Print Friendly, PDF & Email

Par Jeanne-Claire Fumet

La nouvelle épreuve du bac général 2013

De nouvelles dispositions viennent d’être rendues publiques pour les épreuves du bac dans les séries générales. Si la nature de l’épreuve ne change pas, un certain nombre de précisions viennent répondre aux interrogations qui ont pu se faire jour, tant du côté des professeurs que des examinateurs et des candidats ou de leurs familles.

Un souci de précision explicite.

Dans cette nouvelle note signée de J-M. Blanquer (qui annule et remplace celle de J-P. Gaudemar du 30 juillet 2001), se lit le souci de lever un certain nombre d’ambigüités susceptibles d’alimenter la polémique interne et externe sur une épreuve volontiers contestée. Objectifs et structure de l’épreuve sont définis en référence aux finalités générales de l’enseignement de philosophie des programmes de 2003. Sont rappelés en particulier les attentes institutionnelles quant à la culture philosophique, la construction de la réflexion et la conduite d’un raisonnement, et les critères attendus d’une copie méthodique – critères non dissociables entre eux et mis en œuvre dans le travail singulier de réflexion de chaque élève – sans oublier clarté et correction de l’expression. La définition de la structure de l’épreuve entérine les modifications de 3ème sujet (explication de textes), effectives depuis plusieurs sessions.

Qu’est-ce qu’un candidat moyen ?

Le paragraphe dédié à la nature des sujets précise qu’ils ne doivent pas exiger « une habileté hors de portée d’un candidat moyen », remarque qui ne manquera pas de soulever des interrogations : cette aptitude moyenne peut-elle s’apprécier aisément, quand la disparité grandissante de compétences culturelles et rédactionnelles des élèves oblige interroger constamment les attendus de l’enseignement de la discipline ? Par ailleurs, il est rappelé que les sujets doivent se référer explicitement aux notions du programme ; sont exposées les conditions d’une formulation « ouverte » pour les questions (ne présupposant aucune réponse prédéfinie) et celles du choix d’un texte ni trop connu, ni trop technique.

Considérer le beau risque de l’effort de penser.

Enfin, nouveauté 2012, les instructions portent aussi sur l’évaluation et la notation : contre les demandes de barème ou de grilles de notation, visant à donner aux notes une valeur plus « objective », le texte affirme la valeur globale de l’appréciation des copies, en soulignant toutefois l’importance des réunions d’entente et d’harmonisation des correcteurs pour pondérer les risques de partialité d’un jugement trop peu cadré. Sans doute en réponse aux pratiques de fraude lors des examens, l’absence de valeur d’une citation ou d’une formule livrée en l’absence contexte explicite est dûment soulignée ; mais en revanche, est aussi évoquée l’inévitable « part de risque » inhérente à l’exercice et on recommande la prise en considération de l’effort des candidats en ce sens. Enfin, les instructions concernant l’oral de contrôle invitent à apprécier les qualités et les lectures acquises par le candidat lors de sa formation scolaire ou libre.

Lire la note officielle :

http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_officiel.html?cid_bo=61108

Débuter : comment gérer sa première rentrée ?

Les anciens l’ont parfois oublié, mais débuter l’enseignement de la philosophie soulève des questions redoutables. Avec un programme relativement souple mais redoutablement plastique, où chaque notion ouvre à des extensions vertigineuses (qui n’a pas frémi d’angoisse, en arrivant à grand-peine, vers la Toussaint, au terme de son premier chapitre?), où le choix des lectures suivies peut avoir de conséquences déterminantes sur le déroulement de l’année, l’épreuve se révèle d’autant plus redoutable qu’elle concerne un enseignement unique dans la scolarité des lycéens.

Quatre questions à Olivier Dhilly, professeur et auteur de manuels de philosophie

Par quelle notion pensez-vous commencer le programme cette année ?

O.D. : Je commence par la question générale du sujet et donc par la conscience. Il me semble que ce choix peut se justifier pour les raisons suivantes :

D’autres notions supposent des éléments sans lesquels il est difficile d’avancer. Par exemple, il peut être délicat de commencer par les questions politiques sans avoir abordé la question du désir, de la liberté ou de l’opinion…

S’interroger sur la conscience et le sujet et croiser rapidement des problématiques existentielles permet de rencontrer assez facilement les interrogations des élèves ;

Quoi qu’il en soit, d’autres notions permettent également un bon départ : la question, apparemment pas simple, de la démonstration, permet d’interroger le statut des discours, la question de l’argumentation, de l’opinion…

Il serait assez absurde de radicalement séparer les notions les unes des autres. Parler de la conscience, c’est aussi parler de la liberté, de la connaissance, du désir, du bonheur, de la morale… Il peut être bon d’organiser alors son cours autour de grandes problématiques qui croisent bien sûr les notions. Cela évite que les élèves soient tentés de réciter le cours lors d’une dissertation lorsqu’ils reconnaissent dans l’énoncé une notion du programme. Étant donné le nombre de notions (15) en S pour 3 heures de cours, séparer chaque notion tout en consacrant des cours aux questions de méthode, aux corrigés des devoirs et à l’étude d’une œuvre suivie, ne permettrait pas de passer plus de 4 heures par notion….

Comment choisirez-vous la ou les œuvre(s) de lecture suivie ?

O.D. : Souvent il m’arrive d’intégrer une œuvre à un cours. Par exemple, j’étudie régulièrement le livre I du Contrat Social à l’intérieur du cours de philosophie politique. Il m’arrive également de prendre des textes courts en fin d’année comme moyen de «réviser » les notions. Par exemple, l’appendice du livre 1 de l’Éthique, permet de croiser de nombreux problèmes abordés au cours de l’année. En terminale littéraire, je consacre habituellement une heure par semaine à l’étude des œuvres tout au long de l’année. Honnêtement, je préfère prendre des œuvres courtes pour les étudier dans le détail plutôt que de « survoler » des textes en conduisant les élèves à faire de la paraphrase. Je ne suis pas très original, je pense, en disant que la Lettre à Ménécée (Epicure) ou l’Existentialisme est un humanisme (Sartre) sont des œuvres auxquelles j’ai souvent recours.

Quelle est selon vous l’erreur à éviter quand on débute ?

O.D. : Il y en a plusieurs, il me semble. Mais la première chose, essentielle, est de parvenir à faire son cours dans le silence ! Des élèves arrivent en terminale en pensant que le cours de philosophie va être un cours de débats dans lequel chacun peut donner son avis… Il faut faire comprendre rapidement ce qu’est un problème philosophique, que tout le monde a peut-être son avis, mais que la philosophie n’est pas une affaire d’avis. Il peut être intéressant de travailler avec les élèves à transformer des questions en problèmes. Chacun peut avoir un avis sur la peine de mort ou sur l’enfermement, mais il devient beaucoup plus difficile de répondre à la question « Qu’est-ce que punir ? ». La difficulté est alors de rompre avec le discours d’opinion sans noyer les élèves dans un vocabulaire technique.

Le conseil de sagesse que vous donneriez à un débutant ?

O.D. : Commencer par ce qu’il connaît bien et dont il peut parler le plus simplement. L’idéal est de transmettre du plaisir. Parler de ce qu’on connaît et qu’on aime aide à susciter l’intérêt ! Et quand on connaît bien une chose, on peut en parler en regardant les élèves dans les yeux, et non en étant collé à ses notes assis à son bureau.

O. Dhilly sur le site du Café :

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/lettres/ph[…]

Quelques sites pour débuter

Sites académiques

Le site de Reims met en ligne des documents officiels pour les débutants : statut et missions, activités du TZR, instructions sur le travail des élèves etc.

http://www.ac-reims.fr/datice/philo/index.htm

Des sites académiques précieux pour les enseignants et les élèves.

Le site d’Amiens, peut-être le plus original ?

http://pedagogie.ac-amiens.fr/philosophie/

Celui de l’académie de Nantes :

http://www.pedagogie.ac-nantes.fr/57995593/0/fiche___pagelib[…]

Le site de l’académie de Grenoble :

http://www.ac-grenoble.fr/PhiloSophie/index.php?lng=fr

Et celui de l’Académie de Créteil :

http://philosophie.ac-creteil.fr/

Sans oublier la bibliothèque de textes de philosophie en ligne Minute-Philosopher :

http://t.m.p.free.fr/TMP/Accueil.html

Textes Philo 6

Textes philo 6 est une base de données de textes philosophiques, qui joue le même rôle qu’un recueil de textes classiques, mais également qu’un manuel de cours, le côté pratique de l’informatique en plus, avec possibilité de prendre des notes, d’opérer des tris rapides de textes, selon tous les critères possibles (par auteur, par thème, etc.). Ce magnifique logiciel, offert par Pierre Hidalgo, webmestre du site grenoblois, tourne sur PC et Mac OS X.

http://www.ac-grenoble.fr/PhiloSophie/articles.php?lng=fr&pg=433

Philosophies TV

 » A une époque où de la Philosophie, il n’est fait mention que pour en faire une forme vague de sagesse qui n’engage à rien, un discours intellectuel désincarné, ou un jeu scolaire, lui redonner sa place est essentiel. A une époque où tout doit être évoqué en quelques minutes, la nécessité de retrouver la possibilité d’une parole qui prenne son temps pour ouvrir un chemin s’impose ». C’est pour répondre à ces ambitions que des professeurs de philosophie ont créé « Philosophies TV », une web TV qui propose des cours et, gratuitement, des documentaires vidéos sur les grands philosophes. Par exemple, Edgar Morin évoquant la crise et la mondialisation.

http://philosophies.tv/

Droits et grands enjeux du monde contemporain : un nouvel enseignement en section L à la rentrée.

La réforme des lycées atteindra à la rentrée 2012 les classes de Terminale. Pour la section Littéraire, elle prévoit un nouvel enseignement de spécialité : droit et grands enjeux du monde contemporain, dont l’enseignement constituera une petite révolution dans cette filière traditionnellement dévolue à la philosophie (8h hebdomadaires). Apport bienvenu de connaissances précises dans le domaine juridique souvent méconnu des élèves ou instruction civique renforcée ? Cette nouvelle spécialité, qui a pour vocation de sensibiliser les élèves aux études juridiques, plus porteuses en termes d’intégration professionnelle que celles de sciences humaines, ne doit-elle pas « normaliser » une filière parfois jugée trop détachée des enjeux sociaux du monde réel ? Principaux concernés par cette nouvelle discipline, les professeurs de SES, d’éco-gestion ou d’histoire – les professeurs de philosophie n’en sont pas exclus, à condition d’être titulaires d’un diplôme de droit ou d’I.E.P – devront gérer avec tact un programme particulièrement ambitieux.

Les spécificités de ce nouvel enseignement.

Les questions au programme seront abordées telles que le droit les conçoit et les problématise, en vue de solutions juridiques spécifiques, c’est-à-dire dans la perspective d’un traitement selon la loi, ses méthodes, principes et ses traditions. Le but : une compréhension « réaliste » des questions qui traversent notre époque, à partir de cas concrets et dans le cadre d’une généralisation éclairante (selon une démarche présentée comme inductive, à l’inverse des cours de droit universitaires qui partent des lois pour analyser les cas). Par la découverte de métiers du droit, du site Légifrance, dédié à la publication des textes légaux, et du rôle général du droit dans l’organisation de la société, on devra donner à l’élève une vision fonctionnelle et pragmatique de ce domaine dont en général, il ignore tout.

Un contre-champ au cours de philosophie ?

L’enseignement de spécialité abordera les définitions fondamentales : la loi comme expression de la volonté générale, les principes de la légalité, la nécessité de la loi pour garantir les libertés, la responsabilité pénale, l’infraction et l’interdiction, etc., qui pouvaient jusqu’alors être évoqués en ECJS et en philosophie – cette dernière apportant sur ces questions une réflexion critique et distanciée. Ce nouvel enseignement pourrait donc apporter aux élèves les éléments de connaissance positive indispensables à l’élaboration d’une analyse réfléchie des questions abordées en philosophie et en nourrir utilement les développements. Mais la distance critique à l’égard des valeurs implicitement portées par le droit dans son exercice réel, demandera une vigilance particulière pour les enseignants : comment limiter l’adhésion indistincte aux normes admises, sans déstabiliser les contenus de connaissance exigées par le nouveau cours de droit ? Quand on sait combien les contenus positifs d’apprentissage ont la faveur des élèves, en raison du sentiment de sécurité qu’ils apportent, et combien le domaine législatif est empreint de traditions et de conventions entérinées par l’usage, que l’étude de la philosophie s’efforce d’éclairer dans leur relativité, on mesure la difficulté de l’harmonisation des approches.

Concepts juridiques versus notions philosophiques.

Lorsqu’il s’agira d’expliquer la souplesse du droit, dans son interprétation, son évolution, ou son application pondérée par l’appréciation des conditions particulières, les « revirements de la jurisprudence » ou les arcanes du droit contractuel, sans donner le sentiment d’un arbitraire opportuniste, mais en maintenant l’attention sur le caractère discutable et révisable des décisions rendues, on conçoit à la fois l’importance d’une conceptualisation philosophique de ces questions et le risque d’alourdissement des contenus déjà vastes prévus par le programme. Les thématiques de la responsabilité, de la personnalité, du droit du travail, de la propriété ou du vivant, recoupent également certaines problématiques induites par le programme de notions de philosophie. Mais d’autres points du programme, comme le droit de la famille, risquent de soulever des problèmes délicats : comment aborder la question de la famille homoparentale, comme sujet de non-droit, par exemple ? Comment référer cette absence de réalité juridique à l’absence de définition juridique de la famille – sinon en référence à la définition canonique à titre de modèle implicite ?

Un programme vertigineux.

A parcourir le programme proposé pour ce nouvel enseignement, on devine cependant que les sujets étudiés ne bénéficieront pas d’un temps d’approfondissement suffisant pour en dégager les dimensions les plus problématiques : bioéthique, organisation politique de la France, droit et institutions de l’Europe, ONG, dangers d’internet et liberté de communication… Les indications de mise en œuvre, si elles ouvrent volontairement le plus large champ de possibles pour ne pas restreindre les initiatives des enseignants, permettent difficilement d’imaginer comment l’enseignant pourra venir à bout de présenter même succinctement ce très vaste ensemble de manière cohérente au cours de l’année scolaire, à raison de 3h d’enseignement hebdomadaire. Si on peut reconnaître à cette nouvelle discipline la vertu d’un contenu positif et programmatique, donc susceptible en principe d’une évaluation objective et moins aléatoire qu’une épreuve de réflexion créatrice, et son indiscutable intérêt pour les élèves, on peut cependant s’alarmer de l’incroyable diversité de ses contenus et de la difficulté d’en organiser le déroulement parmi les enseignements spécifiques de la section littéraire.

Liens :

Eduscol publie des ressources pédagogiques pour les thèmes au programme.

http://eduscol.education.fr/cid59321/le-nouvel-enseign[…]

Le texte du B.O :

http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_officiel.h[…]

Le site du nouveau lycée réformé :

http://www.education.gouv.fr/cid50538/site-nouveau-lycee-2011.html

Le site de la Terminales 2012 :

http://www.education.gouv.fr/nouveau-lycee/la_terminale_en_2[…]

Les concours 2013

Agrégation externe :

Épreuves écrites – Composition : la forme ; Histoire de la philosophie : Hobbes, Bergson.

Épreuves orales – Leçon : La métaphysique ; textes français ou traduits en français : Platon, Le Sophiste. Duhem, La théorie physique.

Agrégation interne :

Composition n°1 – Explication de texte : Le temps.

Composition n°2 – Dissertation : La liberté

Programmes détaillés sur le site du Ministère :

http://www.education.gouv.fr/cid58356/programmes-des-conco[…]

Sur le site du Café