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Quel sera l’impact de la réforme des rythmes scolaires sur une ville ? Et comment s’y prépare-t-elle ? C’est à Blois, une ville moyenne, que nous interrogeons la municipalité. Pour Yann Bourseguin, maire-adjoint à l’éducation, la réforme des rythmes scolaires « ça risque de coûter une fortune ». Du coup, le calendrier est-il jouable ?

Au coeur de la France, la jolie ville de Blois compte environ 50 000 habitants et près de 4500 écoliers. La ville investit déjà beaucoup pour ses écoles. Les 4 500 écoliers blésois absorbent 17% du budget municipal. Et la ville entretient déjà 4h30 d’accompagnement périscolaire chaque jour. Les enfants sont accueillis par du personnel communal de 7h30 à 8h30. La pause méridienne est déjà à 90 minutes. Un nouveau temps d’accompagnement a lieu de 16h30 à 18h30.

« Le redéploiement ne suffira pas », annonce d’emblée Yann Bourseguin. Actuellement la ville accueille aussi environ un dixième des enfants le mercredi matin. Il faudra dorénavant prendre en charge entre la moitié et la totalité des enfants chaque soir 4 jours par semaine. « Passer de 400 enfants à 4500 c’est une énorme différence », estime Y Bourseguin. « En fait tout va dépendre de la part du périscolaire qui sera pris en charge par l’éducation nationale et de celle qui sera à la charge de la municipalité », ajoute-il. V Peillon a proposé aux syndicats le 16 octobre que les enseignants prennent en charge une demi-heure chaque jour, ce qui confierait aux communes une demi-heure également. Cette proposition est combattue par les syndicats qui demandent la fin des cours à 15h30, comme le Snuipp, ou une compensation, comme le Se-Unsa. De leur coté les cilles demandent une pause méridienne de 2h ou 2h30 ce qui allégerait totalement les communes. « Si on doit prendre en charge les enfants à 15h30 avec un taux d’encadrement type Jeunesse et sports ça implique 200 heures d’animation supplémentaires à payer », explique Y Bourseguin.

Compensation ou péréquation ? « La péréquation je demande à voir », annonce d’emblée Y Bourseguin.  » Sur quels critères se fera-t-elle ? « . Mais la compensation par l’Etat le laisse aussi sceptique. « L’Etat a prévu de baisser de les dotations de fonctionnement des communes je ne le vois pas redistribuer de l’argent ». La commune va devoir trouver elle-même le moyen de faire face à une situation qui n’est pas encore fixée. « 2013 c’est trop rapide », affirme Y Bourseguin. « Il faudrait nous laisser davantage de temps ».

Mais où les mettre ces enfants ? A Blois une seule école, récente, dispose de locaux spécifiques pour le périscolaire. Dans toutes les autres, « il faudra occuper les salles de classe », estime Y Bourséguin. « Quelle que soit la solution imposée au niveau national, les parents ne viendront pas chercher leurs enfants une heure plus tôt ». Avantage : occuper les salles de classe impose un accord avec l’éducation nationale. « Cela permettra de refaire un accord de partenariat avec l’éducation nationale » , estime Y Bourseguin. « La commune finance déjà une très grande partie du coût de l’enseignement primaire. Avec cette réforme le temps périscolaire pourrait devenir plus important que le temps scolaire. Cela interroge sur la place de l’enfant ».

Des enseignants absents. Pour construire ce nouveau partenariat il faudra que les enseignants blésois se sentent concernés. Selon Y Bourseguin, un seul directeur d’école a participé à une réunion sur le projet éducatif local récemment. Cet aspect essentiel de la réforme n’est pas gagné.

François Jarraud