Print Friendly, PDF & Email

Un symposium, c’est une forme de communication où plusieurs chercheurs font un exposé les uns après les autres, avant un échange avec la salle, en tentant d’articuler leurs sujets de recherches. L’idée est de dépasser les successions de communications ou le débat peine à surgir…

Isabelle Lardon


Le groupe est rassemblé autour de Bernard Terrisse, professeur chercheur à l’université du Québec à Montréal, qui s’occupe d’adaptation scolaire et de handicap. La question posée est la suivante : « La réduction des effectifs dans la classe favorise-t-elle la réussite scolaire ?».
Anne Lessard, de l’université du Québec, compare la relation enseignant/élève en grand groupe ou en petits groupes dans l’école secondaire.
Jean-Claude Kalubi, de la même université, étudie la même chose au niveau du pré-scolaire et du 1er cycle primaire. Laurent Lima, de l’université de Grenoble, a étudié la réduction des classes de CP et ses effets immédiats et à long terme. Il semblerait que les résultats des élèves soient plus corrélés aux pratiques des enseignants qu’à la taille de la classe, même s’il démontre que les effets ne sont pas aussi faibles que le ministère a bien voulu le dire à l’époque de l’expérimentation en 2002. Lise Gremion, de Suisse, se demande si la réduction des effectifs ne serait pas une fausse bonne idée pour réduire les inégalités. Aïssa Gambre-Idany expose la situation du système éducatif burkinabé et fait le constat de la difficulté à démocratiser l’enseignement dans ce pays où les postes d’enseignants manquent et où les familles ne sont pas toutes convaincues de la nécessité de l’école.
Bien que les recherches ne soient pas identiques, leurs résultats montrent que l’incidence du nombre réduit d’élèves par classe n’est pas une variable facile à isoler. Les choses fonctionnent en système complexe. Mais il est important de noter différentes assertions qui se retrouvent transversalement. En tous temps et en tous lieux, ce sont toujours les mêmes élèves qui sont discriminés. « Il y a une forte jonction entre pauvre, arriéré et indiscipliné en France au 19 ème siècle et au 21 ème, on n’emploie pas les mêmes mots mais les réalités sont les mêmes », explique L. Gremion. « Ce sont 2/3 des garçons, une quasi-totalité des enfants de familles ouvrières ou employées et une majorité d’enfants d’étrangers. »
Pourtant, si le concept ne fait pas l’unanimité chez les chercheurs, le nombre d’élèves par classe est une préoccupation majeure des enseignants sur le terrain. Pressés par les injonctions institutionnelles de faire réussir tous les élèves, d’individualiser au maximum leur enseignement, ils sont pris dans des tensions de métier, entre collectif et individuel et ne savent plus comment s’y prendre. « La majorité des études s’est intéressée aux résultats des élèves, moi je suis allée voir du côté des enseignants », dit Anne Lessard. « Je montre que les enseignants formés à l’adaptation et ceux qui sont entrés dans le programme Trait d’union (qui consiste à accompagner de façon rapprochée les élèves les plus en difficultés), sont plus attentifs au soutien à l’élève, au respect de la perspective de l’adolescent. Ils sont aussi plus efficaces dans la gestion des élèves qui ont des troubles du comportement. ». Il semble que les attitudes positives des enseignants envers les élèves entrainent la réciprocité. L’enseignement est plus efficace s’il y a des liens socio-affectifs corrélés à des aspects cognitifs d’explicitation des apprentissages et des buts. Porter un autre regard sur les élèves, former et soutenir les enseignants… A l’autre bout de Paris, les ministres ouvrent la grande concertation…