ans de création et de partage autour des SVT. Le site a transformé ma vie d’enseignant, le jeune débutant que j’étais avec ses idées toutes faites de transmission des savoirs, s’est transformé en un constructeur de notions, terme qui me définit aujourd’hui. Je ne transmets pas, je construis des notions avec mes élèves, et des contenus. Je suis désormais, convaincu que lorsque l’élève participe et construit, il retient davantage, que lorsqu’il est un simple spectateur. Monanneeaucollege a ainsi fortement influencé ma vie d’enseignant. Il m’a obligé à réfléchir sur le comment rendre acteur les élèves et comment mettre en avant leur production. Il a ainsi transformé ma vie devant les élèves, et en dehors du temps scolaire. Tenir un site tel que monanneeaucollege, demande 5 à 6 heures de travail journalier, si l’on veut qu’il reste attractif et pertinent. Nous devons construire avec les élèves, tout en étant cohérents avec les attentes de l’éducation nationale. Ma vie de prof s’est peu à peu complétée par celle de webmaster, photographe, créateur d’animation, développeur de scénarios pédagogiques…

Par rapport au projet de départ qu’est ce qui a changé dans Mon année au collège ?

En 2003, le conseil général des bouches du Rhône a débuté l’opération Ordina13, qui met à disposition des collégiens des ordinateurs portables. J’ai ainsi créé monanneeaucollege, pour proposer à mes élèves un manuel numérique. Le projet n’a pas changé, il a simplement évolué en même temps que mes compétences techniques. Il compte désormais 1500 pages, 6000 photographies, des animations, des films, des exercices interactifs, les cours, des liens… une page Facebook qui compte 2144 « j’aime ».

En 10 ans, internet a beaucoup évolué en termes d’outils, de portabilité, de vitesse, d’émulation. Comment cela a-t-il affecté votre site ?

Pour être honnête, il y dix ans j’ai créé monanneeaucollege en pensant que ce qui n’était pas possible lors de sa création, le serait très vite. J’ai toujours été convaincu que ce qui comptait, ce n’était pas le support mais la mise à disposition de contenu pédagogique. Les outils sont de plus en plus nomades. En 2007 lors de mon voyage à Helsinki pour présenter monanneeaucollege, j’avais photographié ma fille travaillant avec un portable au fond du jardin sur la balançoire. Les outils évoluent et offrent de plus en plus de vitesse, d’accessibilité et de partage. Le site bénéficie de ces évolutions. Elles permettent de poster des photographies plus lourdes et de bien meilleure qualité, que l’on peut agrandir au vidéoprojecteur, au Tbi, sur le Smartphone ou sur la tablette. Désormais, la fluidité permet d’exploiter les animations et les films proposés. Le site s’enrichit également des films réalisés avec les téléphones portables des élèves, et des photographies numériques réalisées au microscope numérique… Les réseaux sociaux apportent une communication instantanée et permettent de nouvelles pratiques pédagogiques, toujours liées à la création et au partage. Je réfléchis pour cet été à une nouvelle présentation adaptée aux tablettes, une présentation non plus verticale, mais sous forme de fenêtres au format des tablettes. L’évolution du net et des outils est en permanence une remise en question qui stimule la création.

Comment a évolué le contenu de votre site et sa fréquentation ?

Le site a dans un premier temps proposé des contenus dont j’étais l’auteur. Devant l’intérêt que portaient les élèves a ce contenu, je leur ai proposé de devenir eux même créateurs. Ce fût un franc succès dans le sens où, l’élève produisait des ressources, qu’il retrouvait le soir même sur le site. Ainsi il participait davantage au cours, et le partageait avec ses copains, famille et amis… sur les réseaux sociaux. Même si la qualité des réalisations n’était pas dans un premier temps au rendez-vous, l’élève était acteur, il s’impliquait dans le cours, puis il prenait le temps de revenir sur son travail. Aujourd’hui je produis toujours des contenus, mais mes élèves y participent et c’est bien là le plus satisfaisant. Nous sommes passés de la simple photographie et du texte, au schéma à l’encre numérique, aux animations, et aux films réalisés avec les portables, puis sans doute les tablettes… Pour la fréquentation, elle n’a cessé de croître. La première année, le site a reçu la visite 23 156 visiteurs environ pour 103 856 pages lues. Désormais, il reçoit 3500 à 4000 visites par jour pour 25 000 pages lues. En février 2010, le Café se faisait déjà l’écho d’un serveur saturé qui m’avait contraint à doubler la capacité de bande passante…

Dans votre pratique d’enseignant, utilisez-vous le site et internet de la même façon ?

Le site rassemble désormais quatre manuels numériques, 6ème, 5ème, 4ème et 3ème. Nous l’utilisons en permanence avec les élèves. Il s’enrichit à chaque heure de classe. Mon enseignement est totalement associé à ce site. Il est ouvert en permanence en classe et des apports des journaux télévisés en ligne , France 5, l’INA… et des ressources des autres sites tel que celui de JP Gallerand, primé au dernier Forum des enseignants innovant.

De nombreux pionniers du net pédagogique sont aujourd’hui déçus de l’évolution des usages pédagogiques. Quel jugement portez-vous sur cette évolution ?

Je ne suis pas déçu. Je reste émerveillé par les messages des parents, élèves, collègues, inconnus qui utilisent le site, parfois très loin d’Avignon… Il parait même dans un blog au Vietnam ! Mon objectif c’est qu’il soit utile, qu’il mette en avant le travail des élèves et qu’il donne envie aux jeunes de construire, entreprendre et bien faire. Il y a je pense deux mondes, celui des décideurs de pratiques, et les « praticiens » eux-mêmes. Chaque Forum des professeurs innovants et chaque printemps du numérique montrent que du côté des « praticiens », l’envie est toujours là. Chaque fois que je participe aux forums, je reviens regonflé à bloc avec de nombreuses idées, d’évolution, de création et de partage. Il me semble ainsi qu’il a des évolutions très positives chez les enseignants passionnés qui sont des créateurs pédagogiques permanents. De plus nous ne pouvons pas passer sous silence, l’aide de ces nouveaux outils aux enfants sujets à des « Dys » ou d’autres handicaps. Ces outils leur ont permis pour certains d’accéder au savoir, d’accéder à la compréhension, d’accéder simplement au plaisir de réussir. Je ne suis pas déçu, les pratiques sont celles que l’on met en place, il faut être humble et patient, tenter, observer, et comprendre en quoi ces outils aident réellement l’élève dans ses apprentissages. Mais l’outil ne fait pas tout, il faut l’envie de l’enseignant et, stimuler l’envie chez l’élève.

Et si c’était à refaire, referiez vous « mon année au collège » ?

Oh que Oui, il me stimule depuis 10 ans. Il est mes jours et mes nuits, mes vacances et mes partages sur les réseaux sociaux. Il m’a ouvert les portes de l’édition, des voyages et du temps partagé… Il est source au final de beaucoup de satisfaction. Je viens de réaliser 126 vidéos de 6 secondes chacune, pour filmer la mue complète d’une cigale… J’espère pouvoir la monter et la mettre en ligne demain matin…

Propos recueillis par François Jarraud

Mon année au collège

Témoignage en 2008

2011 les plantes

2004 un site lié à Ordina 13

2010 Il faut sauver Mon année au collège